Près de deux mois après la visite fructueuse du Premier ministre Li Keqiang en Suisse, un accord de libre-échange (ALE) entre les deux pays a finalement été signé à Beijing samedi.
On s'attend généralement à ce que l'ALE entre "le coeur de l'Europe" et la deuxième économie du monde renforce la relation gagnant-gagnant entre les deux pays, mais serve également de modèle pour la coopération économique entre Beijing et Bruxelles, dans un climat de tensions anti-dumping.
La Suisse a toujours été au centre des relations économiques avec la Chine. En 2007, la Suisse a été le premier pays européen à reconnaître à part entière le statut d'économie de marché de la Chine, ce qui a ultérieurement facilité la signature de l'ALE.
Le volume du commerce entre la Chine et son premier partenaire commercial sur le continent européen a atteint 26,3 milliards de dollars américains en 2012, et la Suisse, non membre de l'UE, a réussi pendant des années à maintenir une balance commerciale positive.
Selon l'accord, la Suisse et ses industries concurrentielles, telles que la médecine, la machinerie, l'horlogerie et le tourisme, bénéficieront sans aucun doute davantage du vaste et libre marché chinois.
La Chine, qui se distingue de la Suisse de par sa géographie et son économie, bénéficiera également des modes de coopération complémentaires. L'absence de droits de douane et la gratuité des importations pour les technologies de pointe de Suisse satisferont les besoins croissants de la clientèle chinoise et aideront à l'accélération de la transformation et de la modernisation industrielles du pays.
Jusqu'à présent, plus de 60 entreprises chinoises ont étendu leurs activités sur le marché européen en installant des succursales en Suisse. A la suite de l'ALE, on prévoit une augmentation substantielle de leur nombre.
Alors que l'accord sino-suisse offre l'opportunité aux deux parties de débloquer leurs énormes potentiels et d'assurer des retombées positives pour leurs peuples, une telle opportunité est également possible avec l'ensemble de l'UE.
Cependant, les deux géants économiques ont été impliqués le mois dernier dans une série de différends commerciaux, suite à l'instauration de droits de douane par l'UE s'élevant à 11,8% sur les panneaux solaires importés de Chine, et à l'ouverture de l'enquête anti-dumping de la Chine sur le vin européen.
Si l'UE et la Chine ne parviennent pas à un accord d'ici le 6 août, les droits de douane sur les panneaux solaires chinois, qui augmenteront alors à 47,6%, pourraient gravement porter atteinte à la chaîne de valeur du secteur photovoltaïque européen et menacer plus de 60,000 emplois.
L'ALE Chine-Suisse arrive à temps pour calmer les parties en litige et pour servir de modèle pour une relation commerciale gagnant-gagnant.
La Chine et l'Europe se distinguent par plusieurs aspects, et le commerce bilatéral de grande envergure peut engendrer des frictions. Cependant, un partenariat sain doit être fondé sur le fait que les deux parties abandonnent le protectionnisme et offrent un environnement équitable pour l'ensemble de leurs partenaires commerciaux.
Il n'y a pas de gagnant dans une guerre commerciale. Si l'UE saisit l'opportunité et repense aux intérêts stratégiques à long terme de la coopération bilatérale plutôt qu'aux gains immédiats, les deux économies très complémentaires peuvent faire jouer pleinement leurs avantages respectifs et partager davantage de profits.