Le site de micro-blogging chinois compte 500 millions d'utilisateurs, mais tous ne sont pas chinois.
De nombreux Chinois utilisent Sina Weibo pour des débats passionnés ou simplement pour exprimer leurs points de vue et leurs griefs, mais maintenant, certains expatriés se tournent aussi vers le plus populaire microblog de Chine pour s'impliquer dans la société chinoise.
« Je n'ai pas vraiment suivi de discussions au début, tout était trop confus, mais Weibo est devenu une fenêtre sur la société chinoise », a ainsi déclaré Christoph Rehage, 32 ans, étudiant diplômé originaire d'Allemagne et dont la spécialité à l'Académie du Film de Beijing était le mandarin.
Christoph Rehage a commencé à utiliser Weibo pendant l'hiver 2011. Il passe maintenant beaucoup de temps à surfer sur le site, qu'il décrit comme un « champ de bataille pour le débat et l'argumentation ».
« Je ne comprends pas pourquoi les gens se disputent les uns avec les autres pour des choses qui comptent à peine », dit-il.
« On me qualifie de laowai pointilleux quand je dis que la Chine n'est pas parfaite, mais quand je dis la Chine est sur une bonne voie de développement, les gens disent que je suis un étranger engagé par le gouvernement chinois pour écrire des messages en faveur de ceux qui sont au pouvoir."
Christoph Rehage trouve les discussions sur Weibo plus vives que celles sur Twitter, particulièrement quand il s'agit de politique.
« Un commentaire fait par un utilisateur lambda peut être repris par une célébrité et transféré des dizaines de milliers de fois, avec le commentaire de cette célébrité », a-t-il dit. « Je pense que Weibo est, pour de nombreux Chinois, un outil qui leur permet d'obtenir des nouvelles de première main, commenter et aiguiser leur pensée politique, ainsi que d'exprimer leur colère ».
Weibo offre aux gens une plateforme leur permettant de déclencher des débats houleux ou même de faire chuter un responsable en postant des commentaires et des photos. Sa capacité à mesurer, influencer et faire entendre la voix de l'opinion publique a attiré plus de 500 millions d'utilisateurs.
« Weibo ne semble pas être un endroit où les voix mesurées, les points de vue soigneusement pesés sont très écoutés, et il faut parler fort et parfois même sembler radical si on veut se faire entendre », a déclaré Christoph Rehage.
« On ne voit pas de gens qui s'agressent les uns les autres dans la rue, mais il y en a partout sur Weibo. Pour adopter l'humour provocateur du site, je pense que beaucoup de ceux qui aboient fort sur Weibo sont en fait de gentils toutous dans la vraie vie », a-t-il dit.
Son point de vue est confirmé par Steven Weathers, un animateur de télévision pour Shanghai Media groupes internationaux Canal Shanghai.
« Alors que Twitter est une plate-forme qui permet d'exprimer et d'encourager les points de vue individuels, Weibo semble être plus un espace collectif pour les interactions et les échanges d'idées à grande échelle », a-t-il dit.
En réponse à la foule qui se presse sur Weibo, Steven Weathers a dit qu'il allait cesser de suivre ces personnes et qu'il allait, à la place suivre, ceux qui lui apportent des aperçus sur la vie.
Outre de se faire une idée de la culture chinoise, de se connecter avec les fans et de renforcer leur popularité, certains expatriés qui vont sur Weibo tentent de dissiper les malentendus entre deux cultures différentes.
Ainsi de Hiro Yamashita, un chercheur japonais âgé de 43 ans qui vit à Beijing, a dit qu'il a rejoint Weibo principalement pour se tenir au courant des tendances populaires en Chine, qu'il ne peut pas apprendre dans ses conversations quotidiennes.
Cependant, comme il a remarqué que beaucoup de malentendus concernant le Japon se répandent sur les microblogs, il a commencé à les corriger à chaque fois qu'il voit un.
« Un jour, j'ai vu un post disant combien le nyotaimori (la pratique de manger des sushis sur un corps humain) était populaire au Japon, alors que c'est très exagéré », a-t-il dit. «cJ'ai vu dire du bien et du mal du Japon, parfois jusqu'à l'extrême ».
Jeremy Goldkorn, originaire d'Afrique du Sud, a quant à lui débuté son voyage sur Weibo en août 2009. Il a dit que ce microblog lui a permis de se faire des amis, comme Shen Yuting, un Chinois qui vit en Afrique de l'Est et rédige son propre dictionnaire chinois-swahili.
Jeremy Goldkorn dit que son activité favorite sur Weibo est de regarder les débats entre les différents groupes d'idées.
« Je suis intéressé par la Chine, le peuple chinois et la langue chinoise, et Weibo est un bon endroit pour découvrir les tendances sociétales », a-t-il dit.