Alors que les deux sommets du pouvoir en Tunisie - présidences de la République et du gouvernement - ont exprimé leur condamnation à l'ingérence de l' armée égyptienne dans l'affaire politique civile, les réactions suite à la destitution du président Morsi et l'annulation de la Constitution étaient variées partant de la coalition tripartite majoritaire au pouvoir dirigée par les islamistes du parti Ennahdha jusqu'aux partis de l'opposition.
Lors d'une conférence conjointe avec son homologue français François Hollande, qui finit vendredi une visite de deux jours, le président tunisien Moncef Marzouki a exprimé son refus de l' intervention de l'institution militaire égyptienne dans l'affaire politique de ce pays et dans le fonctionnement de ses institutions civiles sous prétexte qu'il s'agit, d'après lui, d'une intervention "refusée mondialement" et qui contredit les dispositions de l'Union africaine.
"Il n'y a qu'une seule légitimité en Egypte, incarnée uniquement par le président Mohamed Morsi, à l'exclusion de toute autre personne", a réagi le parti islamiste Ennahdha majoritaire aussi bien au pouvoir qu'à l'Assemblée constituante.
Dans un communiqué officiel, Ennahdha rejette ce qu'elle a appelé "coup d'Etat délibéré" contre le "premier président élu dans l'histoire de l'Egypte", lit-on dans le communiqué.
La même position a été partagée par l'un de ses principaux alliés, le Congrès pour la République (parti présidentiel), selon lequel l'Egypte vient de vivre un "coup d'Etat militaire contre le processus démocratique".
Le parti du président Marzouki a par ailleurs exprimé sa condamnation de l'ingérence de l'institution militaire jugée d'" acte de commandement militaire" qui ne peut être, selon ce parti, qu'un "retour en arrière dans le processus de la révolution égyptienne et une tentative de rétablir l'ancien régime".
Le jour de la destitution du président Morsi, la direction centrale de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) a dressé, dans un communiqué, ses félicitations au peuple égyptien qui a réussi, selon l'UGTT, à "imposer sa légitimité et sa volonté grâce à clarté de ses revendications".
Principal parti de l'opposition tunisienne et classé par les récents sondages locaux en tête des favoris des prochaines élections, le parti Appel de Tunisie pensait que "les Egyptiens n' ont descendus par millions sur les places publiques qu'en raisonnement du ralentissement voir paralysie du dialogue national et l'impossibilité de trouver un consensus".
Parmi les réactions tunisiennes les plus "modérées" figure notamment celle du président de l'Assemblée constituante Mustapha Ben Jaafar qui a appelé le peuple égyptien à rejoindre la table du dialogue et à s'exprimer librement mais surtout pacifiquement de nature à éviter un "bain de sang".
"Il est primordial, à des moments aussi décisifs que le peuple égyptien ait le dernier mot et qu'il évite l'effusion de sang afin de surmonter cette étape cruciale par le dialogue et l'expression pacifique", a pointé M. Ben Jaafar dans l'une de ses apparitions médiatiques.
DES PRO-ISLAMISTES MANIFESTENT LEUR SOUTIEN A MORSI
Evalué par des sources sécuritaires à quelques centaines de Tunisiens représentants des organismes et associations pro- islamistes, un rassemblement de soutien au président égyptien destitué par l'armée a été organisé face à l'ambassade d'Egypte à Tunis.
Des slogans et des pancartes ont été scandés par les manifestants entourés par un sérieux dispositif sécuritaire. L' intervention des forces armées égyptiennes dans l'affaire politique de ce pays a été fortement dénoncée lors du rassemblement.
Refusant catégoriquement l'intervention de l'armée égyptienne pour renverser le régime mis en place en Egypte, les protestataires ont également exprimé leur dénigrement quant aux " agissements de l'armée au détriment de certains médias et le placement en détention de bon nombre de dirigeants des Frères musulmans", comme l'a exprimé aux journalistes l'un des participants à cette manifestation.