En tant que partie cruciale de la construction d'"une décennie de diamant" dans les relations bilatérales et d'une communauté à destinée commune entre la Chine et l'ASEAN, la mise à jour de la zone de libre-échange Chine-ASEAN (CAFTA) entre les deux parties sera en tête de l'ordre du jour du sommet des dirigeants ASEAN-Chine prévu mercredi à Bandar Seri Begawan, la capitale brunéienne.
Le sommet ASEAN-Chine qui se tiendra en enfilade avec le 23e sommet de l'ASEAN et des réunions connexes, qui débuteront mercredi.
Le sommet coïncide avec le 10e anniversaire de l'établissement du partenariat stratégique Chine-ASEAN. Les dirigeants chinois et de l'ASEAN ont annoncé l'établissement d'un "partenariat stratégique pour la paix et la prospérité" le 8 octobre 2003 à Bali, en Indonésie.
Les relations bilatérales ont connu depuis lors une croissance remarquable. Le montant des échanges commerciaux entre la Chine et l'ASEAN s'est élevé à 400,1 milliards de dollars l'année dernière, environ six fois plus qu'il y a dix ans. Durant le premier semestre de 2013, ce chiffre a atteint 210,56 milliards de dollars, affichant une hausse de 12,2% par rapport à la même période de l'année précédente.
Actuellement, la Chine est le plus grand partenaire commercial de l'ASEAN et l'ASEAN le troisième de la Chine.
Le Premier ministre chinois Li Keqiang, lors de la 10e Expo Chine-ASEAN tenue en septembre à Nanning, en Chine, a fait l'éloge de la coopération entre la Chine et l'ASEAN, déclarant que les dix dernières années ont été une "décennie d'or" pour la coopération Chine-ASEAN.
Encouragé par ce développement positif, M. Li a proposé de construire "une décennie de diamant" en terme de coopération Chine-ASEAN.
Construire une "version actualisée" de la zone de libre-échange Chine-ASEAN constitue une partie importante de la proposition du PM chinois. Créée en 2010, la CAFTA est devenue la plus grande zone du genre entre les pays en voie de développement au monde, couvrant une population totale de 1,9 milliard d'habitants.
M. Li a fait savoir que la Chine s'efforcerait de porter le volume du commerce bilatéral à 1 000 milliards de dollars d'ici 2020, tout en élevant les investissements bilatéraux jusqu'à 150 milliards de dollars durant les huit années à venir.
"Nous sommes disposés à développer et élargir le contenu et la portée de l'accord CAFTA sur la base de principes de bénéfice réciproque et de développement commun", a-t-il affirmé.
Selon les observateurs, revaloriser le niveau de la CAFTA est un processus destiné à construire une zone de coopération économique et commerciale plus libre et complète.
"L'accord de libre-échange ASEAN-Chine, lancé il y a dix ans, ne peut plus satisfaire les besoins du développement rapide des relations économiques et commerciales bilatérales en terme de libéralisation et de facilitation du commerce et de l'investissement", a estimé Ma Keqing, ambassadrice de Chine aux Philippines, ajoutant que la portée et le contenu de l'accord ont pris du retard sur les nouvelles tendances et les demandes de l'intégration économique régionale.
Construire une "version actualisée" de la CAFTA est une tâche à multiples facettes, qui comprend également le renforcement de la confiance politique mutuelle, a confié à Xinhua l'ancien ambassadeur chinois en Thaïlande, à Singapour et au Népal, Zhang Jiuhuan.
Les litiges en mer de Chine méridionale ont suscité des inquiétudes, selon lesquelles les relations Chine-ASEAN seraient affectées par les tensions opposant la Chine à certains pays membres de l'ASEAN. Pourtant, des analystes estiment que les meilleures relations économiques et commerciales qu'apportera l'évolution de la CAFTA pourraient aboutir à davantage de communications dans divers domaines et à une confiance mutuelle de plus haut niveau.
Revaloriser le niveau de la CAFTA servira également de puissant catalyseur pour améliorer la connectivité entre l'ASEAN et la Chine.
Une CAFTA plus globale exige une intégration plus ouverte et inclusive, ce qui signifie davantage de "liens de matériel (hardware links)", tels que la route, les lignes ferroviaires, le transport de l'eau, l'aviation, les télécommunications et l'énergie, ainsi que "les connexions de logiciels" dans les systèmes standardisés, à savoir les échanges d'information, le dédouanement et le contrôle de qualité, précisent des observateurs.
En vue de stimuler la connectivité mutuelle, le président chinois Xi Jinping a proposé, dans un discours prononcé devant le Parlement indonésien la semaine dernière, de mettre en place une banque d'investissements asiatique, institution destinée à porter des soutiens financiers à la construction d'infrastructures dans les pays de l'ASEAN.
Le renforcement de la connectivité s'avère maintenant une étape nécessaire pour l'approfondissement de la coopération entre la Chine et les pays d'Asie du Sud-Est, et les projets connexes ont désespérément besoin du financement issu d'une telle banque d'investissements, ont estimé les analystes.