Plusieurs scientifiques de premier plan de la recherche sur les exoplanètes ont décidé de boycotter une conférence de la NASA après avoir appris que des chercheurs chinois ont été empêchés d'y participer par l'agence spatiale américaine, qui a cité la sécurité nationale comme motif.
La réunion aura lieu au Ames Research Center de l'agence spatiale en Californie en novembre et comprendra à la fois des équipes internationales et des équipes américaines qui travaillent sur le programme de télescope spatial chasseur d'exoplanètes Kepler de la NASA.
Mais les chercheurs chinois, y compris ceux qui ont travaillé dans des universités et autres institutions américaines, se sont vu refuser la possibilité d'assister à la réunion. Les responsables de la NASA auraient déclaré que ce rejet est conforme à une loi adoptée initialement en mars 2011, qui interdit que les fonds publics soient utilisés pour héberger des ressortissants chinois dans des établissements de la NASA.
Aujourd'hui, la NASA est confrontée à un retour de bâton, avec plusieurs grands noms de la recherche sur les exoplanètes, dont Debra Fischer, qui dirige un groupe de recherche à l'Université de Yale, et Geoff Marcy, professeur d'astronomie à l'Université de Californie à Berkeley, qui a été pressenti pour remporter un Prix Nobel pour son travail de pionnier sur les exoplanètes, qui ont annoncé qu'ils se retireront la réunion en signe de protestation.
Mme Fischer a déclaré à l'Agence de Presse Xinhua qu'elle a appris l'existence de cette loi lorsque son stagiaire postdoctoral chinois, Wang Ji, a vu sa demande à la réunion Kepler Science rejetée.
« Après avoir contacté le comité d'organisation scientifique et m'être fait confirmer la raison du rejet, je me suis dit que ce n'était pas juste que certains de nos collègues soient empêchés de venir à la réunion du fait de leur pays d'origine », a écrit Mme Fischer dans un courriel.
« La réunion concerne les sciences et les planètes autour des étoiles, et pas la défense nationale. Il n'y a pas d'informations classifiées -toutes les données sont accessibles au public », dit-elle. « J'ai envoyé un avis disant que mon équipe de l'Université de Yale a boycottait officiellement la réunion. Certains de mes estimés collègues de la communauté sont d'accord avec cette position, comme le professeur Geoff Marcy de l'UC Berkeley ».
Mme Fischer a déclaré que beaucoup de gens cherchent à savoir si un autre emplacement peut être trouvé afin que la réunion puisse être ouverte à tout le monde, mais la fermeture du Gouvernement américain rend actuellement ce débat difficile. « Il est regrettable que mes collègues qui travaillent sur la mission Kepler soient pris entre deux feux », a-t-elle ajouté.
Dans une interview accordée au journal britannique The Gardian, M. Marcy a de son côté qualifié l'interdiction de « complètement honteuse et immorale ». « C'est totalement contraire à l'éthique que les États-Unis d'Amérique excluent certains pays de la recherche en science pure », a déclaré M. Marcy. « Il s'agit là d'un manquement inacceptable à la déontologie. Il faut fixer des limites ».
« En toute bonne conscience, je ne peux pas assister à une réunion qui discrimine des gens de cette façon », a déclaré M. Marcy dans un courriel adressé aux organisateurs de la conférence. « La réunion concerne des planètes situées à des milliers de milliards de kilomètres là, sans implications sur la sécurité nationale ».
Chris Lintott, astronome à l'Université d'Oxford, a déclaré au journal qu'il était « choqué et bouleversé » par la façon dont cette mesure a été appliquée.
« La science est censée être ouverte à tous et en restreindre l'accès à certains à cause de leur nationalité va à l'encontre des années de pratique, et remonte aux conférences de la guerre froide entre physiciens russes et occidentaux », a déclaré M. Lintott. « L'équipe de Kepler doit déplacer sa conférence ailleurs -et j'espère que tout le monde la boycottera jusqu'à ce qu'ils le fassent ».
Selon l'article, la loi du Congrès a soulevé des craintes chez certains scientifiques financés par la NASA, qui craignent qu'ils seront amenés à rompre les liens avec leurs collaborateurs chinois et ne pourront plus accueillir d'étudiants chinois, ajoute l'article.