Depuis le mois de novembre, la diplomatie chinoise est entrée dans une « saison européenne », avec cette semaine, la visite en Chine de dirigeants de deux grands pays européens, la Grande-Bretagne et la France. A la différence de la délégation d'affaires emmenée par David Cameron qui vient pour « vendre » du luxe, la visite du Premier ministre français Jean-Marc Ayrault sera elle un prélude au 50e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la France l'année prochaine. Dans une interview avec le Quotidien du Peuple, Cui Hongjian, Directeur des études européennes à l'Institut chinois des études internationales, a déclaré que les relations économiques et commerciales entre la Chine et l'UE sont étroitement liées ; le signal d'ouverture accrue de la Chine a donné beaucoup de confiance à l'Europe, et incité les pays européens à augmenter activement les échanges diplomatiques avec la Chine, et à élargir activement leurs relations de coopération dans divers domaines.
La visite des dirigeants britanniques et français en Chine, un style différent
« La Grande-Bretagne et la France ont des différences à la fois en termes de structure politique et de structure économique, et par conséquent, leurs priorités et leurs principes des relations avec la Chine sont différents », a déclaré Cui Hongjian.
Avant son voyage en Chine, David Cameron a orchestré une série de rassemblements pour montrer la grande importance qu'il attachait à sa visite dans ce pays. Cui Hongjian estime qu'il y a deux raisons à ce « profil haut » du Premier Ministre britannique : d'abord, M. Cameron espère que sa visite permettra de mettre les relations sino -britanniques sur une bonne voie. Ensuite, au cours de l'année passée, la bonne dynamique des relations économiques et commerciales bilatérales a été très bénéfique pour la Grande-Bretagne. Ce qui fait que David Cameron espère continuer sur cette voie avec la Chine, afin de maintenir les dividendes de la coopération avec elle.
Par rapport à M. Cameron, Cui Hongjian croit en revanche que Jean-Marc Ayrault semble relativement discret. Tout d'abord, « dans le régime présidentiel français, la diplomatie est un domaine réservé du président, ce qui fait que M. Ayrault semble ne pas être en mesure d'afficher un profil aussi haut que David Cameron ». Deuxièmement, « par rapport à la coopération sino-britannique, la coopération sino-française présente quelques inconvénients ». Commercialement parlant, la Grande-Bretagne et la France sont, respectivement, au sein l'Union européenne le deuxième et le quatrième partenaire commercial de la Chine.
La coopération sino-française a besoin d'aller au-delà de ses domaines traditionnels
Les statistiques françaises montrent que, en 2012, le commerce bilatéral sino-français s'est élevé à 51,02 milliards de Dollars US, en baisse de 2 %. Sur ce chiffre, les exportations de la Chine se sont montées à 26,9 milliards de Dollars US, let es importations à 24,12 milliards de dollars, soit un déficit commercial de 2,78 milliards de Dollars US pour la France.
« Du fait de la mauvaise situation économique en France, la coopération sino- française n'a enregistré aucun progrès dans les domaines traditionnels ». Cui Hongjian a déclaré que « les trois secteurs classiques du train à grande vitesse du nucléaire et de l'aérospatiale ne sont pas quelque chose de nouveau ». Bien que le Président français, lors de sa visite en Chine, ait proposé un certain nombre d'intentions de coopération, Cui Hongjian estime que ces projets n'en sont qu'à leurs débuts, et la France doit accélérer le rythme de l'expansion de sa coopération sur divers aspects avec la Chine et d'autres économies émergentes.
Selon l'Ambassade de France, au cours de sa visite, Jean-Marc Ayrault participera au colloque du 30e anniversaire de la coopération sino-française dans le secteur de l'énergie nucléaire civile, et il se rendra sur le site de construction des deux réacteurs EPR de Taishan.
« La technologie nucléaire de la Chine a enregistré des résultats exceptionnels, et elle peut déjà se lancer dans l'exportation. La Grande-Bretagne et la Chine sont prêtes à coopérer dans le domaine de l'énergie nucléaire », a déclaré Cui Hongjian. « Dans ce cas, si la France veut continuer à occuper une position de leader dans le marché de l'énergie nucléaire en Chine, alors elle devra peut-être faire preuve d'un peu d'attitude positive dans les transferts de technologie afin d'améliorer et de conserver son influence ».
Afin de renforcer les relations économiques bilatérales avec la Chine lors de sa visite, Jean-Marc Ayrault sera à Beijing pour assister à la cérémonie de clôture du 19e séminaire économique Chine-France, il ira à Wuhan pour participer à des projets de coopération pour des villes durables, et se rendra à Guangzhou pour y rencontrer des représentants d'entreprises françaises.
Approfondir les relations avec l'UE par le biais de la coopération sino-française
« Au sein de l'UE, la France a toujours été considérée comme conservatrice, et c'est ainsi que dans le litige entre l'Europe et la Chine sur les produits photovoltaïques, la France a apporté son soutien à la décision de la Commission européenne d'imposer des droits de douane élevés à l'encontre de la Chine. En fait, cette décision est liée à la baisse de la compétitivité du commerce français ». Cui Hong Jian a souligné que face à son immense déficit commercial avec la Chine, la France a tendance à adopter une attitude commerciale protectionniste. « Si, par l'entremise de la coopération sino-française, nous pouvons arriver à ce que l'UE, s'agissant du commerce avec la Chine et d'autres sujets, adopte une attitude plus active et se montre plus ouverte envers elle, ce serait une bonne chose pour les relations sino-françaises et sino-européennes ».
Les nouveaux projets de réforme de la Chine, une bonne nouvelle pour le développement de l'Europe
S'agissant des récentes interactions fréquentes entre la Chine et les dirigeants européens, Cui Hongjian croit que cela est fortement lié avec la récente troisième séance plénière du 18e Comité Central du Parti Communiste Chinois.
« Les relations commerciales et économique Chine-UE sont étroitement liées, et le développement de la Chine a un impact direct sur l'Europe. Dans la première moitié de cette année, l'Europe n'a cessé d'observer les mouvements des nouveaux dirigeants chinois, espérant comprendre la nouvelle ligne et le programme de la politique de la Chine. Après la troisième session plénière, la Chine a annoncé un ambitieux projet de réforme, source d'une grande confiance pour l'Europe, qui y a trouvé une énorme bonne nouvelle ».
Ce qui fait que Cui Hongjian a déclaré que les dirigeants européens espèrent que la fin de l'année, sous l'influence de la troisième session plénière, permettra de poursuivre le développement des relations avec la Chine, ce qui sera d'un grand bénéfice pour le développement futur de l'Europe.