Quand les dirigeants du Parti communiste chinois (PCC) rassemblèrent leurs affaires et quittèrent le village de Xibaipo dans la province du Hebei (nord) le 23 mars 1949, le monde changea à jamais.
Leur destination était Beijing, à environ 350 km de là, et le voyage d'un village montagneux à la cité où des empereurs ont régné sur l'Empire du Milieu pendant plus de cinq siècles marqua l'histoire.
La question qui était sur toutes les lèvres était de savoir combien de temps ils allaient pouvoir y rester. Aujourd'hui, les dirigeants du PCC se posent encore la même question.
Les archives du Parti suggèrent qu'en 1949, les dirigeants du Parti n'étaient pas étourdis par leur succès, après une série de succès militaires contre les troupes du Kuomintang : ils étaient vigilants.
Mao Zedong avait comparé la marche à "se rendre dans la capitale pour y passer un examen important" et s'était engagé à ne pas échouer comme Li Zicheng, un paysan qui avait dirigé une armée insurgée au 17e siècle. Li n'avait pu garder les rênes de la ville que durant 42 jours après qu'il eût déposé l'empereur Ming.
Soixante-cinq ans après le départ du village de Xibaipo, le PCC est encore au pouvoir et la République populaire de Chine, fondée six mois après l'arrivée de Mao dans la capitale, est la deuxième plus grande économie du monde.
Xi Jinping, élu secrétaire général du Comité central du PCC en novembre 2012, a évoqué de nouveau cet "examen important" lors de sa visite à Xibaipo en juillet dernier.
"Six décennies sont passées. Nous avons réalisé de grands progrès. Le peuple chinois est devenu indépendant et riche, mais nous faisons encore face à des défis complexes et à des problèmes importants. En effet, le Parti a encore un long chemin à parcourir pour pouvoir réussir le grand examen", a indiqué M. Xi à la population de Xibaipo.
Pour traiter les problèmes, la nouvelle direction s'est inspirée de la sagesse de ses prédécesseurs. Les paroles de Mao sur le travail des membres du parti avant la fondation de la Nouvelle Chine en 1949 ont encore aujourd'hui une grande portée idéologique et historique, a noté le président chinois à Xibaipo.
En mars 1949, Mao avait appelé l'ensemble du Parti à faire preuve de modestie et de prudence tout en se protégeant de la vanité et de l'impétuosité, à travailler dur et à vivre une vie simple.
Xi Jinping est convaincu que les remarques de Mao font écho aux leçons tirées des hauts et des bas de l'histoire chinoise, résument le processus du développement du PCC et montrent la profondeur de sa réflexion sur les moyens de maintenir la nature avancée et la pureté du PCC en tant que parti au pouvoir, ainsi que de maintenir la stabilité à long terme d'une nouvelle nation.
Ainsi, la campagne nationale de la "ligne de masse" en cours depuis juin dernier, a pour objectif de renouveler le lien entre le peuple et le Parti, dans le cadre des efforts de la direction actuelle pour entretenir et améliorer le règne du Parti.
L'objectif de cette campagne était de nettoyer en profondeur les pratiques indésirables de certains fonctionnaires et responsables du Parti. Les comportements ciblés étaient le formalisme, le bureaucratisme, l'hédonisme et l'extravagance : soit l'abus du pouvoir.
Chacun des sept membres du Comité permanent du Bureau politique du Comité central du PCC a été chargé de superviser la campagne dans une province. Le président Xi Jinping s'est vu attribuer le Hebei, où il a effectué une inspection en juillet dernier et s'est recueilli à Xibaipo, rencontrant les habitants locaux et expliquant pourquoi le Parti avait besoin d'une telle campagne.
Deux mois plus tard, il a rencontré les membres du comité provincial du Parti, écouté leurs critiques mutuelles et personnelles concernant leur vie et leur travail, et leur a indiqué ce qui devait être corrigé. Il s'est ensuite assuré que ceux-ci mettraient leurs idées en pratique.
Les réactions de la population du Hebei ont semblé positives.
"Je lui donnerai 100 points (le meilleur résultat dans les examens scolaires chinois), a indiqué Liu Chao, un villageois de Tayuan, au Hebei, où M. Xi s'était rendu en juillet. "J'ai rencontré M. Xi. Il est très pragmatique."
He Yu, un habitant du district de Zhengding dans cette même province, a quant à lui donné un résultat de 80 points : "Je voudrais laisser de l'espace à l'amélioration. Le peuple s'inquiète encore que cette campagne ne sera qu'éphémère. Nous espérons que le Parti continuera à améliorer ses pratiques de travail".