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Aide au développement : des réformes pour le suivi de l'efficacité du partenariat mondial au Cameroun (PAPIER GENERAL)

( Xinhua )

24.03.2014 à 08h41

Les habitudes ont la peau dure, le Cameroun a élaboré lors d'un symposium de trois jours de mardi à jeudi à Yaoundé une série de réformes liées au suivi de l' efficacité de l'aide publique au développement (APD) dont la conformité avec l'accord pour le Partenariat mondial conclu à Busan en Corée en 2011 est apparue discutable aux yeux de certains partenaires.

Bénéficiaire d'un important flux d'APD de plus de 3.000 milliards de francs CFA (6 milliards USD) fournis par 18 bailleurs dont la Chine en tête au cours des cinq dernières années, selon les estimations, le pays projette la mise en place d'un dispositif institutionnel de suivi du Partenariat mondial qu'un représentant de la coopération française a par exemple voulu limiter au seul Comité multi-partenaires (CMP).

Dans un constat d'absence d'un cadre formel de revue conjointe impliquant tous les acteurs, le deuxième symposium de Yaoundé après celui de 2012 a préconisé la formalisation d'un organe de concertation regroupant notamment au sein du CMP la société civile, le secteur privé et le Parlement, parallèlement au fonctionnement de groupes sectoriels constitués d'administrations publiques.

Pour leur part, les autorités camerounaises se défendent d' avoir franchi un pas important dans le processus post-Busan avec la reconnaissance du rôle de la société civile et du secteur privé, "qui doivent donc s'impliquer dans la recherche des solutions qui nous permettent d'avancer vers le progrès commun", selon le ministre de l'Economie, de la Planification et de l'Aménagement du territoire, Emmanuel Nganou Djoumessi.

Autre motif de satisfaction, "il ne s'agit pas désormais, a fait en outre valoir le ministre, de s'intéresser au volume de ce qui est donné, mais de voir ce que l'aide a permis de réaliser en termes de transformation des conditions de vie des populations. A cet égard, le Cameroun a intégré ces deux engagements dans sa démarche qui est consignée dans le Document de stratégie pour la croissance et l'emploi (DSCE, en application depuis 2010, NDLR)".

"Le Partenariat de Busan pour une coopération efficace au service du développement, a rappelé la coordonatrice-résidente du système des Nations Unies et représentante-résidente du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), Najat Rochdi, est un accord multilatéral issu du 4e Forum de haut niveau sur l' efficacité de l'aide qui s'est tenu en 2011 à Busan, en République de Corée".

Cet accord, a poursuivi la responsable onusienne, "a connu pour la première fois la participation des organisations de la société civile, des gouvernements, des donateurs traditionnels, des acteurs de la coopération et du développement, des pays émergents en particulier les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud, NDLR), des représentants des pays en développement et du secteur privé".

Elle a souligné l'impact sur le Partenariat mondial de deux évolutions conjoncturelles majeures. "D'un côté, grâce à l' émergence de nouvelles économies, la coopération Sud-Sud et triangulaire est devenue une forme efficace de partenariat dans le domaine du développement, tel que la nécessité de promouvoir la croissance économique inclusive et équitable et l'importance des institutions performantes comme gage d'efficacité du développement ".

D'un autre côté, de l'avis Mme Rochdi par ailleurs, la baisse de l'aide publique au développement, au niveau mondial ces cinq dernières années, a également incité à la recherche de nouvelles sources et mécanismes de financement, dans les secteurs public et privé, ainsi qu'au niveau national et international, afin d' assurer la continuité et la durabilité des efforts entrepris.

De l'absence de cadre périodique de revue de la mise en oeuvre du DSCE incluant l'ensemble des cadres institutionnels à la faiblesse des capacités en matière d'élaboration et de suivi des politiques, l'absence de données, la faible prévisibilité des financements extérieurs au budget de l'Etat ou encore leur faible inscription au budget, le processus camerounais péchait encore par d'innombrables faiblesses.

La liste examinée lors du symposium révèle aussi l'absence d'un cadre formel de mise en cohérence des actions sectorielles, la faible participation des femmes dans le processus de développement, la faible utilisation des structures nationales en matière d'audit, de contrôle et de passation des marchés dans le cadre des projets à financement conjoint, la mauvaise exécution des marchés publics, l'inadéquation entre l'assistance technique et les besoins nationaux en renforcement des capacités, etc.

A chaque fois, des recommandations ont été formulées pour une réforme du système en vue la conformité avec les exigences de l' accord de Busan dont la mise en oeuvre sera évaluée lors d'une réunion ministérielle prévue en avril à Mexico au Mexique.

Avec l'appui financier et technique de la Banque africaine de développement (BAD), de la France, du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), de l'ONU-Femmes, de la coopération technique allemande GiZ, de l'Union européenne (UE) et l'agence de coopération coréenne Koïca, le symposium faisait participer des représentants d'autres pays de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC). Pour la coordinatrice-résidente du système des Nations Unies, cette participation était destinée à susciter un partage d' expériences sous-régionales puis à ouvrir de nouvelles perspectives de partenariat et de coopération Sud-Sud, d'autant qu' il a été fait aussi le constat de l'absence d'un cadre régional de suivi du Partenariat mondial.

Par Raphaël MVOGO

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