La menace de Boko Haram, du nom de la secte islamiste qui sévit par des actes terroristes au Nigeria, et d'autres défis sécuritaires constituent quelques-uns des principaux sujets de discussions d'une réunion entre les pouvoirs de Yaoundé et d'Abuja sur la sécurité transfrontalière ouverte mercredi pour trois jours dans la capitale camerounaise.
Ouverte par le ministre camerounais de l'Administration territoriale et de la Décentralisation, René Emmanuel Sadi, en présence du général J.B. Samuel, chef de la délégation nigériane à ces travaux, cette concertation s'inscrit dans le cadre de la première session du comité de sécurité transfrontalière mis sur pied à la suite d'un accord bilatéral entre les deux pays voisins en février 2012 à Abuja.
Pour le chef de la délégation nigériane, la réflexion permettra de se pencher et d'examiner des réponses adéquates en vue par exemple de « contenir les activités de la secte Boko Haram », une redoutable organisation terroriste dont les répercussions, selon des sources dans ce pays, se ressentent au Cameroun lié par une longue frontière commune de plus de 4.000 km réputée poreuse avec le Nigeria.
"Il est évident qu'en raison de sa longueur et de son ouverture sur le golfe de Guinée, aujourd'hui objet de convoitises de toute nature, cette frontière commune pose des problèmes sérieux qui se résument pour l'essentiel par un certain nombre de phénomènes", a pour sa part souligné le ministre camerounais de l'Administration territoriale et de la Décentralisation.
Les phénomènes évoqués, a précisé René Emmanuel Sadi, se résument par "la piraterie en haute mer, les actes de terrorisme, de fanatismes divers et des extrémismes de tous bords, des enlèvements de personnes avec demande de rançon, la circulation des armes légères et de petits calibres, le grand banditisme, la fraude douanière et la contrefaçon, pour ce citer que ces phénomènes-là".
Auparavant opposés par un différend frontalier suite à l'occupation nigériane de la presqu'île camerounaise de Bakassi rétrocédée, à la faveur de négociations sous l'égide des Nations Unies, des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne, de l'Allemagne et de la France, au Cameroun en août 2008 après 15 ans d'occupation nigériane, Yaoundé et Abuja se disent aujourd'hui résolus à mener ensemble la lutte contre l'insécurité à leur frontière commune.
Le but, selon René Emmanuel Sadi et le général J.B. Samuel, est de favoriser la circulation des personnes et des biens, et des partenariats pour des investissements avec en prime la création des emplois au profit des populations des deux pays qui se caractérisent désormais par des échanges commerciaux en hausse grâce auxquels le Nigeria se classe depuis 2012 comme le premier fournisseur du Cameroun, une place ravie à l'Union européenne (UE).