RETOUR A LA CONFIGURATION DE 1990
Pour le sociologue politique Claude Abé cependant, le processus électoral des législatives et des municipales du 30 septembre où le RDPC l'emporte également avec 305 communes sur 360 entièrement et partiellement placées sous son contrôle, s'achève sur une impression qu'« on est rentré dans la configuration des forces politiques qu'on a eue au moment de l'ouverture du multipartisme au Cameroun, à l'exception qu'on voit émerger un parti comme le MRC ».
De l'avis de cet observateur, si « on ne peut pas dire le RDPC ait véritablement assis sa suprématie, parce que le caractère local de l'élection aura beaucoup joué », force est de reconnaître que l'opposition brille par une incurie en termes de préparation. Elle ne prépare par vraiment les consultations électorales avec des offres politiques et une campagne se faisant dans le temps. C'est à partir du moment où le corps électoral est convoqué qu'elle se mobilise ».
En plus d'un déficit de financement de son action, cette opposition « paie aussi un lourd tribut de son trop rapprochement avec le RDPC qui finit par brouiller son image auprès de l'opinion non cultivée. Leur offre se limite à « Biya must go ». C'est une offre qui a pris le temps de s'éroder », depuis 1990, estime encore l'universitaire.
Rien de surprenant donc de constater que peu de représentants des partis d'opposition sont présents dans les bureaux de vote lors d'une élection comme cela a été le cas le 30 septembre où quelque 5,5 millions d'électeurs camerounais étaient appelés aux urnes pour élire leur 180 députés de l'Assemblée et plus de 10.000 conseillers municipaux pour les cinq prochaines années.
Ce scrutin était censé donner le ton de la modification de la classe politique au Cameroun dans la perspective de l'alternance projetée par nombre d'observateurs pour 2018, date de la prochaine élection présidentielle. Elle n'aura produit finalement que peu de surprises.
A l'exception encore une fois du MRC qui obtient son siège de député à Douala, la métropole économique, loin de l'Ouest natal de son leader Maurice Kamto, ex-ministre délégué à la Justice, « à bien y regarder, on se rend compte que chacun a essayé de manoeuvrer pour garder son fief : le SDF dans le Nord-Ouest, l'UNDP globalement dans le septentrion avec le MDR, l'UDC dans le Noun (Ouest) », juge Claude Abé.