Le 12 octobre, trois jours après la signature de l'accord d'échanges de devises entre la Chine et la Zone euro, le journal français Le Parisien a rapporté un rapprochement possible entre le constructeur automobile français PSA et son partenaire chinois Dongfeng. Selon Reuters, cité par le journal français Les Echos, Dongfeng et l'Etat français pourraient devenir actionnaires de PSA, et injecter chacun un montant de 1,5 milliard d'euros dans le capital du constructeur français en difficulté.
Les groupes économiques internationaux prennent depuis longtemps des initiatives dans le cadre de coopération avec des compagnies chinoises. Une prise de participation directe de Dongfeng via l'augmentation du capital de PSA démontre l'avancée du constructeur automobile chinois vers l'international.
Questionnée sur cette coopération qui attire l'attention du monde, l'ambassadrice de France en Chine, Sylvie Bermann, a déclaré que "nous souhaitons développer les investissements croisés entre l'Europe et la Chine, la France et la Chine. Toute forme d'investissement est intéressante, y compris la prise de participation au capital. Cela a déjà été fait pour trois ou quatre entreprises françaises, nous pensons qu'il s'agit d'une bonne solution".
Plus précisément, Mme. Bermann a déclaré que nous voyons "une volonté des entreprises et du gouvernement de développer ce type de relations".
"Nous souhaitons favoriser les investissements chinois en France pour lesquels il y a des conditions très favorables, en particulier le crédit d'impôt recherche (CIR)", a-t-elle dit à Xinhua lors d'une interview.
La professeur de l'école d'économie de l'Université de Fudan, Hu Ronghua, partage l'opinion de Mme Bermann. "La Chine et la France ont toujours coopéré dans le domaine de l'économie". Au fur et à mesure du développement de la Chine et du commerce sino-français, les relations économiques entre les deux pays sont devenues de plus en plus étroites. Considérant les circonstances, le rapprochement PSA-Dongfeng pourrait ainsi être un bon exemple et une réflexion de la coopération économique sino-française.
Des dirigeants de Dongfeng ont confirmé le 8 octobre lors d'une interview avec le journal chinois The Economic Observer, que le groupe avait mené des enquêtes sur la structure du géant automobile français. "Pour le moment, nous n'en savons pas assez sur la situation des actifs (...) de PSA, surtout sur la situation financière et le mode d'organisation et de gestion. Ainsi, nous n'avons pas encore de projet d'acquisition et nous devons poursuivre certains processus avant de nous engager complètement pour l'acquisition", a déclaré Lu Feng, secrétaire du conseil d'administration de Dongfeng.
Interviewé par Xinhua après la signature de l'accord d'échanges de devises, le chercheur de l'Académie du commerce international et de la coopération économique du Ministère chinois du Commerce, Bai Ming, a révélé que l'accord d'échanges de devises aide à stabiliser la valeur de l'euro et montre la montée d'influence de la Chine en Europe. Cet accord ouvre de nombreuses opportunités pour des coopérations plus stables. Il fournit plus de sécurité aux parties européennes et chinoises, et sert donc à la réalisation de coopération..
Concernant les intérêts de Dongfeng dans cette coopération, l'expert automobile de l'Agence de presse Xinhua, Nan Chen, a révélé que ce qui intéressait Dongfeng dans le rapprochement PSA-Dongfeng était les moyens vers le marché international de PSA et une coopération plus profonde permettant au groupe chinois de promouvoir sa capacité de développement indépendant et de faciliter son accès à la propriété intellectuelle, qui exigent une participation directe dans PSA via une augmentation de capital.
Dans une interview accordée à Xinhua, la directrice du Département des études sur le marché international de l'Académie du commerce international et de la coopération économique du Ministère chinois du Commerce, Zhao Yumin, a indiqué que la participation directe par une augmentation de capital, d'une compagnie chinoise dans un groupe industriel multinational, n'était pas un phénomène très commun en Chine. Elle pourrait être une opportunité si le groupe Dongfeng a l'ambition de se développer tout en profitant des canaux de ventes, des techniques et de l'influence de PSA sur le marché.
Le président français François Hollande a déclaré que la Chine et la France doivent établir une relation d'intérêt mutuel pour promouvoir la croissance économique. Face à la crise de la dette européenne, les entreprises chinoises ont des opportunités de s'ouvrir à l'international, alors que la France a besoin de la Chine pour survivre à la récession. Traité de manière prudente, ce rapprochement PSA-Dongfeng pourrait être un exemple de coopération gagnant-gagnant.