La Commission mixte des Nations Unies pour la mise en oeuvre de l'arrêt de la Cour internationale de justice (CIJ) du 10 octobre 2002 entre le Cameroun et le Nigeria est à la recherche de 9 millions de dollars de financements pour boucler la délimitation des frontières entre les deux pays, a appris Xinhua vendredi à Yaoundé d'une source proche du dossier.
Depuis sa création en 2002 pour une exécution pacifique et efficiente de la décision de la CIJ, institution spécialisée des Nations Unies basée à La Haye aux Pays-Bas, reconnaissant la camerounité de la presqu'île de Bakassi (Sud-ouest du pays) après une occupation nigériane, cet organe tripartite de concertations diplomatiques et techniques annonce la délimitation à 95% des quelque 2.100 km de frontière terrestre commune des deux pays, en plus de celle liée à la frontière maritime, achevée.
Grâce à des financements de l'Union européenne (UE), de la Grande-Bretagne, du Canada et de la Norvège, cette opération menée par une équipe d'experts onusiens, camerounais et nigérians et qui inclut la construction et la pose de bornes frontière le long du tracé en délimitation, était doté d'un budget estimatif initial de 11 millions de dollars, finalement apparu « largement insuffisant », de l'avis de l'un de ces experts.
Une fois terminée, elle devra être complétée par l'élaboration d'une cartographie finale et la signature d'un accord de frontière, d'après les indications du représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies pour l'Afrique de l'Ouest, Saïd Djinnit, président de la commission. « Il nous faut encore environ 9 millions de dollars pour aller jusqu'au terme de notre mission », a révélé la source contactée par Xinhua.
Dans le même temps, en vue de la promotion d'une paix durable entre les deux pays voisins, confrontés à des menaces de criminalité transfrontalière, les Nations Unies lancent un appel à
financements pour la réalisation de projets de développement communautaire au profit des populations locales camerounaises et nigérianes concernées par ce processus.
« Nous sommes dans le processus d'évaluation des besoins. Evidemment, il faut aller étape par étape et nous sommes en train de préparer les projets selon les règles des Nations Unies de préparation des budgets. Nous avons fait des estimations, mais il faut aller dans le détail pour avoir des projets bien ficelés et à partir de quoi nous allons saisir de façon plus concrète les bailleurs de fonds », a souligné à Xinhua Saïd Djinnit.
« D'ores et déjà, nous avons reçu des indications très favorables par rapport au financement des ces projets », a poursuivi le responsable onusien à la clôture vendredi à Yaoundé de la 31e session de la commission mixte ouverte la veille, en présence des chefs des délégations camerounaise et nigériane, le vice-Premier ministre Amadou Ali et le ministre de la Justice Mohammed Bello Adoke.
Les indications de financement annoncées restent secrètes, M. Djinnit s'étant gardé de les communiquer, contrairement aux axes d'intervention futurs qui, selon lui, se rapportent à l'eau, à la sécurité alimentaire, à l'environnement, à l'habitat.
« Il y a toute une série de projets qui ont tendance à répondre aux besoins immédiats des populations de la sous-région. Un certain nombre d'institutions comme l'Union européenne, la Banque mondiale, la BAD (Banque africaine de développement, NDLR) ont déjà une indication plutôt positive visant à nous accompagner dans la mise en oeuvre de ces projets », a-t-il déclaré.
La centaine de participants à la 31e session de la Commission mixte des Nations Unies pour la mise en oeuvre de l'arrêt de la CIJ du 10 octobre 2002 s'est séparée sur une note de satisfaction générale témoignant du renforcement des mesures de confiance entre le Cameroun et le Nigeria, opposés par un différend frontalier qui avait parfois dégénéré en conflit armé après l'occupation de Bakassi par les forces nigérianes en 1993.
Complété par un accord diplomatique conclu en juin 2006 aux Etats-Unis par le président camerounais Paul Biya et son homologue nigérian de l'époque, Olusegun Obasanjo, en présence de Kofi Annan, alors secrétaire général des Nations Unies, et la participation des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne, de l'Allemagne et de la France comme pays témoins, ce mécanisme juridique avait permis la rétrocession de cette péninsule au Cameroun en août 2008, après un retrait partiel nigérian deux ans auparavant.
« Au fur et à mesure que nous avançons, l'état d'esprit s'améliore, la collaboration et la fraternité se renforcent. Notre souhait est que cet état d'esprit puisse continuer, perdurer au- delà de la fin de notre mission », a souligné le vice-Premier ministre camerounais Amadou Ali, ministre délégué à la présidence chargé des Relations avec les Assemblées.
Dans le communiqué final sanctionnant les travaux clôturés vendredi, les autorités de Yaoundé et d'Abuja se sont engagées à mettre en oeuvre leur accord de sécurité transfrontalière conclu il n'y a pas longtemps.