D'un taux de croissance de 4,8% cependant en deçà les projections initiales de 6,1% après 5,1% en 2012, l'économie camerounaise "reprend des couleurs", a analysé dans son discours de fin d'année à la nation mardi soir le président Paul Biya qui a dressé à cette occasion le bilan de 2013 comme une année qui "aura apporté de réelles perspectives d'avenir " à son pays.
Avec un budget de l'Etat "viable" et une dette publique "soutenable" (estimée à 16,3% du PIB en novembre par le ministre des Finances Alamine Ousmane Mey), "la croissance est à notre portée", a résumé le dirigeant camerounais qui a toutefois invité ses compatriotes à "un sursaut patriotique", après avoir décrié les mentalités déplorables "un peuple d'individualistes, plus préoccupé par des réussites personnelles que de l'intérêt général". C'est un constat exprimé pour justifier le "manque de cohérence et de lisibilité" dans la mise en oeuvre de la Stratégie gouvernementale pour la croissance et l'emploi adoptée en 2009 et qui prévoyait une croissance du produit intérieur brut (PIB) moyenne annuelle de 5% au cours de la période 2010-2020, en perspective de l'atteinte de l'objectif d'émergence en 2035. Excepté 2012 où il a ou réaliser un taux de 5,1%, le Cameroun peine encore à franchir le cap fixé.
En cause par ailleurs, "les délais de prise des décisions constituent encore des goulots d' étranglement", a en outre déploré le chef de l'Etat qui s'est en même temps interrogé sur "l'utilité de certaines commissions de suivi des projets qui ne débouchent sur aucune décision". Le dirigeant politique s'est du reste félicité d'une "nouvelle avancée du processus démocratique" en cours dans son pays depuis l' instauration du multipartisme en 1990, avec la tenue dans "le calme et la transparente" des élections législatives et municipales du 30 septembre, remportées par son parti, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC). D'après lui, "les quelques dysfonctionnements constatés n' étaient pas de nature à remettre en cause la crédibilité de ce scrutin". Toutes tendances confondues, l'opposition à son régime avait en revanche dénoncé un vote entaché de "graves irrégularités ". "Notre horizon politique est désormais bien dégagé", assure Paul Biya, réaffirmant la mise en place prochaine du Conseil constitutionnel, organe judiciaire suprême créé par la Constitution de 1996.
Saluant les efforts accomplis dans le domaine de la santé avec notamment le traitement gratuit contre le paludisme offert aux enfants âgés de 0 à 5 ans grâce aux "négociations de l'assistance de divers partenaires internationaux", il a annoncé l' enrichissement de la carte sanitaire en 2014 avec l'ouverture de trois hôpitaux de référence. Il s'agit précisément du Centre national des urgences de Yaoundé logé à l'hôpital central de la même ville, de l'hôpital gynéco- obstétrique et pédiatrique de Douala (un don du gouvernement chinois après celui déjà opérationnel dans la capitale) et l' hôpital de référence de Sangmelima (Sud).