Le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, a invoqué vendredi le droit international pour masquer son intention de réaliser subrepticement son rêve de faire du Japon une puissance militaire.
Lors du Dialogue de Shangri-La, un forum régional sur la sécurité, M. Abe a déclaré dans un discours imprégné d'insinuations que le Japon ferait tout son possible pour prôner le respect du droit international dans la région.
Cependant, une telle rhétorique est par essence bancale lorsqu'elle est employée par un leader nationaliste qui n'a de cesse d'évoquer le passé militariste de son pays dans le but de le remilitariser.
L'esprit fondamental du droit international est de maintenir la paix et la stabilité en réglant les différends, tandis que M. Abe cherche au contraire à diviser les pays asiatiques et à attiser les dissensions dans la région.
"En l'écoutant, on peut facilement sentir son ego nationaliste à peine voilé", a estimé le général de division Yao Yunzhu, directrice du Centre sur les relations de défense sino-américaines, à l'Académie chinoise des sciences militaires.
"Cela concorde avec ce qu'il a fait jusqu'à présent", a-t-elle ajouté.
M. Abe a évoqué le droit international, notamment le droit international maritime. En réalité, le Premier ministre japonais tentait de justifier la révision de la constitution pacifique du Japon, mise en place après la Seconde Guerre mondiale, afin que son pays puisse s'armer de nouveau.
M. Abe a déploré que les capacités des forces d'autodéfense du Japon n'étaient pas suffisantes pour mener des opérations humanitaires, mais n'a pu s'empêcher par ailleurs de révéler son enthousiasme par rapport au fait que le Japon peut exporter ses "excellents équipements de défense".
En tant qu'économie comptant parmi les plus grandes et les plus avancées au monde, le Japon pourrait s'armer jusqu'aux dents en peu de temps s'il en avait l'autorisation. La marine japonaise est par ailleurs l'une des plus puissantes au monde.
M. Abe a également déclaré qu'il fournirait des patrouilleurs aux Philippines et qu'il appuyait un plan prévoyant d'équiper le Vietnam de tels navires, afin de soutenir leurs revendications maritimes. Il n'a toutefois pas évoqué la Chine, avec qui les deux pays ont tous deux des contentieux territoriaux.
L'approche fondamentale de la sécurité nationale japonaise consiste, selon le discours de M. Abe, à rechercher des alliés dans la région en vue de faire face à d'autres pays. Le Premier ministre japonais a également fait savoir qu'il soutiendrait une nouvelle politique baptisée "contribution proactive à la paix", une expression japonaise qui pourrait également être traduite par "pacifisme proactif".
Cette approche est d'autant plus inquiétante qu'elle est adoptée par un pays qui a envahi et occupé une grande partie de l'Asie et qui hésite toujours à accepter son passé militariste.
A une époque marquée par l'intégration régionale, une telle approche de sécurité régionale doit être abandonnée, car la coopération en matière de sécurité est le seul moyen de préserver la sécurité de l'ensemble de la région.
L'existence des menaces de sécurité traditionnelles et non traditionnelles demande une approche de sécurité régionale complète, dans le cadre de laquelle les pays concernés devraient rechercher la sécurité commune en exploitant leurs intérêts communs autant que possible.
Par conséquent, établir une coopération en matière de sécurité est la seule voie pertinente, plutôt que de renforcer les différends.
Cependant, les stratégies japonaises pourraient engendrer des risques dans la région, car elles sèmeront la discorde entre les pays asiatiques, ce qui aboutirait à une situation où tout le monde serait perdant, et non gagnant.
Les pays asiatiques doivent faire le point sur la situation sécuritaire de la région et ne pas se laisser ébranler par les influences négatives. La Chine est très confiante en sa quête de paix et de stabilité sur le long terme reposant sur une coopération mutuellement bénéfique, qui comprend la coopération en matière de résolution des différends.