Le Premier ministre chinois Li Keqiang s'est envolé lundi pour une visite de quatre jours en Grande-Bretagne qui devrait renforcer le partenariat et la coopération commerciale entre les deux pays.
Cette visite de M. Li sera sa première dans le pays depuis sa prise de fonctions en mars 2013 et constituera également un nouvel événement diplomatique majeur entre la Chine et l'Europe après la tournée européenne du président Xi Jinping en mars dernier.
Lors de son séjour à Londres, M. Li rencontrera la reine Elizabeth II et s'entretiendra avec son homologue David Cameron. Il prendra également la parole lors de forums économiques et financiers entre la Chine et la Grande-Bretagne, et prononcera un discours pour les plus influents think-tanks britanniques.
RÉPARER LES RELATIONS
Cette visite de M. Li a une importance particulière pour les relations bilatérales, car les deux pays sortent tout juste d'une période difficile qui a démarré en 2012.
Il y avait eu un froid dans les relations entre les deux poids lourds en mai 2012 lorsque le Premier ministre britannique David Cameron avait insisté pour rencontrer le Dalaï-Lama, en dépit des objections de Beijing.
Ce n'est qu'un an et demi plus tard que les relations entre la Chine et la Grande-Bretagne ont commencé à s'améliorer, lorsqu'une délégation britannique de haut niveau emmenée par le chancelier de l'Echiquier George Osborne s'est rendue en Chine en amont de la visite en Chine de M. Cameron en décembre 2013.
La visite du Premier ministre britannique en Chine "était un signe que les relations entre la Chine et la Grande-Bretagne étaient revenues à la normale," a expliqué Ma Zhengang, un ancien ambassadeur de Chine au Royaume-Uni.
"Il est naturel pour la Chine et la Grande-Bretagne d'avoir des divergences, car les deux pays ont des systèmes sociaux, une histoire et des patrimoine culturels différents", a commenté l'ambassadeur chinois au Royaume-Uni, Liu Xiaoming.
"Sur la base d'un traitement équitable et du respect mutuel, les deux pays devraient respecter les intérêts clés et les principales préoccupations de part et d'autre, et traiter leurs divergences de manière appropriée", a-t-il préconisé.
PARTENARIAT STRATÉGIQUE
La visite de M. Li, qui coïncide avec le 10e anniversaire du partenariat stratégique globale entre la Chine et le Royaume-Uni, "cimentera davantage la confiance politique entre la Chine et la Grande-Bretagne" et "injectera de la vitalité et de nouveaux contenus dans le partenariat bilatéral", a commenté la semaine dernière le vice-ministre chinois des Affaires étrangères Wang Chao lors d'un point de presse à Beijing.
Le partenariat stratégique global entre la Chine et la Grande-Bretagne a porté ses fruits depuis que les deux gouvernements ont rendu public leur engagement commun à promouvoir leurs relations en 2004, selon M. Liu.
La confiance politique s'est approfondie avec des échanges fréquents de visites de haut niveau et la mise en place d'une série de mécanismes sans faille, a poursuivi l'ambassadeur, en référence aux rencontres annuelles entre les Premier ministres des deux pays, au mécanisme pour le développement économique et commercial bilatéral, ainsi que ceux du dialogue financier, des échanges de ressources humaines de haut niveau et du dialogue stratégique entre les deux pays.
COOPÉRATION ÉCONOMIQUE
Pendant la visite de M. Li, une série d'accords de coopération d'un montant total de 30 milliards de dollars devraient être signés.
D'après M. Liu, plus de 40 accords devraient être conclus entre les gouvernements et les entreprises des deux pays dans un large éventail de secteurs, parmi lesquels l'énergie, les investissements, la culture, l'éducation, les hautes technologies et les finances.
Le commerce bilatéral a dépassé le seuil historique des 70 milliards de dollars en 2013 et a augmenté de 11% en glissement annuel, un taux bien plus élevé que celui de 2,1% pour le total des échanges commerciaux entre la Chine et l'Europe.
Rien que ces deux dernières années, les investissements chinois en Grande-Bretagne se sont élevés à 13 milliards de dollars, ce qui dépasse le total des investissements chinois dans le pays pendant les 30 années précédentes.
"Les investissements chinois sont de mieux en mieux accueillis en Grande-Bretagne", a observé M. Liu. "La Grande-Bretagne participe activement à l'établissement d'un centre offshore du renmibi [sur son territoire], et je pense qu'il y a un énorme potentiel de coopération bilatérale dans les domaines de l'économie, du commerce et des finances", a-t-il ajouté.
La Grande-Bretagne et la Chine ont une complémentarité remarquable et des bases solides pour la coopération, a indiqué pour sa part M. Ma.
Selon lui, la Chine, avec son expérience en matière de fabrication industrielle, et la Grande-Bretagne, qui dispose d'un secteur des finances et d'un secteur tertiaire bien développés ainsi que de technologies de pointes, ont toutes deux besoin d'une coopération mutuellement bénéfique.
"D'une part, la Chine dispose des technologies dans la construction d'infrastructures telles que les réseaux ferrés à grande vitesse, ce qui est exactement ce dont la Grande-Bretagne a besoin à l'heure actuelle, et d'autre part, la Chine devrait apprendre de l'expérience britannique en matière de gestion financière", a-t-il analysé.
ÉCHANGES CULTURELS
Les échanges entre les peuples, a relevé M. Liu, ont également fait de grands progrès. La Grande-Bretagne abrite dorénavant 25 instituts Confucius et près de 100 classes Confucius, ce qui en fait le leader européen pour l'apprentissage du chinois.
"La culture joue toujours un rôle très important pour toute relation", a indiqué le vice-président de la Chambre haute du Parlement britannique, Michael Bates.
Ce dernier, qui a visité la Chine pour la première fois en 1997, est convaincu que l'histoire et la culture millénaires de la Chine ont une influence énorme sur le reste du monde, et que les Occidentaux s'intéressent de plus en plus à la cuisine chinoise.
La collaboration entre les deux pays dans le domaine de l'éducation devrait selon lui aider la Grande-Bretagne et la Chine a stimuler leurs échanges culturels, et de nombreuses universités britanniques ont déjà coopéré avec les universités chinoises.
Grâce aux efforts des deux pays, les échanges culturels vont être très forts. "C'est déjà en train de se produire. Ils vont continuer d'augmenter non pas parce que les gouvernement l'ont demandé, mais parce que les échanges entre les peuples ont augmenté", a-t-il ajouté.