Davos, commune suisse, était auparavant une destination de cure de repos pour les patients atteints de maladies du poumon grâce à son microclimat agréable. Mais son charme a progressivement disparu après l'invention de la pénicilline.
Aujourd'hui, une nouvelle "pénicilline" est nécessaire pour relever les défis mondiaux tels que la reprise économique à la traîne, les conflits régionaux et le terrorisme, a indiqué le Premier ministre chinois Li Keqiang mercredi à la réunion annuelle du Forum économique mondial (FEM).
Cependant, puisqu'un guérisseur magique n'est pas à portée de main, les conseils et actions de la Chine, deuxième plus grande économie du monde, peuvent être une injection opportune de confiance et d'encouragement au monde, pour qu'il reste en bonne santé et en sérénité.
L'ORDONNANCE DE LA CHINE
Le monde est rempli d'incertitudes, et à la fois plein d'espoir, a dit M. Li à son auditoire.
La Chine appelle à sauvegarder la paix et la stabilité face aux situations internationales compliquées, a rappelé le Premier ministre chinois, ajoutant que l'ordre international efficace et reconnu devait être garanti.
La Chine est convaincue que les différentes cultures, religions et peuples doivent se respecter, apprendre l'un de l'autre, et être tolérants, a ajouté M. Li.
Pendant ce temps, M. Li a rappelé que la Chine appelle les pays à promouvoir l'ouverture et l'innovation, renforcer la coordination internationale au niveau macro-économique lors de l'élaboration des politiques, conformément à leurs propres conditions nationales.
Tous les pays doivent s'opposer au protectionnisme et élargir la coopération économique régionale, a-t-il ajouté.
La communauté internationale est invitée à promouvoir vigoureusement les réformes structurelles, s'unir dans les efforts d'innovation, et être prête à la venue d'une nouvelle révolution dans les secteurs de la science et de la technologie.
L'ENGAGEMENT DE LA CHINE
Lors de son discours, Li Keqiang a admis que l'économie chinoise faisait toujours face à une dépression relativement large en 2015, mais a fait le voeu que son pays restera serein dans sa stratégie de développement et n'inondera pas d'argent son économie.
Il a annoncé que plus d'attention sera accordée aux ajustements préliminaires et à la juste mise au point des politiques du pays, de même qu'au contrôle et à la régulation du pays, afin que les opérations économiques aient un impact modéré.
La Chine va aussi promouvoir la libéralisation et la facilitation du commerce et des investissements, et ouvrir encore plus ses marchés de capitaux et de services, de même que rendre plus accessibles les parties centrale et occidentale du pays, a-t-il ajouté.
Lors de ses discussions avec les représentants du Conseil international des affaires du FEM, Li Keqiang s'est aussi engagé à faire avancer la réforme globale de la Chine et à ouvrir plus largement le pays aux investisseurs étrangers.
Il a expliqué que la Chine allait continuer d'avancer dans la réforme de ses secteurs clés en 2015, en gardant en ligne de mire une gestion responsable des relations entre le gouvernement et le marché.
Le Premier ministre a aussi promis que la Chine allait continuer de réformer plus en profondeur son système d'autorisations administratives pour stimuler les marchés et créer un environnement plus adapté à la compétition équitable.
Il a souligné que la Chine allait promouvoir le développement de la finance accessible à tous, développer le marché de capitaux à plusieurs niveaux, soutenir les petites et moyennes banques ainsi que les banques privées, et graduellement diminuer l'influence des entreprises en développant le marché de capitaux et les financements directs.
Il a enfin promis que la Chine allait faire avancer la réforme fiscale en cours, de même que les secteurs des impôts et les secteurs clés financiers, ajoutant que son pays allait faciliter l'accès aux investissements étrangers et ouvrir plus largement son industrie des services au monde.
LA CONFIANCE DE LA CHINE
Le Premier ministre a écarté la possibilité d'un risque financier systématique ou régional en Chine, et a réaffirmé que l'économie chinoise ne connaîtrait pas de transition difficile.
Il a aussi rejeté les inquiétudes extérieures concernant les dettes des gouvernements locaux chinois, avançant le fait que de telles dettes sont pour la plupart engagées dans la construction d'infrastructures, et sont donc bien garanties.
De plus, des ajustements dans le marché immobilier chinois à un moment donné sont "normaux", a-t-il affirmé aux participants de la rencontre du Conseil international des affaires, citant des causes telles que la ferme volonté d'urbanisation du pays qui débloquera d'immenses possibilités immobilières, ou les efforts du pays dans la reconstruction de nombreux bidonvilles aujourd'hui délabrés.
"La forte demande immobilière sur le marché des propriétés chinoises va perdurer," a-t-il dit. "Cela va encourager le développement de l'approvisionnement et des industries étroitement liées à ce secteur.
M. Li commente le ralentissement de l'autrefois éblouissant marché immobilier chinois depuis le début de l'année dernière, ce qui soulève des inquiétudes concernant un éclatement de la bulle immobilière dans le pays.
Lors d'un Conseil d'Etat en octobre dernier, M. Li a promis de stabiliser la consommation des logements, améliorer les projets de logements abordables, et assouplir les règles de location, indiquant que le gouvernement est en train d'adoucir ses politiques de marché immobilier.
A Davos, Li Keqiang a aussi déclaré que le gouvernement chinois fait grand cas de la finance de l'ombre en prenant des mesures appropriées pour prendre en main ce problème.