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Jean-Pierre Raffarin : le projet "Nouvelles Routes de la Soie" illustre le retour de la Chine aux premiers rangs des nations du monde

Xinhua | 01.03.2016 08h09

Le projet des "Nouvelles Routes de la Soie" illustre bien le retour de la Chine aux premiers rangs des nations du monde, des nations leaders. En effet un pays leader doit aujourd'hui "assumer son rôle de fédérateur et d'innovateur". Ce projet chinois concerne toute l'Asie mais parle au monde entier et tout particulièrement à l'Europe, a indiqué récemment l'ancien Premier ministre français, actuel président de la Commission des affaires étrangères et de la défense du Sénat, Jean-Pierre Raffarin, dans une interview écrite exclusive accordée à l'agence de presse Xinhua.

Lors d'une rencontre l'an passé au "Forum de Boao pour l'Asie (FBA)", le président chinois Xi Jinping m'avait dit :" Soyez certain qu'au 21ème siècle

aucun pays ne pourra réussir seul". Le monde entier a bien compris ce message puisque plus de soixante-dix pays se sont engagés dans la Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures (AIIB). Une communauté d'intérêts s'est créée. Déjà des projets d'investissements multinationaux sont à l'étude dans tous les domaines, industriels, financiers, agricoles, scientifiques ... Il y a là le moyen de progresser pour permettre davantage d'investissements pluri-nationaux pertinents et importants, comme cela a été initié entre la Caisse des dépôts française et la China développement Bank avec le fonds "Cathay". Ce type d'initiative devrait être largement multiplié, a indiqué M. Raffarin.

La Route de la Soie est aujourd'hui "le seul grand projet à la fois nouveau et mondial". Le rôle des leaders est souvent de faire émerger des projets, a estimé l'ancien Premier ministre français.

La gouvernance mondiale à laquelle la Chine et la France sont attachées c'est "l'équilibre multipolaire". Notre destin est commun car les désordres mondiaux affaiblissent toutes les nations. Ainsi, par exemple on peut apprécier à sa juste valeur le voyage qu'a récemment effectué le président chinois Xi Jinping en Arabie saoudite et en Iran dans une période particulièrement tendue. La Chine "revendique ses droits mais assume aussi ses devoirs pour la paix du monde", selon M. Raffarin.

L'effort annoncé par Beijing en faveur de l'ONU va également dans cette direction d'une recherche de solutions gagnantes-gagnantes pour la coopération internationale multilatérale. Cette vision chinoise implique que les questions culturelles "ne soient pas laissées de côté" mais au contraire que la culture soit "partie intégrante" des questions de développement. Dans la pensée chinoise, la culture s'élève au niveau de l'histoire et de la civilisation, a-t-il expliqué.

C'est pourquoi, par exemple, la Chine et la France organiseront, à Beijing en mai prochain, un forum sur la place de la culture dans le projet de la "Route de la Soie". Des personnalités culturelles de Chine et de France seront associées à cet important événement. En 2017 nous prolongerons cette initiative culturelle dans la capitale française de la soie, Lyon, a affirmé M. Raffarin.

C'est en cherchant à la fois à mieux se comprendre, à respecter les différences, et en analysant ensemble les menaces que se constitue une communauté de destin, a-t-il poursuivi.

Interrogé sur les relations entre la Chine et les Etats-Unis, Jean-Pierre Raffarin a indiqué que ces deux pays "sont de plus en plus interdépendants". Depuis la fin de "l'Union soviétique", les Etats-Unis étaient "l'Hyperpuissance" incontestée, aujourd'hui ils sont devenus une "Co-puissance", leur monnaie n'est plus seule à organiser les échanges mondiaux. Dans un monde où les peuples aspirent au progrès et à la paix "le piège de Thucydide" n'est pas très crédible. Les compréhensions communes qui s'expriment au Conseil de sécurité de l'ONU, à la COP21, où la contribution de la Chine a été "très appréciée", ou dans les diverses instances internationales, anciennes ou plus récentes, font que les coopérations l'emporteront sur les tensions. Que ce soit pour lutter contre les terrorismes ou pour protéger l'avenir de la planète il apparaît clairement qu'il y a beaucoup d'intérêts à partager, a précisé M. Raffarin.

Quant aux relations entre la Chine et l'Union européenne, elles sont "excellentes", a indiqué l'ancien Premier ministre. Quand la zone euro a du affronter de graves problèmes financiers, la Chine lui est venue en aide massivement. "C'est dans les difficultés qu'on mesure la qualité de l'amitié", a souligné M. Raffarin.

Les objectifs de paix sont communs à la Chine et à l'Europe. Les entreprises européennes participent activement à la croissance chinoise. "Nous avons confiance dans la capacité des autorités chinoises à surmonter les difficultés actuelles". La volonté de la Chine de réorienter "sa croissance de manière plus inclusive et plus qualitative" a été annoncée dès le XIIe plan quinquennal (2011-2015). C'est pour tout le monde "une bonne nouvelle" même si cela pose quelques problèmes car cette réorientation intervient à un moment où le monde est en crise de croissance. Mais la Chine continuera à etre "l'un des principaux moteurs de l'économie mondiale".

Quand on compare la Chine avec plusieurs pays qui ont obtenu, de l'UE, le statut d'économie de marché on comprend la légitimité de la demande chinoise. L'Europe souhaite naturellement améliorer ses échanges avec la Chine en renforçant les logiques gagnantes-gagnantes, et en progressant quant à la réciprocité, a fait remarquer M. Raffarin.

L'Europe et la Chine, fortes de leurs deux très anciennes civilisations, peuvent proposer au monde deux axes prioritaires qui leur sont chers : les réformes et l'ouverture. Il faut réformer le développement et s'ouvrir au partage de nos destins. C'est ce que j'appelle "le Consensus de Boao", a conclu M. Raffarin.

(Rédacteurs :Yishuang Liu, Guangqi CUI)
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