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La Chine au premier plan mondial de la technologie de contrôle de vecteur de poussée

le Quotidien du Peuple en ligne | 14.11.2018 13h52

La Chine a acquis la maîtrise d'un domaine de la technologie aéronautique de pointe dominée actuellement par les États-Unis et la Russie, qui devrait donner à ses chasseurs de meilleures capacités de combat.

Cette technologie, connue sous le nom de contrôle de vecteur de poussée, comprend une buse de poussée mobile qui permet à un avion à voilure fixe de changer la direction des échappements de son moteur. Cela permet au pilote de relever le nez du nez de l'aéronef verticalement tout en maintenant son élan vers l'avant de manière à ce que l'avion s'« assoie » littéralement sur sa propre queue dans un décrochage aérodynamique causé par une faible vitesse et un grand angle d'attaque.

L'utilisation de cette technologie augmente considérablement la manœuvrabilité d'un chasseur, offrant ainsi des avantages en combat aérien, en particulier lors de combats à courte distance.

L'idée de vecteur de poussée n'est en soi pas nouvelle dans l'industrie aéronautique mondiale, car elle est utilisée depuis près de 100 ans, d'abord en tant que mécanisme de contrôle des dirigeables, avant d'être appliquée à la conception d'avions de combat à voilure fixe à petite échelle et expérimentale dans les années 1960.

L'avion d'attaque britannique Hawker Siddeley Harrier, doté d'une capacité d'atterrissage et de décollage vertical/court, fut le premier avion militaire moderne à adopter la vectorisation de poussée avec son moteur Rolls-Royce Pegasus. Cependant, cette technologie n'était pas encore bien développée dans les années 1960 et consistait simplement à effectuer un décollage et un atterrissage verticaux.

À partir des années 1990, les recherches sur les moteurs à vecteur de poussée firent cependant de grands progrès. Le Lockheed Martin F-22 Raptor américain, le premier avion de chasse furtif au monde, utilise notamment un turboréacteur à double poussée qui offre une maniabilité exceptionnelle. Outre le F-22, le F-35B américain, les Sukhoi Su-30 et Su-35 russes et le dernier modèle, le Su-57, possèdent tous une capacité de vecteur de poussée.

Une déclassification officielle

La déclassification officielle a finalement eu lieu la semaine dernière lors du 12e Salon international de l'aviation et de l'aérospatiale de Chine, connu sous le nom de Zhuhai Airshow, qui s'est déroulé dans la ville côtière de Zhuhai, dans la province du Guangdong. Le géant national de la défense, l'Aviation Industry Corporation of China, y avait envoyé un J-10B équipé d'une buse de contrôle du vecteur de poussée afin d'effectuer une série de cascades acrobatiques défiant la gravité lors de la cérémonie d'ouverture du spectacle aérien.

Le J-10B a exécuté un « Cobra de Pougatchev », une manœuvre extrêmement difficile qui ressemble au mouvement d'attaque initial d'un cobra. Pendant cette manoeuvre, l'avion lève le nez jusqu'à la verticale, voire légèrement au-delà, avant de redescendre en vol horizontal. La manœuvre permet à un avion d'éviter les avions ou les missiles qui le poursuivent directement derrière lui, puis de reprendre le vol derrière le poursuivant pour engager une contre-attaque.

Cette manœuvre et d'autres d'une extrême agilité qui ont eu lieu dans les cieux au-dessus de Zhuhai ont été accompagnées par les applaudissements et les cris d'enthousiasme de milliers de spectateurs. Elles ont été largement considérées comme les moments les plus impressionnants de cette manifestation de six jours qui s'est achevée le 11 novembre.

Selon Yang Wei, directeur général adjoint de l'Aviation Industry Corporation of China et concepteur en chef du J-10B, la présentation de ces cascades montre que la Chine a rejoint une poignée de puissances de l'aviation dotées de la technologie de contrôle du vecteur de poussée. Il a ajouté que son succès devait être attribué aux efforts conjugués de sa société, Aero Engine Corporation of China, ainsi qu'à une équipe de test en vol des forces aériennes de l'Armée populaire de Libération (APL).

M. Wei a ajouté que, pour atteindre la supermanoeuvrabilité, un avion de combat a non seulement besoin d'un moteur à capacité de poussée vectorielle, mais également d'une bonne conception aérodynamique, d'une compatibilité exceptionnelle entre le moteur et l'injecteur, ainsi que des équipements de contrôle de vol uniques.

De son côté, Wang Haifeng, ingénieur en chef du programme de démonstration technologique de vecteur de poussée J-10B, a déclaré que les concepteurs avaient surmonté de nombreuses difficultés techniques et adopté plusieurs approches novatrices pour construire le banc d'essai J-10B.

Répondant à la question d'un journaliste sur le futur avion de combat furtif J-20, demandant si l'avion de combat le plus moderne de l'armée chinoise sera équipé de moteurs à capacité de poussée vectorielle, Yang Wei n'a pas donné de réponse directe, mais a laissé entendre que certains J-20 ont déjà été équipés de tels moteurs.

Une plus grande agilité

Selon Wang Ya'nan, rédacteur en chef du magazine Aerospace Knowledge, la capacité de vectorisation de poussée permet aux aviateurs de guider leurs avions afin qu'ils effectuent des manœuvres exceptionnellement agiles que les appareils classiques ne peuvent effectuer, offrant ainsi plus de possibilités de vaincre leurs adversaires et de survivre.

Gao Zhuo, observateur militaire à Shanghai qui suit l'industrie aéronautique chinoise depuis de nombreuses années, estime quant à lui que le développement du J-10B à vecteur de poussée visait à explorer l'adoption de la capacité de vecteur de poussée par le J-20. L'apparence du banc d'essai indique que la technologie chinoise de contrôle du vecteur poussée est devenue mature et fiable, mais aussi que l'industrie aéronautique nationale a mis au point des systèmes de contrôle de vol ultramodernes, indispensables pour des manœuvres sophistiquées.

Il a également noté que les développements de la Chine dans ce domaine ont été beaucoup plus rapides que ne l'avaient prévu les observateurs. Selon M. Gao, la buse de contrôle du vecteur de poussée du J-10B est la plus compliquée et la plus avancée du genre au monde. Il a cependant souligné que les ingénieurs chinois devront effectuer de nombreux tests et faire de nombreuses modifications avant que la technologie ne soit entièrement prête pour le J-20.

La Chine a conçu et construit deux avions de combat furtifs de cinquième génération, le J-20 et le FC-31.

Le J-20, désigné comme futur pilier des forces aériennes de l'APL, a effectué son vol inaugural en janvier 2011 et a été déclassifié en novembre 2016. Il a été commandé à l'armée de l'air l'année dernière et est devenu le troisième chasseur furtif au monde à entrer en service, après le F-22 et le F-35 américains.

Le FC-31, qui semble lui avoir été conçu pour l'exportation, a volé pour la première fois en octobre 2012 et a participé à plusieurs spectacles aériens à Zhuhai ainsi qu'à des expositions d'armes à l'étranger. On pense qu'il fait l'objet de vols d'essai. On ignore par ailleurs si le FC-31 utilisera un moteur de vectorisation de poussée.

(Rédacteurs :Yishuang Liu, Gao Ke)
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