Dernière mise à jour à 16h02 le 07/08
Selon le plus haut diplomate de Beiijing à Washington, la Chine ne cherche pas à dominer le monde et ne veut pas davantage que les tensions avec les États-Unis s'intensifient davantage.
« Pour être juste, je pense qu'au cours des dernières décennies, nous avons appris beaucoup de choses des États-Unis. Et bien sûr, ils continuent de dire que nous n'avons pas appris des États-Unis », a déclaré le 4 août Cui Tiankai, ambassadeur de Chine, au Forum virtuel d'Aspen sur la sécurité. « Je pense que nous ne devrions jamais apprendre de l'obsession des États-Unis pour la domination mondiale », a-t-il déclaré lors de l'événement annuel, qui s'est terminé le 6 août.
Les discussions sur les relations sino-américaines, qui sont tombées à leur plus bas niveau depuis que les deux pays ont établi des relations diplomatiques en 1979, ont figuré en bonne place lors du forum de trois jours, qui a également eu une table ronde sur le sujet le 5 août, animée par Joseph Nye, de l'Université de Harvard.
Les remarques de M. Cui sont intervenues près de deux semaines après un discours politique prononcé par le secrétaire d'État américain Mike Pompeo à la bibliothèque et musée présidentiels Richard Nixon à Yorba Linda, en Californie. La visite du président Nixon en Chine en 1972 a marqué le début d'un dégel historique des relations entre les deux pays.
Mike Pompeo a utilisé ce que les médias américains ont appelé le « langage dramatique de la guerre froide » pour faire exploser des décennies de relations formelles avec la Chine et a accusé Beijing de rechercher la domination mondiale.
« Je ne pense pas qu'une nouvelle guerre froide servira les intérêts de qui que ce soit (ou) nous apportera une solution aux problèmes », a déclaré M. Cui, l'ambassadeur de Chine ayant servi le plus longtemps à ce jour aux États-Unis. « Pourquoi devrions-nous permettre à l'histoire de se répéter ... . quand nous sommes confrontés à tant de nouveaux défis ? », a-t-il dit.
Joseph Nye, l'éminent professeur émérite de Harvard, a averti mercredi que les métaphores historiques concernant une nouvelle guerre froide pourraient être trompeuses, car, contrairement à la rivalité avec l'Union soviétique, les États-Unis ont beaucoup de contacts commerciaux et sociaux avec la Chine, décrivant les relations sino-américaines comme une rivalité coopérative, « dans laquelle vous devez prêter attention aux deux côtés ».
Lors du forum du 4 août, M. Cui a de son côté déclaré que la Chine n'avait « certainement » aucune intention de poursuivre une domination mondiale. « Mais les gens ici dans ce pays en parlent si souvent qu'il m'a semblé qu'il y avait une obsession pareille pour ça », a-t-il dit.
Commentant la fermeture du consulat de Chine à Houston et la fermeture subséquente du consulat des États-Unis à Chengdu à la fin du mois dernier, l'ambassadeur a déclaré qu'il était « vraiment malheureux » que Washington décide de fermer le premier consulat de Chine ouvert dans le pays. « Ensuite, vous voyez dans la diplomatie que le principe de réciprocité est toujours suivi, donc nous devrons réagir. Mais nous ne voulons certainement pas avoir tout cela dès le début. Nous ne voulons certainement pas voir d'escalade », a-t-il ajouté.
M. Cui a par ailleurs souligné que la croissance des relations sino-américaines au cours des décennies avait « très bien » servi les intérêts des deux pays et du monde. « Il est tout à fait clair que nous apprécions tous le résultat positif, les avantages de cette relation étroite. Personne ne peut vraiment nier cela », a-t-il noté.