Dernière mise à jour à 09h34 le 01/09
Les divergences entre la Chine et les Etats-Unis ne portent pas sur le pouvoir, le statut ou le système social, mais sur le choix du multilatéralisme ou de l'unilatéralisme, de la coopération mutuellement bénéfique ou d'un jeu à somme nulle, a déclaré dimanche le conseiller d'Etat chinois et ministre des Affaires étrangères Wang Yi.
M. Wang a fait cette déclaration pour répondre à la question de Thierry de Montbrial, président de l'Institut français des relations internationales (IFRI) sur la manière d'éviter la "nouvelle guerre froide" entre la Chine et les Etats-Unis.
La position de la Chine est très claire, à savoir que tous les pays sont des membres égaux de la communauté internationale et jouissent du droit à leur propre développement, a noté M. Wang.
"Nous félicitons les Etats-Unis pour leur développement pionnier. Mais la Chine a aussi le droit au développement et le peuple chinois a le droit de vivre une vie heureuse. Nos frères et sœurs d'autres économies émergentes et pays en développement, y compris l'Afrique, ressentent la même chose. C'est une revendication très légitime et très raisonnable", a estimé M. Wang.
La Chine a toujours cru que le monde évoluait vers la multipolarité et que les relations internationales avaient également besoin de démocratisation, a indiqué le chef de la diplomatie chinoise.
Un monde sain et stable ne doit pas se soumettre à la dictature d'un ou deux grands pays. L'égalité souveraine des Etats est un principe fondamental de la Charte des Nations Unies. En tant que puissance mondiale, les Etats-Unis devraient adopter une attitude inclusive envers le développement d'autres pays et se rendre compte que les peuples des autres pays jouissent du même droit à une vie meilleure que le peuple américain, a-t-il souligné.
"Si les sept milliards de personnes dans le monde peuvent évoluer vers la modernisation, ce sera un énorme pas en avant pour la société humaine dans son ensemble", a-t-il estimé.
Les Etats-Unis hésitent peut-être à abandonner leur domination mondiale, mais le cours de l'histoire est inexorable, a affirmé M. Wang. "Nous croyons fermement que le jour du développement commun de l'humanité viendra. La Chine ne voudra jamais d'une 'nouvelle guerre froide' avec qui que ce soit. A l'ère de la mondialisation, il n'y a pas de place pour une 'guerre froide' car il est impossible de diviser le monde en deux ou trois factions."
Les pays du monde sont aujourd'hui devenus interconnectés en tant que membres d'une communauté d'intérêts partagés, a constaté M. Wang, ajoutant qu'ils devraient travailler ensemble pour construire une communauté au destin commun, comme l'a proposé le président chinois Xi Jinping.
En ce qui concerne les relations sino-américaines, M. Wang a partagé trois idées de base. Tout d'abord, les divergences ou la concurrence entre les deux pays portent plutôt sur le choix du multilatéralisme ou de l'unilatéralisme, de la coopération mutuellement bénéfique ou d'un jeu à somme nulle. "C'est la nature des problèmes actuels auxquels sont confrontées les relations sino-américaines. Il est clair pour le monde que les Etats-Unis sont du mauvais côté de l'histoire", a-t-il signalé.
Deuxièmement, il semble que la diplomatie américaine d'aujourd'hui ait été réduite à des sanctions unilatérales et des campagnes de diffamation. Face aux accusations sans fondement contre la Chine du camp américain, la Chine doit clarifier les faits avec les réponses nécessaires. En tant que nation souveraine, la Chine a le droit de le faire, a fait remarquer M. Wang.
"Nous protégeons non seulement les intérêts nationaux et la dignité de la Chine, mais défendons également les règles fondamentales des relations internationales", a-t-il martelé.
Troisièmement, la porte pour les dialogues Chine-Etats-Unis reste grande ouverte. La Chine est prête à un échange de vues franc et approfondi avec la partie américaine sur des questions d'intérêt commun, a déclaré le ministre.
"Nous pensons qu'il y a encore des gens aux Etats-Unis qui sont prêts à être raisonnables et que les deux parties peuvent parvenir à un consensus", a déclaré M. Wang, ajoutant que la Chine se félicitait également du rôle constructif des pays européens, dont la France, dans l'apaisement des tensions et se réjouissait de voir l'Europe adhérer à l'indépendance stratégique et assurer la stabilité de ce monde incertain.