Dernière mise à jour à 09h20 le 25/11
Un équipement d'irrigation mobile fondé sur l'utilisation d'eau enrichie en hydrogène, et une technique d'empêchement de reproduction sexuelle des insectes nuisibles avec des phéromones de synthèse, tous les deux mis en oeuvre par des équipes biculturelles franco-chinoises, ont remporté mercredi les Prix 2022 de l'Innovation des équipes franco-chinoises décernés par le Comité France Chine.
La coopération en matière de recherche scientifique et technologique joue un rôle essentiel dans les relations franco-chinoises, alors que l'aspect culturel est très important pour cette coopération, a fait remarquer Michel Mortier, président du jury de ces prix qui récompensent chaque année, depuis 2014, les équipes franco-chinoises innovantes relevant des défis industriels, économiques, environnementaux et sociétaux d'aujourd'hui et de demain.
La France est plus dans une approche de connaissance scientifique de base et de la recherche fondamentale, tandis qu'il existe en Chine une forte capacité à passer des connaissances de base aux produits et aux applications, a expliqué M. Mortier, également directeur général de la Fondation CNRS (Centre national de la recherche scientifique, le plus grand organisme public français de recherche scientifique).
"Vous pouvez tirer de grands avantages de la collaboration avec la Chine en matière d'innovation", a-t-il ajouté.
Chaque année, les Prix de l'Innovation des équipes franco-chinoises, sous le double parrainage du ministère français de l'Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique et du ministère français de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, se déclinent en trois catégories.
Cette année, le fruit du partenariat entre Air Liquide et l'Université d'agriculture de Nanjing en Chine, qui porte sur l'utilisation d'eau enrichie en H2 dans l'agriculture afin de réduire l'utilisation d'engrais et de pesticides, est récompensé dans la catégorie Prix R&D.
Le prix de la catégorie de Produits Innovants est accordé à la technique développée par M2i et Beijing Geruibiyuan Technology, PME française et chinoise respectivement. Cette technique s'appuie sur le principe de confusion sexuelle phéromonale, empêchant les insectes nuisibles mâles de retrouver leurs congénères femelles pour s'accoupler et ainsi remplaçant les pesticides traditionnels.
Le Prix Initiative innovante n'a pas été décerné cette année, parce que les dossiers de candidature ne sont pas considérés comme suffisamment matures. Néanmoins, ces projets témoignaient de la ferme volonté des experts français et chinois de poursuivre leurs collaborations afin de produire conjointement des innovations significatives pour le monde de demain, a expliqué M. Mortier.
Pour le Comité France Chine, qui rassemble des entreprises françaises actives en France et en Chine sur le long terme, l'objectif de ces prix est de "mettre en valeur la Chine comme laboratoire d'innovation au profit du reste du monde".
Depuis la signature de l'accord bilatéral de coopération scientifique et technologique en 1978, la Chine et la France ont créé de nombreuses structures et réseaux conjoints de recherche, ainsi que des structures de dialogue pour la coopération industrielle.
Parallèlement, les entreprises françaises sont de plus en plus nombreuses à créer des structures de R&D au cœur de l'écosystème chinois. La diversité des actions menées par ces entreprises, telles que la recherche fondamentale, l'adaptation ou le développement de produits spécifiques au marché local, l'innovation, s'inscrit dans une vision commune d'assurer le développement d'une coopération mutuellement avantageuse, a noté le Comité France Chine.
"La Chine est un bon endroit pour innover. Elle est avide d'innovation, rapide et capable de tirer parti de toutes ses capacités ainsi que de l'écosystème. Pour une entreprise de niveau mondial, ne pas être en mesure d'être en Chine pour apporter des innovations que l'on peut ensuite mettre à l'échelle, c'est en quelque sorte passer à côté de grandes opportunités", a déclaré Pascal Metivier, vice-président exécutif, directeur des sciences et technologies chez Solvay, lors d'un débat organisé par le Comité France Chine avant la remise des prix.
"Malgré des difficultés auxquelles nous sommes confrontés, nous continuons à croire que nous devons coopérer et travailler ensemble," a-t-il affirmé.