Langue et culture sont intrinsèquement liées. Voyons ensemble les diverses expressions formées à partir des cinq éléments chinois.
Les cinq éléments sont un concept très ancien de la culture chinoise. Ils sont en lien étroit avec le Yijing (Livre des Mutations) et une certaine philosophie de la transformation, qui prend toute sa place dans la vie et la culture chinoise comme dans la langue de Confucius.
Un petit rappel de ces cinq éléments : métal, bois, eau, feu, terre. Ils sont toujours rangés dans cet ordre, suivant un cycle de transformation particulier, qui n'est pas le sujet de cet article.
Le premier élément, le métal se dit 金 (jin) en chinois. En réalité, aujourd'hui, ce caractère désigne plus couramment l'or ou un nom de famille. À l'origine, sa définition recouvrait plusieurs types de métaux. D'ailleurs, la typographie utilisée sur les objets en bronze sous l'Antiquité chinoise s'appelle l'écriture du métal ou du bronze : 金文 (jinwen).
Encore aujourd'hui, dans la langue courante, ce caractère est utilisé dans des expressions telles que黄金阶段 (huangjin jieduan, première partie de soirée) dans le domaine audiovisuel, 金碧辉煌 (jinbi huihuang, richement décoré) ou encore金发碧眼 (jinfa biyan, blonde aux yeux bleus), une tournure qu'utilisent les Chinois pour désigner tout spécialement les jeunes filles européennes. Comme quoi, Boucles d'Or remporterait probablement autant de succès que les pandas en Chine.
Le caractère 木 (mu), qui signifie « bois », est un pictogramme, puisqu'il représente un arbre avec son tronc et ses branches. Le bois est peut-être, avec la terre, l'un des deux éléments les plus stables parmi les cinq autres, ce qui explique qu'il renferme actuellement une nuance péjorative dans certaines expressions, notamment 木讷 (mune, lent et peu réactif). Et pourtant, cette formule trouve son origine dans Les Entretiens de Confucius, dans lequel on peut lire « 刚毅、木讷、近仁 » (gangyi, mune, jinren), ce qui signifie qu'une personne forte et peu réactive approche de la vertu. Certaines valeurs évoluent. En outre, 木 revêt d'autres significations. Par exemple, dans l'expression 麻木 (mamu, engourdi), ce caractère fait référence à la perte des sensations ; et dans 呆若木鸡 (dairuo muqi, abasourdi), il a le sens d' « imbécile ».