Comme la plupart des étrangers, Rose Oliver a eu sa première notion des arts martiaux grâce aux films. Mais maintenant, cette Britannique de 50 ans enseigne aux Chinois le véritable tai-chi, une des nombreuses formes d'arts martiaux chinois pratiquée pour la santé.
Rose aime être impliquée dans les échanges culturels, parce que "je préfère donner plutôt que de recevoir", confie-t-elle.
Par une fraîche mâtinée de printemps dans un parc de Shanghai, Rose fait une démonstration de mouvements de tai-chi à une foule de disciples de tous âges, jeunes et vieux.
"Nous faisons d'abord un échauffement puis nous procédons à une série d'exercices structuraux", précise-t-elle.
Les exercices structuraux que Rose mentionne ne sont en effet pas des enchaînements qu'effectuent les pratiquants ordinaires.
Pour populariser cet art martial centenaire, les autorités chinoises du sport ont, en 1956, simplifié le tai-chi en seulement 24 mouvements courants.
Cependant, Rose enseigne les véritables enchaînements, qui étaient depuis sortis de l'usage. Bien que les adeptes de ces anciens mouvements ont été un temps inquiets que ceux-ci ne finissent par se perdre définitivement, Rose a prouvé qu'ils n'étaient pas nécessairement voués à l'oubli.
Cette enseignante britannique a commencé à pratiquer les arts martiaux et le tai-chi alors qu'elle avait une vingtaine d'années. Au début des années 90, feu son mari et elle ont ouvert leur propre école de tai-chi au Royaume-Uni, organisant des ateliers à travers le pays.
Cependant, malgré une école florissante et de nombreux adeptes, le couple ressentait un certain manque.
Inspirés par leur intérêt pour la philosophie derrière le tai-chi, ils ont alors décidé s'embarquer à l'aventure et de partir pour la Chine.
"C'était notre destin de venir ici", confie Rose.
Déterminée à faire quelque chose de concret pour sauver les styles les plus anciens des arts martiaux, Rose a alors commencé à rechercher un des derniers grands Maîtres de tai-chi.
Cette mission s'est cependant avérée difficile. Dans le milieu sectaire du kung-fu chinois, peu de Maîtres étaient prêts à enseigner le véritable tai-chi à une étrangère.
Mais la persévérance de Rose a fini par porter ses fruits et Dong Bin, grand Maître extrêmement réputé de tai-chi, a finalement convenu de lui transmettre son savoir.
"Il était comme une sorte de grand-père préféré. Pas seulement en ce qui concerne l'enseignement du tai-chi; je ressentais qu'il voulait vraiment vous aider à vous améliorer, non seulement en tant que disciple mais en tant que personne", se souvient-elle.
Rose a impressionné de nombreux maîtres de tai-chi par ses compétences. Ils imaginaient en effet que les aptitudes d'un étranger pour le tai-chi ne pourraient jamais atteindre un tel niveau, mais elle leur a prouvé à maintes reprises que leurs préjugés étaient faux.
C'est la philosophie du taichi que Rose tente de cultiver chez ses compatriotes d'adoption.
"La première fois que je suis venue, la plupart des gens étaient assez innocents et gentils. Mais ils sont devenus plus matérialistes qu'avant", déplore-t-elle.
Zhang Yufeng a suivi Rose pendant sept ans et affirme que le tai-chi l'a totalement transformée.
"Je me concentrais sur des choses peu importantes, mais après avoir pratiqué le tai-chi avec Rose, je suis devenue une personne plus gaie et différente", raconte Zhang.
D'après Rose, donner peut rapporter plus que recevoir. En 2005, elle a créé le Double Dragon Tai Chi Club afin de transmettre la tradition du tai-chi aussi bien en Chine qu'en Grande-Bretagne.
Rose était heureuse de montrer sa médaille de Membre de l'ordre de l'Empire britannique, que lui a remise la reine d'Angleterre en 2011 pour sa contribution aux arts martiaux et ses services à la communauté mondiale.
"J'essaie d'étendre mes expériences mondiales afin que nous nous comprenions mieux", déclare-t-elle finalement.