Quand le dernier film de Zhang Yimou « Coming Home » a engrangé 82,4 millions de yuans (environ 13,47 millions de Dollars US) au box-office lors de son week-end d'ouverture, cela n'a pas vraiment été une surprise.
Selon la société de production du film Le Vision Pictures, ce drame très attendu a rapporté 30 millions de Yuans le 16 mai, un record pour une première journée pour un film de Zhang.
Les critiques estiment le film va gagner entre 200 millions et 300 millions de Yuans, ce qui pourrait être un record pour un film d'auteur en Chine. Zhang Yimou a rarement eu à se soucier du box-office avec des films comme « Hero » (2002), qui a totalisé 250 millions de yuans, le chiffre plus élevé jamais enregistré dans le pays.
Mais cette fois, le célèbre cinéaste a abandonné ses aspirations commerciales pour revenir à l'un de ses thèmes de prédilection : une histoire d'amour pleine de rebondissements. Selon les critiques, avec « Coming Home », Zhang revient à ses racines artistiques.
Basé sur les 30 dernières pages d'un roman de Yan Geling « Le criminel Lu Yanshi », « Coming Home », qui met en vedette Gong Li et Chen Daoming, montre comment un ancien professeur essaie en vain de rejoindre sa femme alors qu'il est transféré d'un camp de travail à un autre au début des années 1970. Il revient chez lui seulement trois ans après pour découvrir que sa femme est devenue amnésique.
Ce film romantique compte trois personnages principaux et l'intrigue comme les décors sont simples – un peu comme les histoires précédentes de Zhang Yimou, « Le Sorgho rouge » (1987) et « Ju Dou » (1992).
Selon Yin Hong, professeur à École de journalisme et de communication Tsinghua, « Dans ce film, Zhang Yimou ne recourt pas à l'utilisation de magnifiques paysages pour impressionner le public. Au contraire, il s'agit de faire appel a leurs émotions d'une manière esthétique ».
Zhang est revenu à son amour des œuvres ayant de la profondeur et de l'âme, tournant le dos aux films commerciaux qui attirent la foule, a-t-il ajouté.
La carrière de Zhang a atteint un sommet des années 1980 jusqu'au début des années 1990, quand il s'est concentré sur les rudes réalités de la vie. Mais avec « Hero », il a commencé à se diriger vers les blockbusters commerciaux.
Après 2002, Zhang Yimou a réalisé des films d'arts martiaux coûteux contenant des scènes épiques, comme « La Maison des poignards volants » (2004), « La Cité Interdite » (2006) et « A Simple Noodle Story » (2009). Mais ces films ont reçu des critiques mitigées tant de la part de la critique que du public.
Zhang a les capacités artistiques de dépeindre les émotions et le sexe dans tout ce qu'ils peuvent avoir d'extrême, dit Zhang Yiwu, professeur à l'Université de Pékin. L'accent mis sur les émotions entre Lu Yanshi et Feng Wanyu dans « Coming Home » est une tentative faite par Zhang pour revenir à son style concret.
« Coming Home » est aussi la première collaboration entre Gong Li et Zhang depuis « La Cité Interdite » en 2006. « Gong Li fut la muse de Zhang pour chaque film pendant sa grande période », explique Zhang Yiwu, ajoutant qu'avoir travaillé avec Gong Li est un autre signe du retour de Zhang Yimou à ses racines artistiques.
« Mais un film comme ‘Coming Home' ne signifie pas que Zhang se contente de revenir exclusivement aux films d'art », a-t-il dit. Le metteur en scène révèle quelque chose de nouveau dans chaque film, a-t-il ajouté.
Les films de Zhang sont connus pour leur riche utilisation de la couleur. L'utilisation modérée de la couleur dans son dernier film montre toutefois qu'il est différent de ses précédents films d'art, comme « Le sorgho rouge » et « Epouses et concubines » (1991).
Jusqu'ici, « Coming Home » a attiré un public de niche. Selon Zhang Yiwu, les perspectives sont brillantes pour le cinéma chinois, mais trouver un public est un problème différent pour chaque réalisateur chinois, y compris Zhang Yimou.