Le China Quanjude Group, propriétaire du restaurant renommé pour son canard laqué de Pékin – a été tellement populaire pendant des années qu'il n'avait alors pas besoin d'avoir des promotions sur son menu.
Mais cela a changé. Pour faire face à la croissance la plus lente enregistrée en une décennie dans le secteur de la restauration, le restaurant offre maintenant un rabais de 20 % aux clients qui mangent sur les lieux, selon Xing Ying, directeur général du China Quanjude Group.
Leurs nouveaux plats ont également été nettement modifiés pour s'adapter aux revenus en baisse que subit l'industrie.
Afin d'attirer plus de clients individuels, six des10 nouveaux plats qui ont été mis au point au premier trimestre ont un prix inférieur à 45 yuans (7,30 $), et neuf sur 10 coûtent moins de 84 yuans, a indiqué Yan Dajian, du département de technologie et de recherches du Quanjude Group.
Même la chaîne de restaurant vieille de 136 ans a dû s'adapter pour survivre aux temps les plus difficiles que connaissent les compagnies de restauration haut de gamme du pays depuis que le gouvernement a lancé une campagne nationale de lutte contre la corruption et les dépenses somptuaires en décembre.
Considérablement affectée par cette campagne, l'industrie chinoise de la restauration connaît son taux de croissance le plus lent depuis les deux dernières décennies, a déclaré vendredi l'Association de la cuisine de Chine.
Au cours des quatre premiers mois de l'année, le revenu de ventes du secteur de la restauration du pays a été de 771,2 milliards de yuans, une augmentation de 8,3 % sur une base annuelle, mais 5 % de moins qu'au cours de la même période de l'année dernière, selon l'association.
« Le taux de croissance a chuté au point le plus bas depuis 1991 », a déclaré Su Qiucheng, directeur de l'Association de la cuisine de Chine.
« Dans l'industrie, le déclin a lieu depuis la fin de l'année dernière, et certains restaurants grands et moyens ont même enregistré une croissance négative des ventes. »
Selon l'Association, par rapport à l'année dernière, le revenu des restaurants haut de gamme de Beijing, Shanghai et Chengdu a été inférieur d'au moins 20 % pendant la fête du Printemps de cette année.
Un grand nombre d'importantes compagnies de restauration ont dû fermer des succursales ou changer leur menu.
En mai, la chaîne de restaurants Meilinge de Shanghai a fermé sa succursale de Yuetan, dans l'ouest de Beijing, une zone située à proximité d'importants bureaux du gouvernement.
« Les affaires ont considérablement ralenti à notre restaurant », a confié Ren Xiuqin, directeur général de Laolaofu Hotpot, un des plus importants restaurants de fondue mongole de Beijing. « Les dépenses ont diminué d'au moins 60 à 70 yuans par personne. »
Selon Chen Junhai, cadre du Wangshunge Restaurant Group, environ 30 % de son revenu proviennent de la clientèle d'affaires qui organise des banquets de luxe pour divertir des invités VIP. Ainsi, la mesure visant à éliminer la prodigalité financée par des fonds publics a été un dur coup pour eux.
Certaines importantes entreprises de restauration haut de gamme affrontent donc maintenant la possibilité d'être déficitaires.
La Beijing Xiangeqing Co Ltd a indiqué qu'au premier trimestre sa perte financière pourrait atteindre de 55 à 70 millions de yuans, alors qu'elle avait enregistré un bénéfice net de 46,23 millions de yuans au cours de la même période de l'année dernière.
Les restaurants ShunFung et Jingya, deux autres restaurants haut de gamme, ont retiré leurs demandes d'offre publique qui avaient été déposées plus tôt cette année, en citant une situation défavorable.
Selon l'Association, le taux de croissance des restaurants du top 100 en Chine a été de 16,8 % en 2012, une baisse de 11,52 % par rapport à l'année précédente.
Selon M. Su, cette année est un tournant pour le secteur de la restauration, étant donné que les dépenses publiques relatives aux banquets ont diminué en peu de temps et que beaucoup ont dû remanier leurs entreprises.