Deux entreprises nucléaires chinoises cherchent à investir dans de nouveaux réacteurs au Royaume-Uni

( le Quotidien du Peuple en ligne )

18.04.2014 à 15h50

Des gardes de sécurité patrouillent autour de la centrale nucléaire de Hinkley Point B près de Bridgwater, en Angleterre.

Les entreprises chinoises du secteur du nucléaire sont à la recherche d'opportunités pour acquérir une participation majoritaire dans un projet nucléaire au Royaume-Uni, a déclaré une source d'une société nucléaire appartenant à l'Etat chinois lors d'une récente exposition de trois jours, Nuclear Industry China 2014, à Beijing.

« Le site n'a pas encore été choisi, mais ce sera une des nouvelles centrales appartenant au géant français de l'énergie EDF (Electricité de France). Ce que nous voulons, c'est investir dans une centrale nucléaire avec un meilleur emplacement, si possible », a dit la source de la China General Nuclear Power Corp au China Daily, sous couvert d'anonymat.

Le gouvernement britannique a donné son feu vert à CGNPC et à un autre poids lourd chinois du nucléaire, China National Nuclear Corp, pour investir dans le projet de 2,6 milliards de Dollars destiné à construire Hinkley Point C dans le Somerset, dans le Sud de l'Angleterre, un projet de centrale de un à deux réacteurs d'une puissance de 3,2 gigawatts dirigé par EDF.

Mais le projet a été retardé lorsque la Commission Européenne a ouvert une enquête en décembre dernier, pour chercher a savoir si le gouvernement britannique a ou non offert un soutien financier au projet, ce qui pourrait être contraire aux règles de l'Union Européenne.

Une source de la CNNC proche du dossier a déclaré que l'enquête sera achevée fin août ou début septembre, et que les trois parties, CGNPC, CNNC et EDF, devraient signer en octobre un accord d'investissement précisant les actions et les rôles qu'ils joueront dans le projet.

« Nous voulons conclure l'accord le plus rapidement possible car il est engagé depuis une longue période », a déclaré la source.

Hinkley Point C sera le premier accord de centrale nucléaire dans l'UE depuis la catastrophe de Fukushima au Japon, qui a entraîné une réflexion majeure sur les mérites de cette source d'énergie.

La Grande-Bretagne prévoit que le premier réacteur du site fournira de l'énergie en 2023.

« Ce sera un accord historique pour la Chine aussi », a dit la source de la CNNC. « Les entreprises nucléaires chinoises sont en mesure d'acquérir de l'expérience au Royaume-Uni et de se construire une bonne réputation sur le marché mondial du nucléaire, encourageant la diffusion de l'énergie nucléaire en Chine ».

La source de la CGNPC a déclaré que les deux sociétés chinoises pourraient détenir une participation de plus de 30 », tandis que le reste sera probablement détenu par EDF et le groupe français d'ingénierie nucléaire Areva.

La CGNPC -qui est un partenaire de longue date d'EDF en Chine, de même qu'avec Areva, dans le développement des deux premiers réacteurs européens à nouvelle technologie sous pression à Taishan, dans la Province du Guangdong- détiendra certainement une participation supérieure à la CNNC, selon la source.

Mais le projet qui a attiré les investisseurs chinois pourrait ne pas se dérouler comme prévu, les médias étrangers mettant toujours en doute la capacité des entreprises chinoises à construire des centrales sur la base de ce qu'on appelle la technologie nucléaire de troisième génération, comme les réacteurs pressurisés européens et la technologie AP1000, développée par Westinghouse.

Le mois dernier, l'Organisation des Nations Unies a accusé le gouvernement britannique d'actions suspectes dans son projet de développement de sa première centrale nucléaire en une génération.

Les inspecteurs de l'environnement ont averti qu'il y avait des inquiétudes au sujet d'un manque d'ouverture avec les pays voisins, comme l'Irlande, au sujet des risques potentiels que pose la centrale d'Hinkley Point C.

Selon les analystes, les accusations de l'ONU vont jeter une ombre sur l'accord potentiel entre les investisseurs chinois et le gouvernement du Royaume-Uni.

Mais un représentant du Département britannique pour l'énergie et le changement climatique (DECC) a déclaré jeudi dans une interview par courriel que le protocole d'entente entre le Royaume-Uni et la Chine sur la coopération nucléaire civile « ouvre la voie à l'investissement et à la participation d'entreprises chinoises dans le programme d'énergie nucléaire nouvellement construit au Royaume-Uni ».

« Le nucléaire est vital pour notre sécurité énergétique, et nous voulons qu'il fasse partie du mix énergétique à l'avenir », a déclaré le DECC. « Le gouvernement britannique a préparé le terrain pour de nouvelles centrales nucléaires par le biais d'une série de réformes et de mesures réglementaires qui éliminent les obstacles à l'investissement et donnent de la confiance aux développeurs ».

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