Un risque majeur de l'économie mondiale est la divergence des politiques monétaires adoptées par les grandes économies, un phénomène qui se poursuivra vraisemblablement encore quelques années, a indiqué un économiste américain.
La zone euro et le Japon continueront leurs politiques d'assouplissement monétaire agressif pour stimuler la demande faible, tandis que les Etats-Unis augmenteront leurs taux d'intérêts, a prédit David Stockton, de l'Institut Peterson d'économie internationale et ancien chef de la division de recherche économique de la Réserve fédérale américaine, dans une interview accordée récemment à Xinhua.
De même, la récente appréciation du dollar et la dépréciation du yen japonais et de l'euro sont susceptibles de se poursuivre, car l'économie américaine continuera d'enregistrer de meilleurs résultats que ces économies, a-t-il estimé.
Selon l'expert, l'économie mondiale fera face à un environnement de faible inflation l'année prochaine, compte tenu du ralentissement de la croissance et de la chute des prix du pétrole.
La baisse considérable des prix du pétrole jugulera l'inflation dans de nombreux pays, où les taux d'inflation se situent en dessous des objectifs fixés par leurs banques centrales. Mais ce type d'inflation faible n'est pas la principale préoccupation de l'économie mondiale, car la tendance à la baisse s'avérera probablement éphémère, a noté M. Stockton.
Les prix du pétrole sont susceptibles de devenir un important facteur de stimulation pour les économies qui sont de grandes importatrices de pétrole, et la stimulation pour les économies consommatrices d'énergie sera plus grande que les répercussions pour les économies productrices de pétrole, selon l'expert.
En revanche, la faible inflation résultant de la faiblesse de l'économie est une grande source de préoccupation. Il y a une incertitude considérable quant à la solidité des économies de la zone euro et du Japon ; la croissance dans certaines économies de marché émergentes ralentit également, a-t-il constaté.
Même aux Etats-Unis, malgré l'amélioration du marché du travail, aucun signe de pression à la hausse sur l'inflation n'est visible, étant donné que l'appréciation du dollar maintient les prix des importations à un niveau faible et que la baisse substantielle du cours du pétrole pèse également sur le niveau des prix, selon l'expert.
"C'est la raison pour laquelle les décideurs politiques, en particulier dans les économies développées, doivent faire quelque chose pour ramener l'inflation vers leurs objectifs. Comme l'a montré l'économie japonaise, une fois que vous êtes coincés dans la zone de déflation, il est difficile de vraiment en sortir", a déclaré M. Stockton.
Le meilleur moyen pour se libérer de la faible inflation est de poursuivre l'expansion d'une politique monétaire agressive, selon l'expert. Bien que la Banque centrale européenne ait tardé à adopter une politique monétaire agressive, elle pourrait commencer à prendre plus de mesures pour stimuler l'inflation similaires à celles adoptées par la Réserve fédérale américaine (Fed) et la Banque d'Angleterre, et plus récemment par la Banque du Japon, a déclaré l'expert.
Quant à la Fed, elle commencera probablement à augmenter les taux vers le milieu de l'année 2015, mais la normalisation de la politique monétaire se poursuivra à un rythme plus lent que ce que le marche prévoyait, a noté M. Stockton.
Un changement de la politique monétaire de la plus grande économie mondiale pourrait être une source de volatilité et de turbulences pour les marchés financiers. Le risque d'inversion des flux de capitaux dans l'économie mondiale continuera probablement de se poser, a-t-il indiqué.
Selon lui, de nombreuses économies de marché émergentes ont dépendu des entrées de capitaux bon marché, alors que la Réserve fédérale américaine a maintenu des taux d'intérêt très bas pendant une très longue période.
En ce qui concerne l'impact sur la Chine, l'expert a estimé que la Chine était mieux placée pour résister à un renversement de la politique de la Fed et serait moins affectée par les effets divergents des politiques monétaires.
Au-delà des risques économiques, les tensions géopolitiques croissantes pèseront sur l'économie mondiale l'année prochaine, a déclaré M. Stockton. Les tensions entre l'Ukraine et la Russie poseront dans une certaine mesure des risques pour l'économie européenne, tandis que leur impact sur d'autres économies, comme les Etats-Unis, restera limité, a noté M. Stockton.