Les autorités chinoises dans tout le pays ont réduit leur objectif de la croissance pour cette année, un signe fort montrant que le gouvernement central devrait limiter le taux de croissance à 7%.
Parmi les 28 gouvernements provinciaux qui ont évoqué leur taux de PIB à venir, 26 ont annoncé une réduction de 0,5 à 3 points de pourcentage.
La province du Tibet a maintenu son taux de croissance de l’ordre de 12%, inchangé par rapport à 2014, alors que la ville de Shanghai a décidé de ne pas fixer de limite.
Les économistes de la nation ne sont pas étonnés par ce résultat en reconnaissant que l'économie chinoise restera sous pression. Si l’on prend l’ensemble des publications des données du PIB en 2014, seul le Tibet et Chongqing ont atteint leur objectif.
En 2014, les provinces qui ont connu les plus grands écarts entre ce qui était visé et la situation réelle, ont été aussi celles qui ont apporté les baisses les plus importantes. Dans le nord, la province du Shanxi, riche en charbon, a représenté un taux de 4,9% en 2014, soit le plus bas et bien en deçà de son objectif initial de 9%. Cette année la croissance est prévue autour de 6%.
La situation était similaire dans le Liaoning et le Heilongjiang (nord-est du pays), et dans le nord-ouest, notamment avec la province du Gansu.
Pour Yuan Gangming, chercheur à l'Institut de l'économie chinoise et mondiale de l'Université Tsinghua, les indicateurs fondés sur l'activité économique actuelle, comme la consommation d'électricité et le volume de logistiques ferroviaires, suggèrent une situation réelle plus alarmante par rapport aux chiffres indiqués.
En soulignant que si la croissance continue de baisser légèrement de 0,1% chaque trimestre, alors celle-ci pourrait se trouver autour de 7% au cours du 4e trimestre cette année.
« Donc, cela n’aurait pas de sens pour Beijing de maintenir le taux à 7,5. Ce serait irréaliste », a noté Yuan.
Dans le Shanxi, la chute des prix du charbon a paralysé l’économie de la province, étant totalement dépendante des ressources naturelles, tandis que l'étendue de la corruption généralisée a laissé la bureaucratie locale dans un état de désarroi, difficile dans ces conditions de faire face aux difficultés économiques.
Trois provinces dans le nord de la nation ont été durement touchées. Le taux de croissance du Liaoning, un centre de fabrication industrielle qui s’est rapidement développé au cours des années précédentes, est tombé à 5,8% l'an dernier, le deuxième taux le plus bas en Chine.
Le taux de croissance dans le Heilongjiang, région connue notamment pour son industrie pétrolière, s’est limité à 5,6% en 2014. La province a décidé de réduire sa production annuelle de pétrole de 1,5 million de tonnes. Or la chance semble plutôt mince pour refaire repartir l’économie en raison de la chute des prix de l’or noir.
« La situation de ces provinces nous montre ce que pourrait être un véritable ‘atterrissage brutal’, a fait observer Liu Qiao, professeur de finance à l'école de gestion de Guanghua à l'Université de Beijing, « en mettant à nu les problèmes dans le modèle de croissance traditionnel ».
« Le taux de croissance peut être améliorée en augmentant le taux d'investissement ou du moins d’en améliorer l'efficacité, celle-ci serait cependant difficile à réaliser à court terme. Dans ce cas, l’augmentation du taux d'investissement reste un expédient ».
Yuan Gangming a pourtant certaines réserves sur les mesures de relance basées sur les investissements dans les infrastructures. Selon lui, la meilleure solution consisterait à assouplir les conditions monétaires et à augmenter l’approvisionnement monétaire.
Néanmoins, l’enseignant rejoint de nombreux économistes chinois quant à l'abandon des objectifs de la croissance du PIB, indiquant la possibilité de seulement avancer un chiffre comme une simple « prévision ».