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Une usine chinoise dans l'Ohio redonne espoir à des habitants au chômage

Xinhua | 24.09.2015 08h54

"On est vraiment ravis d'être ici parce que c'est l'occasion de démarrer aux tout débuts d'une nouvelle société", se réjouit Timi Jernigan, un habitant de l'Ohio tout heureux de sa nouvelle carrière dans une usine construite par une entreprise chinoise dans cet Etat du centre-ouest des Etats-Unis.

Sans emploi stable depuis des années, cet ouvrier spécialisé de l'industrie automobile est devenu en janvier dernier l'un des 50 premiers résidents de Dayton à être embauchés par Fuyao Glass America, filiale du premier fabricant chinois de verre automobile.

L'équipementier a investi plus de 360 millions de dollars pour construire une usine à Moraine, au sud de Dayton, devant créer à terme plus de 1.500 emplois dans la région. L'investissement comprend le rachat en mai 2014 de l'ancienne usine d'assemblage de camions de General Motors (GM) d'une surface de 450.000 mètres carrés.

Ces investissements chinois ont redonné espoir à des milliers d'habitants de la région qui avaient perdu leur emploi en 2008, lorsque GM a fermé l'un de ses sites à Dayton, la quatrième plus grande métropole de l'Ohio.

Timi Jernigan a été embauché par Fuyao en tant qu'ouvrier spécialisé. Il travaille 40 heures par semaine avec un bon salaire et des prestations sociales, dont une assurance maladie et un régime de retraite.

"En tant qu'habitant de longue date ici, ça fait du bien de voir que Fuyao nous donne une chance de l'aider à fabriquer ses produits et de réussir ici dans notre pays", confie M. Jernigan dans un entretien à Xinhua.

Une partie de ses responsabilités est de veiller à ce que les équipements nécessaires à l'opération de trempage disposent de suffisamment d'énergie, d'électricité et d'eau, entre autres.

Ce n'est qu'au tout début de cette année que M. Jernigan a songé à postuler à l'usine Fuyao de Dayton, une cité connue comme "la ville de GM", où des générations d'habitants ont travaillé sur les sites du géant américain de l'automobile.

Timi Jernigan s'est bien entendu avec ses collègues chinois, envoyés par Fuyao à Moraine pour former leurs homologues américains. "On aime travailler avec nos collègues chinois, on apprend beaucoup", confie-t-il en souriant.

Dans une entreprise chinoise, "on encourage l'intégration. Même à un niveau inférieur, ils nous impliquent dans les prises de décision (et) comptent sur notre expérience", note M. Jernigan.

En comparant son expérience à Fuyao avec son précédent emploi à GM, il observe que ses employeurs chinois "nous ont laissé faire nos essais en nous faisant confiance. Mais dans une société américaine, vous devez faire tout un chemin pour gagner cette confiance".

Avec les barrières linguistiques et culturelles, il n'est pas facile pour les employés américains de faire équipe avec des partenaires d'un pays totalement différent, mais tous essaient de surmonter les difficultés dans leurs échanges quotidiens avec les collègues chinois.

"Les Américains et les Chinois ont des approches et une compréhension différentes des priorités", observe John Gauthier, président de Fuyao Glass America. "Mais on a grosso modo le même travail à faire. Il faut construire l'usine et la faire marcher".

Timi Jernigan est témoin de la croissance de Fuyao à Moraine, avec la rénovation de l'usine de 140.000 mètres carrés et des tests des équipements installés cet été.

Il y a sept mois, l'usine était vide et comptait plusieurs fosses vides, témoins du déménagement des matériels de GM. Mais aujourd'hui, elle compte quatre lignes de production d'équipements verriers automobiles et une ligne de pièces de rechange comptant plus de 200 employés.

"Quand je suis entré pour la première fois dans l'usine, elle était vide. On pouvait franchir une porte et voir absolument tous les murs. Maintenant, quand vous entrez, vous voyez toutes ces machines installées en si peu de temps. De voir comment tout ça a été installé aussi vite, ça a été la plus grande surprise", confie Johnny Withrow, chargé de l'assemblage du verre laminé.

Selon le calendrier prévu, le site de Moraine va commencer à produire en masse dès octobre.

Robert Semons, un autre ex-employé de GM et désormais ouvrier à Fuyao, salue également cet investissement, pensant que ça vaut le coup de travailler pour l'entreprise chinoise.

"La plupart (des) emplois que j'ai occupés depuis que GM a fermé ici se trouvaient à 95-130km en voiture et le salaire était moins bon", se souvient M. Semons, qui a suivi des conférences de présentation de Fuyao dans un collège local lorsque la société a mis les pieds à Moraine.

Le site de Moraine, le plus grand projet d'investissement chinois dans la région de Dayton, est largement considéré comme une lueur d'espoir pour la communauté locale. D'autant que la fermeture de l'usine GM en 2008 a porté un coup dur à la région, déjà éprouvée par le départ de l'équipementier automobile Delphi.

Dans le but de sécuriser cette présence chinoise, la mairie de Moraine a promis de reverser à Fuyao des "recettes futures" si la société chinoise remplissait certaines exigences en matière de création d'emplois, de formation des employés et d'achat d'équipements, précise Dave Burrows, ancien vice-président de la Coalition pour le développement de Dayton, une agence locale de promotion des investissements qui a aidé à faire venir Fuyao. Il est désormais vice-président de Fuyao Glass America.

Il est difficile d'évaluer l'impact de l'entreprise sur l'économie locale, l'usine venant à peine de s'établir, mais "on a déjà vu quelques résultats significatifs", assure M. Burrows à Xinhua.

Les équipements de l'usine, comme le four, ont été fabriqué par Glass Tech, une société américaine située à seulement deux heures de route de Moraine, indique Dave Burrows, ajoutant que Fuyao a dépensé beaucoup d'argent dans cette société.

"Entre 2024 et 2034, cette région sera une zone de grands investissements chinois. Dans vingt ans, on verra des milliards de dollars en import-export et des milliards de dollars de chiffre d'affaires pour les entreprises chinoises et américaines", prédit M. Burrows qui note que les deux parties "bénéficient de cet investissement" réalisé en 2014.

L'investissement direct de 360 millions de dollars de Fuyao "a un effet multiplicateur important" pour l'économie locale, estime Kristi Tanner, directrice générale de JobsOhio, une agence de promotion des investissements directs dans l'Etat.

Selon un récent rapport du cabinet de conseil Rhodium Group, les entreprises chinoises sont présentes désormais dans 340 de 435 circonscriptions des Etats-Unis, employant plus de 80.000 Américains.

Les entreprises chinoises dépensent des centaines de millions de dollars chaque année en recherche et développement, créant des liens entre les deux pays qui peuvent favoriser les exportations de biens et services américains.

Le rapport prédit que les Etats-Unis vont bénéficier entre 100 et 200 milliards de dollars d'investissements chinois en 2020 et que les filiales américaines de sociétés chinoises vont augmenter de 200.000 à 400.000 leur nombre d'emplois à temps plein.

Les perspectives d'emploi aux Etats-Unis pourraient même être grandement améliorées en cas de percée dans les négociations du Traité d'investissement bilatéral (TIB) sino-américain. Celle-ci pourrait intervenir à l'occasion de la première visite d'Etat du président chinois Xi Jinping aux Etats-Unis, prévue du 22 au 25 septembre, la première depuis qu'il a pris ses fonctions de président en 2013.

(Rédacteurs :Wei SHAN, Guangqi CUI)
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