Dernière mise à jour à 08h15 le 13/04
Il est peu probable que la monnaie chinoise, appelée renminbi (RMB) ou yuan, subira un forte dévaluation cette année, et ce malgré le ralentissement de la croissance économique et des exportations chinoises, a déclaré lundi un expert américain.
"Je pense que nous n'assisterons ni à une phase de forte dévaluation ni à une forte dépréciation déterminée par les marchés" du RMB cette année, a déclaré Nicholas Lardy, chercheur à l'Institut Peterson d'économie internationale et expert de premier plan sur l'économie chinoise, lors d'un séminaire sur les perspectives économiques mondiales.
"Je ne suis pas d'accord avec l'argument selon lequel la monnaie chinoise est considérablement surévaluée. Je n'accepte pas non plus l'argument selon lequel la Chine a perdu sa compétitivité", a indiqué M. Lardy, ajoutant que la Chine a réussi à déplacer la chaîne de valeur vers des produits à une plus forte valeur ajoutée et que sa part d'exportations mondiales a continué de progresser au cours des dernières années en dépit de la forte revalorisation du RMB.
L'excédent du compte courant de la Chine était d'environ 300 milliards de dollars l'année dernière, soit le plus important dans le monde, ce qui indique que la Chine n'a pas besoin de dévaluer sa monnaie pour stimuler la croissance économique, a expliqué M. Lardy.
L'expert a également réfuté l'affirmation selon laquelle les forces du marché vont imposer une forte dépréciation du RMB, car les réserves de change de la Chine sont "exagérées" et "diminuent rapidement".
Les réserves de change de la Chine ont chuté d'environ 513 milliards de dollars en 2015, soit la plus forte baisse annuelle enregistrée, mais environ un tiers de la baisse reflète l'effet de valorisation plutôt que d'une sortie réelle des réserves, selon M. Lardy.
Depuis la revalorisation du dollar américain par rapport à l'euro, au yen et à d'autres monnaies qui a débuté fin 2011, la valeur des actifs financiers non-dollar dans les réserves de change de la Chine mesurée en dollars est en baisse, a-t-il expliqué.
Une grande partie de la baisse des réserves reflète effectivement le fait que les entreprises chinoises ont remboursé leurs emprunts en devises, a déclaré M. Lardy, ajoutant que les créances transnationales des banques étrangères sur leurs contreparties chinoises avaient diminué d'environ 235 milliards de dollars pour atteindre 875 milliards de dollars à la fin du troisième trimestre 2015.
"Cela fait partie des sorties de capitaux, mais je ne pense pas que cela doive être considéré comme une fuite de capitaux, et il n'y a certainement pas de changement dans la position financière internationale de la Chine (après cet ajustement)," a-t-il indiqué.
"Je pense que l'argument selon lequel la baisse des réserves résulte de la panique des Chinois continentaux qui souhaitent retirer leurs capitaux à l'étranger est un peu trompeur", a déclaré M. Lardy. "Je pense que cela reflète en grande partie des actions des investisseurs et des sociétés en réponse au changement dans les anticipations de taux de change et d'écarts de taux d'intérêt."
Les réserves de change de la Chine ont augmenté de 10,26 milliards de dollars pour s'élever à 3.210 milliards de dollars en mars, soit la première hausse depuis novembre dernier, soulageant les craintes d'une spirale descendante de sorties de capitaux et de faiblesse de la monnaie.
Les autorités chinoises ont déclaré à plusieurs reprises que la dévaluation durable de leur monnaie est sans fondement.
Les analystes étaient convaincus que le rythme des sorties de capitaux en provenance de Chine étaient susceptibles de ralentir dans les prochains mois, la Réserve fédérale américaine ayant signalé un ralentissement du rythme de la hausse des taux d'intérêt cette année et l'économie chinoise montrant des signes de réchauffement.