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Barack Obama fait son mea culpa sur la Libye

le Quotidien du Peuple en ligne | 12.04.2016 15h26

Le président américain Barack Obama a récemment accordé une interview à Fox News, qui lui a demandé quelle a été la plus grande erreur de son mandat. Il a répondu que c'est de ne pas avoir d'abord proposé un bon plan pour renverser le régime de Kadhafi en Libye. Néanmoins, le Président américain a insisté sur le fait que l'intervention dans la politique libyenne en général a quand même été une bonne décision. Ce qui ne l'avait pas empêché, dans une autre interview accordée auparavant à l'Atlantic Monthly, d'aborder plus en profondeur l'échec de l'action de l'Occident en Libye, et d'admettre que la Libye d'aujourd'hui est un « gâchis ».

La Libye n'est ni plus ni moins qu'un Etat en faillite, presque oublié par les médias occidentaux. La confusion qui règne là-bas, les difficultés dans la vie quotidienne des gens constituent un défi pour l'intervention occidentale, et la Libye d'aujourd'hui, plongée dans le désordre, est une chose qui est tout sauf agréable pour l'Occident, et c'est pourquoi tant de médias ont choisi le silence.

C'est peut-être parce que le Président Obama a parlé d'une « erreur » qu'il a faite qu'il a choisi la Libye, pour laquelle les Etats-Unis et l'Occident n'ont plus guère d'intérêt, et que, dans l'agitation politique qui a amené le renversement de Kadhafi, le rôle de la coalition occidentale menée par les Etats-Unis n'a pas été important. Cependant, cette légère « autocritique » de Barack Obama a en fait par inadvertance touché un problème profond dans le monde d'aujourd'hui, qui est que, lorsque les pays occidentaux encouragent des bouleversements dans un pays du Tiers-Monde, l'absence de plan de suivi est en fait la norme. L'Occident se contente de détruire, et ne se préoccupe pas de la construction, et que les pays affectés par ce genre d'impact aient une chance ou non d'aller vers une démocratie et une prospérité véritables, ou vont en revanche tomber dans l'abîme de la guerre ou des troubles, dépend en fait de leur propre chance.

L'Allemagne, l'Italie et le Japon sont des pays industrialisés qui ont été détruits à l'époque par la Seconde Guerre mondiale ; la reconstruction d'après-guerre est très rapidement partie sur la bonne voie, mais après les bouleversements qu'a connus l'Europe de l'Est, la situation est devenue plus compliquée. Cependant, vingt ans après, la plupart des pays actuels ont sensiblement maintenu leur niveau relatif de développement d'alors en Europe, et fort peu ont connu l'exemple d'un véritable bond en avant. Quand le « Printemps arabe » est arrivé, les bases modernes de la Libye étaient très faibles, sa structure sociale était marquée par un fort tribalisme avec presque aucune interface de la civilisation occidentale.

A l'époque de la guerre en Irak, les États-Unis avaient mis en œuvre, pour le monde arabe, le concept arrogant d'une « transformation démocratique du Grand Moyen-Orient », et après l'échec de ce programme en Irak, les États-Unis et l'Occident en ont conçu une certaine frustration. Lorsque la guerre a éclaté en Libye, l'objectif de la France, de la Grande-Bretagne et d'autres ne consistait qu'à prouver la capacité d'intervention de l'Europe à l'étranger. Il est hélas à craindre qu'alors ces pays n'ont même pas songé au modèle que pourrait suivre une Libye débarrassée de Kadhafi, ni sur quelles ressources elle pourrait se fonder pour assurer sa transition vers l'avenir.

Il faut bien reconnaître qu'aujourd'hui la capacité des États-Unis à assurer une aide de grande ampleur à l'étranger pour des buts politiques a atteint son niveau historique le plus bas depuis la Seconde Guerre mondiale, et l'Europe n'a pas les moyens d'y participer. Le Plan Marshall mis en place par les États-Unis avait à l'époque permis de prendre en charge l'ensemble de l'Europe, mais aujourd'hui, les États-Unis et l'Europe auront probablement bien du mal à assurer une reconstruction de la Libye.

La démocratie de style occidental se base sur le principe d'encourager tout le monde à rechercher un maximum d'avantages, mais ce genre de système doit pour cela disposer d'une richesse en termes de ressources matérielles pour la garantir. Certains endroits frappés par une forte pauvreté imitent le système occidental, et on imagine les difficultés et embarras que cela peut causer. Chez de nombreux Libyens, les beaux espoirs, mais aussi la confiance et les attentes envers l'Occident que portait ce genre de système ont été complètement détruits.

Tant de personnes sont mortes en Libye, et dans la Syrie d'aujourd'hui un grand nombre de gens ont aussi perdu la vie. Mais en plus, l'Etat islamique a émergé, et le coût social est si douloureux que la majorité des gens n'ont probablement pas la moindre idée de l'époque où le « Printemps arabe » a pu commencer. Par rapport à d'autres politiciens occidentaux, il faut bien reconnaitre toutefois que Barack Obama est encore relativement rationnel, et que c'est quelqu'un qui, parfois, est prêt à dire la vérité. Il a dit que, plus tard, quand il lui a été demandé d'intervenir militairement dans le pays, il s'est posé plusieurs interrogations.

Cependant, l'inertie des interventions occidentales, fondée sur l'arrogance et l'égoïsme, reste puissante et têtue. Il y a un grand afflux de réfugiés vers l'Europe, et cela n'a pas pour autant amené l'Occident à se livrer à beaucoup de réflexions sur la base de la situation extérieure. Toutes ces années n'ont pas appris aux États-Unis et à l'Europe à mieux reconnaitre et accepter la diversité du monde, et c'est pour cela que l'avenir du monde est encore marqué par un grand suspense, et cela en est la cause fondamentale.

(Rédacteurs :Guangqi CUI, Wei SHAN)
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