Dernière mise à jour à 14h02 le 04/12
En tant que deuxième économie mondiale avec 82 710 milliards de yuans (11 910 milliards de dollars) en 2017, en hausse de 6,9% sur les exportations et s'orientant de plus en plus vers la consommation, des secteurs tels que les services attirent autant l'attention que les moteurs de croissance traditionnels tels que la fabrication et les infrastructures, que certains croient actuellement en difficulté.
Selon Liu Aihua, porte-parole du Bureau national des statistiques, « Une croissance stable des revenus soutiendra la croissance de la consommation à un niveau constant, fournissant une base solide à l'ensemble de l'économie cette année ».
Pour les économistes, il semble que les craintes d'un éclatement de la bulle de la dette ne suscitent plus la terreur. L'accent est désormais mis sur le succès de la politique de réforme et d'ouverture, ainsi que sur de nouvelles mesures pour maintenir des taux de croissance élevés en réduisant les risques potentiels et en stimulant l'expansion des segments d'activité émergents.
Parmi ces mesures, la poussée vers les services a attiré l'attention des experts en économie. Car, au sein des services, des segments tels que l'éducation extrascolaire connaissent une demande énorme et enregistrent une croissance fulgurante.
Les experts estiment quant à eux que cela laisse espérer que les objectifs de croissance annuelle du produit intérieur brut ou du PIB d'environ 6,5% pour 2018 seront probablement atteints quoi qu'il advienne. Les sceptiques pourront peut-être contester de tels points de vue, mais, ces derniers jours, une rue calme de l'ouest de Beijing semble constituer un témoignage tacite mais convaincant que l'optimisme des experts envers l'économie chinoise est bien fondé.
Là, une foule de jeunes parents et leurs enfants ont convergé un samedi matin de novembre. Ils étaient impatients de se frayer leur chemin à travers un passage menant à un centre commercial moderne. La porte principale était toujours fermée, mais un passage caverneux en forme de tunnel a emmené les enfants et leurs parents au troisième étage. Leur destination était une zone abritant plus de 20 centres de formation pour enfants. Ces entreprises commerciales à but lucratif nouvellement créées ciblent les enfants âgés de 3 à 16 ans. On y trouve des centres de natation pour bébés, des ateliers de peinture, des salles de danse et des centres d'innovation en robotique.
Derrière un mur de verre, Gao Ruixue, une jeune mère, observe sa fille de 5 ans se dresser sur la pointe des pieds avec précaution, dans une classe de ballet. « Heureusement, cette fois, nous n'étions pas en retard », a-t-elle soupiré.
Pour des parents tels que Mme Gao, pouvoir trouver une place pour leurs enfants dans des centres de formation comme celui-ci est un gros problème. Ils y consacrent beaucoup d'argent, d'énergie et de temps. Mais ce faisant, ils contribuent aussi à faire tourner les rouages de la macroéconomie. Elle parcourt 15 kilomètres pour amener sa fille à la classe de ballet qui commence à 9 heures. Pendant les deux heures de cours, les parents comme elle s'assoient et attendent à l'extérieur de la salle.
Cette scène est plus ou moins la même à l'extérieur de chaque centre : de longues files de parents sur des bancs et des groupes de parents qui restent debout parce qu'il n'y a pas assez de chaises pour s'asseoir. Entre eux, de petites discussions, un sens partagé des réalisations et un peu d'anxiété.
« Je viens de payer 28 000 yuans pour les frais de cours de l'année prochaine pour ma fille. C'est pour 90 heures, mais le prix aurait pu être plus élevé si je l'avais versé en retard », a déclaré Mme Gao. Dès que le cours de danse est terminé, elle emmène sa fille dans un autre centre voisin, cette fois pour un cours de langue anglaise.
Sans surprise, le smartphone de Mme Gao intègre le compte bancaire de sa famille, auquel elle accède de temps à autre pour payer cette facture ou autre chose. Mme Gao et son mari touchent environ 40 000 yuans de revenus mensuels après impôt, dont 30%, soit 12 000 yuans, sont consacrés aux frais d'apprentissage de leur fillette. 10 000 yuans, soit un quart de leur revenu mensuel, vont aussi au remboursement de leur emprunt immobilier. « Nous songeons à un second enfant, mais, compte tenu des implications financières, nous hésitons encore », a déclaré Mme Gao.
L'importance de ces centres d'apprentissage florissants du nouvel âge est amplifiée dans le centre commercial où les magasins de mode et autres ont fermé en raison des loyers élevés.
Mais, de leur côté, les dirigeants des centres d'apprentissage ne sont inquiets. « Nous avons plus de 1 000 enfants sur nos listes », a déclaré Wang Yuxuan, consultante en vente du centre de formation en ballet. « Le loyer n'est pas un problème pour nous. Avec l'augmentation du nombre d'adhérents, nous allons même ouvrir une nouvelle succursale l'année prochaine ».
Selon un rapport de recherche de Tencent basé sur une enquête menée auprès de 1 500 familles chinoises, environ 22% du revenu annuel des familles en moyenne est consacré aux dépenses des enfants. Et l'éducation représente la plus grande partie de cette partie. L'éducation parascolaire des enfants en tant que produit de consommation augmente de 21% par an. D'après le rapport de Tencent, la consommation liée aux enfants en Chine devrait représenter un marché de 4 500 milliards de yuans cette année.
Si cette tendance se concrétisait, cela représenterait plus de 10% du total des ventes au détail en Chine, qui devraient progresser de près de 9% cette année pour atteindre 40 000 milliards de yuans.
Les économistes sont d'accord pour dire que c'est une bonne nouvelle. En effet, cette année, les exportations et les investissements en immobilisations de la Chine font face à une pression au ralentissement. Ils estiment que la consommation est ainsi devenue l'un des piliers sur lesquels repose la croissance globale du PIB.
Les données du Bureau national des statistiques ont montré qu'au cours des trois premiers trimestres de cette année, les dépenses par habitant en Chine ont atteint 14 281 yuans, en hausse de 8,5% sur un an. Le taux de croissance est lui-même plus élevé, il était de 7,5% au cours des trois premiers trimestres de 2017. Les données de la BNS ont par ailleurs montré que près de 11% des dépenses par habitant étaient consacrées à l'éducation, à la culture et aux loisirs.
Parallèlement, le revenu disponible par habitant des résidents chinois a atteint 21 035 yuans entre janvier et août, contre 19 342 yuans un an auparavant.
Certains économistes estiment que les secteurs économiques traditionnels pourraient encore générer une croissance d'environ 6,5%, qui est l'objectif de cette année. Les données du BNS ont montré que les nouvelles activités liées à la capacité de savoir, à la vitalité économique, à l'innovation et à l'économie de l'internet se sont renforcées, atténuant les inquiétudes quant aux risques exerçant une pression à la baisse sur la croissance.
« L'économie de l'Internet, en particulier le commerce électronique, maintient une très forte dynamique de croissance, ainsi que des modèles de consommation émergents tels que les achats de niche en ligne », a déclaré Ye Jingyi, économiste en chef au BNS.
La Chine reste le plus grand marché du commerce électronique au monde, avec des ventes en ligne de 307,4 milliards de dollars au premier trimestre de cette année, en hausse de 35,4% sur un an. Selon un rapport de PwC, un réseau mondial de services professionnels, aux États-Unis, les ventes au détail en ligne au premier trimestre ont atteint 123,6 milliards de dollars, en hausse de 16% d'une année sur l'autre.
D'après Goldman Sachs, la consommation en Chine pourrait contribuer à hauteur de 4,9 points de pourcentage du taux de croissance attendu du PIB de 6,6%, supérieur aux 4,5 points de pourcentage l'an dernier. Toutefois, la consommation devrait ralentir l'année prochaine et ne plus contribuer que pour 4,3 points de pourcentage à la croissance du PIB.
Le « marché du travail toujours solide et la croissance régulière des salaires » pourraient soutenir les prévisions positives concernant la consommation chinoise en 2019, a de son côté déclaré MK Tang, économiste chez Goldman Sachs.