Dernière mise à jour à 15h41 le 06/12
Comme le dit le proverbe chinois, une graine peut changer le monde ; une variété peut profiter à une nation. Zhang Daorong, qui a passé les 26 dernières années à cultiver 13 nouvelles variétés de blé et à contribuer aux efforts nationaux de sécurité alimentaire, a fait les deux.
Cette femme de 50 ans, surnommée la « mère du blé », est chercheuse à l'Académie des sciences agricoles de Xiangyang, dans la province du Hubei (centre de la Chine). Xiangyang est la plus grande zone de production de blé de la province, et le rendement de la ville représente plus de 40% du total provincial.
Zhang Daorong se tient devant un champ planté de différentes variétés de blé à Xiangyang, dans la province du Hubei. (China Daily)
Les variétés de blé développées par Mme Zhang et ses collègues ont été cultivées sur 2 millions d'hectares de terres agricoles et ont généré des bénéfices nets de plus de 100 millions de yuans (14 millions de dollars). L'une d'elles produit de grosses têtes porte-graines et est très résistant à la rouille jaune ; une autre est très résistante à la germination avant récolte, un problème qui entraîne une diminution du rendement en grain et affecte la qualité de la farine et la valeur des graines pour l'année suivante. Certaines sont aussi plus adaptées à la fabrication du pain, et d'autres font partie des matières premières utilisées pour fabriquer la levure de distillerie de la célèbre marque d'alcool Kweichow Moutai.
Selon Mme Zhang, la recherche de nouvelles variétés nécessite des normes strictes et des expérimentations rigoureuses. « La première étape consiste à trouver des types parentaux appropriés pour un objectif de culture spécifique. Ensuite, nous essayons une combinaison hybride », a-t-elle expliqué. « Après plusieurs générations d'essais et de sélection, et lorsque les caractéristiques restent stables, nous commençons un processus de deux ans de test de rendement et d'identification des maladies ».
Après plusieurs autres séries de tests, une demande d'évaluation et d'approbation peut être présentée aux autorités provinciales ou nationales pour la production commerciale.
« D'une manière générale, une bonne nouvelle variété doit produire des rendements élevés et une production stable, montrer une bonne résistance aux mauvaises conditions et être acceptable pour le marché », a ajouté Mme Zhang.
Le blé est semé fin octobre et mûrit fin mai et début juin. Pendant la période de jachère de juin à septembre, la chercheuse a souligné qu'elle ne se repose pas car il y avait tellement de travail à faire, en particulier la destruction des données, la sélection des semences et la planification des semis d'automne.
Dans son bureau, il y a un tas de 2 mètres de matériaux liés à une variété cultivée depuis 18 ans. Mme Zhang a indiqué que l'équipe a planté 70 000 à 80 000 plants chaque année et est stricte quant à la conduite d'expériences, la réalisation de dossiers et d'analyses, avant d'être approuvée en 2015. « Les technologies clés et essentielles ne peuvent être ni prises, ni achetées ou ni mendiées », a-t-elle souligné.
Lorsqu'elle a obtenu son diplôme de l'Université agricole Bayi du Heilongjiang à Daqing, dans la province du Heilongjiang (nord-est de la Chine), en 1996, Zhang Daorong ne pensait pas qu'elle s'occuperait d'agriculture pour le reste de sa vie. Lorsqu'elle est retournée dans sa ville natale de Xiangyang et a rejoint l'académie en 1997, elle n'était pas entièrement satisfaite du travail au début car le salaire était bas.
Cependant, au cours des deux dernières décennies, les conditions de travail et les revenus des chercheurs se sont améliorés, et elle a également tiré un grand sens de la réussite de ses études en agriculture.
Selon Mme Zhang, avec l'économie nationale et mondiale toujours confrontée aux vents contraires de la pandémie de COVID-19, il est de sa responsabilité de travailler dur et de contribuer à la sécurité alimentaire. « Le travail de recherche agricole est dur et compliqué. Parfois, vos efforts ne rapportent pas. Tout ce que nous pouvons faire alors, c'est réfléchir davantage, discuter davantage, poser plus de questions et trouver des réponses sur le terrain », a-t-elle noté.
Aujourd'hui, l'équipe de Zhang Daorong développe un blé semi-hivernal qui produit des rendements élevés.
De son côté, Zhou Fangju, chercheur à l'académie, a souligné que Mme Zhang se soucie également des villages et des agriculteurs et encourage leurs recherches dans les zones rurales. « Elle enseigne également aux jeunes chercheurs. Son esprit d'innovation, son dévouement au travail et son empathie pour les gens nous inspirent », a-t-il noté.