Par Ren Yaqiu
Le Ministre français des Affaires Etrangères Laurent Fabius a récemment publié un communiqué de presse, disant que le développement de la situation ne montre pas de signes positifs tels que les espérait la France.
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Le Ministre français des Affaires Etrangères Laurent Fabius a récemment publié un communiqué de presse, disant que le développement de la situation ne montre pas de signes positifs tels que les espérait la France. Bachar el-Assad est toujours au pouvoir, et l'alliance de l'opposition ne s'est pas montrée en mesure de le prendre. Il s'est montré pessimiste face au peu de progrès réalisés, et dit que l'objectif est encore « éloigné ».
Comme on peut le voir dans ces remarques, le Gouvernement français estime qu'il y a peu de chances que le régime syrien soit renversé dans un proche avenir. C'est tout le contraire de ce qu'il pensait il y a quelques mois. Dans un premier temps, la France estimait que l'opposition armée en Syrie, forte d'un soutien actif des pays occidentaux aurait été en mesure de prendre rapidement Damas et de renverser le régime actuel dirigé par Bachar el-Assad. Pour cette raison, la France, craignant que les Etats-Unis ne prennent la main, s'est dépêchée de reconnaître l'Union nationale de l'opposition syrienne et des forces révolutionnaires (ci-après dénommée l'« Union Nationale ») créée en novembre de l'année dernière, comme «représentante légitime du peuple syrien », et accepté que l'organisation envoie des « ambassadeurs ». Mais aujourd'hui, elle se sent impuissante face à la situation apparemment inextricable en Syrie. Pourquoi ce si grand changement de position de la France ? Les réponses sont à chercher dans l'impasse que connaît la Syrie, plongée dans une situation de guerre civile, et la situation internationale.
Tout d'abord, la bataille entre l'opposition armée en Syrie avec l'armée régulière syrienne est toujours dans l'impasse. Que ce soit à Damas, à Homs, à Alep ou à Idlib, l'armée syrienne et l'opposition armée s'affrontent dans une bataille rangée. L'opposition armée syrienne a bien occupé des villes environnant Damas, mais elle n'a pas été en mesure d'entrer dans la zone centrale de Damas proprement dite. Dans le même temps, le gouvernement syrien continue de renforcer ses propres forces militaires. Récemment, il a commencé à mettre sur pied des groupes de citoyens armés baptisés « Armée de défense nationale » pour aider les forces régulières à résister aux attaques de l'opposition armée. Pendant ce temps, l'Iran et la Russie continuent aussi, à leur manière, à soutenir le régime syrien actuel.
Deuxièmement, l'opposition intérieure est encore divisée. Les dirigeants de l'opposition ont récemment tenu leur deuxième consultation dans la ville d'Istanbul, en Turquie, souhaitant constituer un futur « gouvernement » pour remplacer le régime de Bachar el-Assad, essayant de s'organiser et d'élire un Premier ministre par intérim, mais leur tentative a échoué en raison de divergences internes de l'opposition. Cette situation affaiblit l'influence et l'attractivité de l'Alliance nationale syrienne, et rend difficile l'intégration de l'opposition.
Une autre raison est que la récente guerre au Mali détourne quelque peu l'attention de la France. Le 10 de ce mois, les forces extrémistes islamiques armés, enracinées dans le Nord du Mali, ont lancé une attaque vers le Sud du Mali, s'affrontant violemment dans le centre-ville de Kona (située à environ 600 km au nord-est de la capitale, Bamako), avec les forces gouvernementales qui y étaient stationnées. Dioncounda Traoré, président par intérim du Mali, a alors envoyé une lettre au Secrétaire général des Nations Unies et au Président français, demandant une aide d'urgence. L'armée française alors envoyé des avions militaires et des troupes au sol pour aider l'armée malienne et commencé ses opérations militaires contre les groupes islamiques armés. Cet événement soudain a fait que la France s'est détournée de la Syrie, tandis que l'accent principal a été mis sur le Mali. Du point de vue des considérations géopolitiques, le Mali est évidemment plus important que la Syrie.
Le Mali est une ancienne colonie française, des liens historiques extrêmement solides unissent les deux pays. En outre, la France est l'une des principales cibles des extrémistes islamistes dans le Nord du Mali. Il y a quelque 6 000 Français qui résident au Mali, et si la capitale Bamako était tombée, les conséquences auraient pu être désastreuses. En outre, dans un pays voisin du Mali, le Niger, il y a une mine d'uranium comprenant des investissements français. Si ces forces extrémistes ne sont pas détruites, ce sont les intérêts français dans la région de l'Ouest-africain qui auront à en pâtir. Il sera aussi difficile à la France, une fois impliquée dans la guerre contre le terrorisme au Mali, de s'en écarter rapidement. Dans les circonstances actuelles, la question syrienne ne peut qu'être temporairement mise de côté. Même les efforts de la France pour continuer de fournir un soutien seront limités.
Quant aux Etats-Unis, du fait de problèmes économiques, ils ne sont pas disposés à faire de grands efforts en Syrie. Si l'opposition syrienne perd le puissant soutien de ces deux puissances occidentales, sa puissance sera considérablement réduite. Cela peut donner une opportunité au travail de médiation de l'envoyé spécial des Nations Unies et de la Ligue Arabe en Syrie, Lakhdar Brahimi. Après tout, le peuple syrien a terriblement souffert de la guerre civile entre les deux parties. La guerre a déjà coûté la vie à 60 000 personnes et 570 000 personnes sont devenues des réfugiés. A présent, si l'on veut résoudre la crise nationale, les représentants de l'opposition et du régime actuel doivent s'asseoir ensemble à la table des négociations.