Après une guerre de 11 ans menée contre lui, le terrorisme international affiche aujourd'hui de nouvelles caractéristiques. C'est ainsi que des organisations extrémistes islamiques comme Al Qaida et d'autres continuent leur pénétration et leur expansion en Syrie, et que des extrémistes islamiques algériens ont enlevé de nombreux otages occidentaux en représailles contre l'envoi par la France de troupes au Mali. Il y a de plus en plus d'indices montrant que la diffusion et la pénétration d'Al Qaida sont devenues une importante manifestation de l'effet de contagion de la crise qui frappe le Moyen-Orient.
Les changements spectaculaires au Moyen-Orient ont incité Al Qaida à procéder à des ajustements stratégiques. Initialement, les groupes de réflexion occidentaux estimaient que le « Printemps arabe » affaiblirait l'idéologie de « jihad » d'Al Qaida, rendant l'idéologie de base des « pays islamiques » plus acceptable. Cependant, avec la détérioration de la situation constatée dans certains pays, la communauté internationale a pris conscience que les difficultés économiques et des troubles sociaux ont redonné une nouvelle jeunesse à l'idéologie d'Al Qaida, ce qui a conduit à la reprise du terrorisme international. En fait, la réaction d'Al Qaida face au « Printemps Arabe » est passée d'une réponse passive à une participation active. Al Qaida estime, en essayant de détourner l'idéologie du « Printemps Arabe » à son profit, que l'objectif du « Printemps Arabe» est de renverser les dictateurs arabes, mais que si les « ennemis proches » d'Al Qaida sont les dictateurs arabes, les « ennemis éloignés » sont l'Occident, et surtout les Etats-Unis, et que la lutte contre ces « ennemis proches » et ces « ennemis éloignés » est le devoir sacré des musulmans.
En Afrique du Nord, Aqmi (Al Qaida au Maghreb islamique) s'est développée très rapidement. Le Maghreb est la région du Moyen-Orient qui a connu les changements les plus radicaux, notamment en Tunisie et en Libye, qui ont connu un changement de régime, mais plus encore en Libye, où la guerre, qui a conduit à la mise en circulation de nombreuses armes au Maghreb a favorisé le développement et la croissance d'Aqmi. Le mouvement de la jeunesse islamique des Shebabs de Somalie, le Groupe islamique combattant libyen, le groupe extrémiste Boko Haram du Nigeria se sont développés rapidement dans le sillage des changements gouvernementaux radicaux au Moyen-Orient, établissant des liens économiques plus étroits avec Aqmi, ce qui a contribué notamment à une diffusion croissante de cette idéologie en Afrique sub-saharienne. C'est ainsi que Boko Haram a, à plusieurs reprises en 2011, lancé des attaques terroristes au Nigeria, au Mali, au Tchad, en Mauritanie, et il a même été impliqué dans le coup d'Etat de 2012 au Mali. Quant aux Shebabs de Somalie, dont l'objectif est la création d'un émirat islamique en Afrique dans la région des trois frontières en Afrique de l'Est, leur activité est endémique en Ethiopie, au Kenya et en Somalie même.
Dans la Péninsule arabique, la branche locale d'Al Qaida est aussi très active. En janvier 2009, les branches d'Al Qaida en Arabie saoudite et au Yémen ont fusionné en une entité unique, Al Qaida dans la Péninsule Arabique, dont les principales activités ont lieu dans le sud du Yémen. Depuis 2011, avec l'instabilité de la situation au Yémen, la branche d'Al Qaida dans la Péninsule Arabique en a profité pour occuper des villes dans le Sud du Yémen, renforçant progressivement sa sphère d'influence, jusqu'à finir par occuper la capitale de la province d'Abyan, Zinjibar, dans le sud du Yémen et d'annoncer qu'Al Qaida y établissait un « Émirat islamique ». En outre, Al Qaida dans la Péninsule Arabique a des contacts croissants avec les Shebabs du Mouvement de la jeunesse islamique de Somalie.
Les faits mentionnés ci-dessus montrent qu'un nouvel environnement propice au développement du terrorisme international s'est constitué. La situation globale de troubles au Moyen-Orient, exacerbée par les difficultés économiques de certains pays arabes et les graves problèmes de moyens de subsistance, fournissent un terreau plus fertile au terrorisme. L'importance de la lutte contre le terrorisme dans la stratégie américaine au Moyen-Orient décline ; la chute de certains régimes arabes alliés des Etats-Unis dans la guerre contre le terrorisme a conduit à l'affaiblissement de la coopération de la communauté internationale dans cette lutte, et dans une certaine mesure, atténué la pression internationale sur les forces du terrorisme. De même, la crise dans les pays arabes, en particulier la guerre en Libye, en ayant conduit à la prolifération des armes illégales, a également été propice à l'obtention d'armes modernes par des organisations terroristes, leur donnant la capacité de lancer des attaques terroristes à grande échelle.
Le Quotidien du Peuple (3 février 2013, 5e édition)
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