Tous les matins, des gens font la queue devant les portes des magasins Carrefour à Beijing, attendant l'heure d'ouverture pour acheter des oeufs ou des légumes frais en promotion. Cette scène illustre la popularité en Chine du numéro deux mondial de la grande distribution.
CONFIANCE DANS LE MARCHE CHINOIS
Carrefour a adopté ces dernières années une stratégie mondiale plus prudente. Après son retrait des marchés grec et singapourien, l'enseigne française a cédé ses filiales en Colombie, en Malaisie et en Indonésie.
Cependant, en ce qui concerne le marché chinois, l'enseigne française reste confiante. Malgré les difficultés économiques, Carrefour a maintenu en 2012 un rythme d'expansion rapide dans le pays. A ce jour, Carrefour possède 219 magasins dans 65 villes chinoises.
Le PDG de Carrefour, Georges Plassat, a affiché sa confiance dans ce marché lors de sa tournée en Chine en novembre dernier. "Après avoir ouvert 21 hypermarchés en 2012, nous prévoyons 24 nouvelles inaugurations en Chine en 2013", a-t-il déclaré.
D'après le rapport financier de Carrefour pour l'année 2012, le groupe a réalisé un chiffre d'affaires total d'environ 86,56 milliards d'euros, soit une croissance modérée de 1%.
Toutefois, sur le marché chinois, l'enseigne a vu son chiffre d'affaires progresser de 10,8% sur un an à 5,58 milliards d'euros, soit un résultat bien meilleur que dans de nombreux autres marchés.
Depuis 2007, le chiffre d'affaires de Carrefour en Chine a maintenu une progression constante, et, avec 5,58 milliards d'euros réalisés en 2012, il a presque doublé par rapport aux 2,96 milliards d'euros enregistrés en 2007.
SECURITE DES ALIMENTS, NOUVEL ATOUT
Présent en Chine depuis 1995, Carrefour a connu au cours des premières années un succès fulgurant dans le pays, grâce notamment à sa stratégie de localisation, à sa commodité et à ses prix bas. Cependant, l'enseigne doit aujourd'hui trouver et renforcer d'autres atouts.
A l'heure actuelle, la sécurité des aliments est au coeur des préoccupations du gouvernement et du public chinois, et il en va de même pour Carrefour qui désire soigner sa réputation en Chine.
Lors de sa visite en novembre dernier à Shenzhen, métropole du sud du pays, M. Plassat a assuré aux consommateurs chinois que Carrefour s'efforcerait de fournir des aliments "sûrs" à ses clients.
Après l'établissement d'un laboratoire d'analyses alimentaires en 2011 à Beijing, Carrefour a investi 5 millions de yuans pour ouvrir un autre laboratoire de ce type à Shanghai en 2012. Destinés à analyser des échantillons alimentaires issus des hypers de l'enseigne, les laboratoires se concentrent sur la détection d'éventuelles traces de clenbutérol ou d'additifs alimentaires dangereux dans les produits agricoles vendus.
Par ailleurs, le distributeur français s'est efforcé de réduire les coûts et de garantir la traçabilité et la qualité de ses produits agricoles en achetant directement auprès des producteurs.
Environ 30% des fruits et légumes vendus chez Carrefour dans le pays sont désormais achetés directement auprès des agriculteurs chinois, ce qui a bénéficié à 1,17 million d'entre eux. Et cette proportion s'est élevée jusqu'à 50% à Beijing et Shanghai.
VENTES EN LIGNE ET CONCURRENCE PLUS VIVE
Selon un rapport publié en janvier par l'Association du commerce de Chine (ACC), le chiffre d'affaires des ventes en ligne a dépassé 1.000 milliards de yuans, représentant plus de 5% du total des ventes au détail des produits de consommation dans le pays.
En Chine, le principal concurrent de Carrefour, Wal-Mart, a acheté 51% des actions du magasin en ligne "Numéro 1" en 2012. En comparaison, Carrefour a toujours une attitude attentiste, n'entreprenant aucune grande démarche en matière d'e-commerce en Chine.
Le secrétaire adjoint de l'ACC, Fu Chenglong, a estimé que les achats en ligne attiraient beaucoup les jeunes et avaient pour cette raison de prometteuses perspectives. Mais compte tenu de la différence des clientèles cibles, les ventes en ligne ne peuvent ni dépasser ni remplacer les hypers.
Le secrétaire de l'Association des chaînes de magasins de Chine (ACMC), Pei Liang, a déclaré que les ventes en ligne avaient fortement influencé les ventes de produits d'usage courant, d'appareils électroménagers et de vêtements. "S'agissant des ventes de produits alimentaires, l'impact reste limité", a-t-il indiqué, ajoutant que même en Europe et aux Etats-Unis, les ventes en ligne de produits alimentaires restaient modérées.
La responsable des relations publiques de Carrefour Chine, Li Jia, a indiqué que, face à la concurrence des ventes en ligne, Carrefour possédait des avantages, comme un environnement d'achat convivial, et attirait les personnes n'ayant pas accès à Internet.
Fu Chenglong a conseillé à Carrefour d'adopter une stratégie multi-format en ouvrant des supermarchés ou des supérettes, de mieux cibler et servir sa clientèle à l'ère d'Internet, et de s'implanter davantage dans le centre et l'ouest du pays.