Plus de 455 millions USD de promesses de financements avec pour certaines la mise à disposition immédiate de fonds ont été recueilles lors de la conférence des donateurs sur le Mali tenue mardi à Addis-Abeba en Ethiopie, avec la participation de quelque 70 partenaires internationaux et quelques chefs d'Etat africains dont le Malien lui-même Dioncounda Traoré.
La réunion organisée par l'Union africaine (UA) à son siège de la capitale éthiopienne avait pour objectif de mobiliser des ressources en vue d'un déploiement rapide de la Mission internationale de soutien au Mali (MISMA) chargée d'aider ce pays d'Afrique de l'Ouest à reconquérir son territoire (le Nord) occupé par des groupes terroristes depuis le coup d'Etat militaire du capitaine Amadou Sanogo contre le président Amadou Toumani Touré en mars 2012.
De 460 millions USD au départ, les besoins pour cette opération auxquels s'ajoutaient 300 millions USD autres pour la restructuration des forces de défense et de sécurité maliennes, ont été réévalués à près de 960 millions USD pour une intervention militaire d'envergure nécessitant un minimum de 8.000 personnels militaires, policiers et civils, d'après les nouvelles projections officielles.
Parmi les contributions enregistrées, figurent 50 millions USD annoncés auparavant par l'UA lors de son 20e sommet ordinaire tenu dimanche et tenu à Addis-Abeba avec dossier dominant des discussions en séances plénières et à huis clos, regroupant à l'ouverte d'une quarantaine de chefs d'Etat du continent et du secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, parmi les invités spéciaux.
A cette allocation sont venues s'ajouter mardi des dons de 35 pays et organisations portant le montant total des annonces à 455,53 millions USD destinés à la fois au déploiement rapide escompté de la MISMA, au renforcement des capacités opérationnelles de l' armée malienne et puis aux besoins humanitaires des populations affectées par la crise provoquée par les attaques des occupants terroristes du Nord-Mali.
Ces aides proviennent, d'une part, de 15 pays d'Afrique majoritairement issus de la Communauté économique des Etats de l' Afrique de l'Ouest (CEDEAO, organisation régionale à laquelle le Mali appartient) : Nigeria (5 millions USD), Ghana (3 millions), Sénégal (2 millions), Côte d'Ivoire (2 millions), Bénin (2 millions), Niger (2 millions), Gambie (1 million), Guinée-Conakry (1 million), Sierra Leone (1 million).
En plus de ces neuf pays, l'Afrique du Sud, pays d'Afrique australe, octroie 10 millions USD pour la MISMA et 10 millions USD au titre de l'assistance humanitaire. 5 millions USD sont alloués par l'Ethiopie, pays d'Afrique de l'Est nouvellement porté à la présidence en exercice tournante annuelle de l'Union africaine.
En Afrique centrale, le Tchad, déjà plus gros contributeur de la MISMA, met encore dans la cagnotte un millions USD, le même montant annoncé par son voisin le Gabon, tandis que la Guinée équatoriale déclare une allocation immédiate de 500 000 USD y compris une aide en carburant non chiffré.
Non membre de l'organisation panafricaine depuis son retrait en 1982 suite à l'admission de la République arabe sahraouie démocratique(RASD), le Maroc, pays d'Afrique du Nord, fournit 5 millions USD.
La majorité des financements proviennent hors du continent. Avec 120 millions USD, le Japon s'inscrit comme le plus grand donateur. Les Etats-Unis octroient 96 millions USD, l'Union européenne (UE) 50 millions d'euros, la France 47 millions d'euros, le Canada 30 millions USD, l'Allemagne 20 millions USD, la Grande- Bretagne 3 millions de livre sterling, Bahreïn 10 millions USD, etc.
En dehors d'une assistance humanitaire aux populations maliennes et des équipements militaires à l'armée déjà fournis, la Chine, disposée à jouer un rôle pour aider à trouver des solutions aux problèmes de paix et sécurité en Afrique, et soucieuse de la restauration de l'intégrité territoriale de l'Etat malien ainsi que de la réconciliation nationale du pays, s'est manifestée par une nouvelle aide d'un millions USD.
Sous commandement nigérien, la mission militaire de reconquête du territoire malien sous la conduite de la MISMA, autorisée par les Nations Unies à l'initiative de la CEDEAO et de l'UA, est engagée en coalition dans une opération d'imposition de la paix avant une phase de consolidation de la stabilisation, d'après le général ivoirien Soumaïla Bakayoko, président du comité des chefs d'état-major de la CEDEAO. "L'évolution du contexte sécuritaire, explique le responsable militaire ouest-africain, a conduit à réévaluer à la hausse les moyens nécessaires et les ressources à consentir". Des élongations importantes liées à une vaste superficie de 7 243 km de frontière à pacifier font ressortir de nouvelles projections d'au moins 8 000 éléments pour cette force, contre une première évaluation de 3 300.
Sur 5 550 troupes actuellement engagées, plus de la moitié sont sur le théâtre des opérations, répartis entre 1 318 de la CEDEAO et 1 500 du Tchad, pays sollicité en renfort en raison d'une longue expérience de combat au désert.
Par Raphaël MVOGO