A Djibouti, plus d'un quart de siècle après la découverte du premier cas de sida, la maladie tend à se féminiser au regard des statistiques disponibles et les inégalités liées au genre continuent d'influer sur l'évolution de la pandémie, selon les autorités sanitaires djiboutiennes.
En effet, le dernier rapport d'activité sur la riposte du sida réalisé par l'ONU/sida confirme clairement une féminisation de l' épidémie, avec 5.378 cas chez les femmes adultes infectées par le VIH, contre4.173 pour les hommes, alors que les femmes représentent 44% de la population djiboutienne.
Les femmes séropositives forment plus de la moitié (56,2%) des personnes vivant avec le VIH/sida, alors que le taux de séropositifs masculins est de 39,3% dans un pays où la séroprévalence est de 2,9%. Le sexe ration de la prévalence pour les jeunes de 15 à 24 ans (homme/femme) est de 2,4, laissant présager ainsi une ampleur de nouvelles infections plus élevée chez les filles que les garçons.
Face à cette situation, les autorités djiboutiennes ont mené ces dernières années une vaste campagne de mobilisation et de sensibilisation de tous les partis concernés ainsi que des tables rondes avec ses principaux partenaires dans le noble combat contre le VIH/sida.
"La prise en compte du genre comme thème transversal dans le cadre de la lutte contre le VIH/sida et les IST nécessite d'aller au-delà du sexe et considérer les besoins de tous les groupes spécifiques (hommes, femmes, groupes vulnérables, minorités..). Il convient non seulement d'impliquer ces groupes dans les instances d'orientation désagrégée selon le sexe, l'âge et le profil socio- économique des populations ciblés afin de répondre à leurs besoins sanitaires et sociaux", a indiqué la secrétaire générale du ministère de la Promotion de la Femme.
"De par sa mission qui est d'oeuvrer pour le renforcement des droits de la femme, le ministère de la Promotion de la Femme est plus que jamais déterminé à faire en sorte que l'égalité des sexes ne reste pas un idéal inaccessible, mais plutôt un principe directeur de réduction des risques du VIH/sida. La persistance des situations de précarités sociales et les violences commises envers les femmes sont les causes qui expliquent clairement la rapidité de la propagation du VIH/sida chez la femme djiboutienne", a-t- elle ajouté.
Pour les autorités djiboutiennes, la promotion du genre passe également par la maîtrise de certains fléaux comme le VIH/sida qui reste un problème de rapports entre les deux sexes.
"Les inégalités entre les deux sexes et la pauvreté sont deux éléments clés qui alimentent généralement la vulnérabilité de la femme dans un contexte marqué par le VIH/sida. Les femmes doivent bénéficier du paquet essentiel de renforcement de compétence de vie dans le cadre de la communication pour le changement de comportement", plaide-t-on du côté du ministère de la Santé.
Le travail de Djibouti en ce sens n'a pas été vain. Dans le cadre de la riposte internationale à la problématique dite "lutte contre le sida et Genre", Djibouti a été retenu avec la Bolivie, la Jamaïque, la Thaïlande et le Rwanda pour tester un outil d' évaluation du genre et de l'égalité des sexes.
Lors d'un récent séminaire sur ce sujet, les participants venus de tous les horizons étaient conviés à élaborer des recommandations qui dessineront les grandes lignes directrices au plan d'actions, assorti d'une dimension genre, que les pouvoirs publics se doivent de mettre en place dans le cadre de la nouvelle stratégie quinquennale 2012-2016 du ministère djiboutien de la Santé.
Il s'agit en clair d'intensifier par ce biais la sensibilisation des jeunes filles et des femmes face aux risques de contamination au sida et la prévention de la transmission du VIH de la mère à l'enfant qui est devenue une priorité nationale depuis mars 2011.
Même si la femme reste toujours vulnérable face à l'épidémie du sida à Djibouti, il n'en demeure pas moins que des actions concrètes visant à juguler le cercle de transmission ont été réalisées.
La cellule d'écoute des violences faites aux femmes, les crédits accordés aux femmes pour leur autonomisation ou encore l' accès au soin dans les structures sanitaires sont autant des imitatives visant à réduire la vulnérabilité des femmes djiboutiennes face au fléau du VIH/sida.