Tout récemment, des médias ont affirmé que des mesures de contrôle de l'internet comme le pare-feu seraient levées dans la zone franche de Shanghai. L'annonce de cette nouvelle est aussitôt devenue un sujet brûlant, et elle amené beaucoup de gens à réorienter le sujet vers une « Zone Internet spéciale » et même une « zone culturelle spéciale ». Mais dès le lendemain les autorités, par le biais des médias officiels, ont réfuté cette assertion.
La zone franche de Shanghai est une zone économique spéciale, ce n'est pas une zone politique spéciale. Les documents délivrés les autorités centrales sont tout à fait clairs et précis sur ce point. Il est très peu probable qu'une autre forme de contrôle du réseau soit introduite, et même si un jour la future zone franche n'a vraiment plus de pare-feu, cela ne pourra qu'être qu'à la suite de mesures uniformes prises du fait du rythme de développement au niveau national. Il suffit d'un peu de bon sens pour comprendre qu'il est impossible d'imaginer que ce grand et vaste pays, né après un baptême de feu et de sang qui a duré des années, qui après 60 ans de lutte pour une croissance auto-entretenue vient de bondir à la place de deuxième plus grande économie du monde, puisse, à un moment où il est en plein épanouissement, accepter de lui-même la mise en place de nouvelles « concessions politiques » sur son propre territoire.
Examinons avec calme et objectivité les critiques de certains envers le pare-feu Internet, ce « péché originel ». Il n'est pas difficile de voir que cet outil a au moins, en Chine et dans certains autres pays, grandement amélioré la justice de la communauté internationale. Les conflits sanglants qui ont balayé le monde arabe avec la « Révolution du jasmin » ont coûté la vie à plus d'une centaine de milliers de personnes et fait plus d'un million de déplacés lors de la guerre civile en Syrie, la puissance létale de la guerre de l'information en réseau a déjà fait preuve de son exhaustivité, et après l'affaire « Prism », ceux qui prétendent encore que la Toile est un espace de « liberté », qu'elle ne subit pas le contrôle hégémonique d'Etats occidentaux, que ce n'est pas une véritable arme de siège suffisante pour détruire un pays qui se trouve là entre les mains hégémoniques des Etats-Unis, sont vraiment naïfs. On peut dire que les pays qui espèrent, malgré le poids de la pression d'un pays puissant possédant la technologie de l'Internet, pouvoir maintenir leurs capacités d'auto-défense et leur souveraineté sont nombreux. Mais si tous les pays n'ont ce genre de capacités, fort heureusement, la Chine compte parmi les quelques nations qui ont cette force. 1,3 milliard de Chinois continuent à jouir d'une vie paisible, à l'opposé de l'époque de l'effondrement de l'Union soviétique ou du sort des peuples libyen et syrien, et les capacités de contrôle de l'Internet n'y sont pas pour rien.
On pourrait aussi bien comparer c'est outil qu'est l'Internet avec les marchés financiers internationaux. Tous les deux ont un énorme potentiel d'impact positif, mais aussi un potentiel de destruction dévastateur sur la société humaine et son ordre. James Tobin, lauréat du Prix Nobel a dit un jour « aussi longtemps que le monde sera divisé en différents pays souverains, qu'il y ait quelques grains de sable dans les rouages des transactions financières internationales, ce qui en perturbe un peu la rotation, peut en fait être plus bénéfique ». De même, tant que le monde sera divisé en différents Etats souverains, dans un contexte de létalité démontrée de l'information en réseau, l'utilisation des technologies de défense de l'information permettant d'éviter des débordements en toute liberté, les résultats seront plus justes et plus favorables pour l'ensemble de la société humaine.
Ceux qui ont connu la crise financière asiatique dévastatrice de 1997-1998 peuvent le dire : ils ont été témoins, ils ont vu la Malaisie et Hong Kong s'écarter de la « libéralisation des comptes de capital » et mettre en œuvre avec résolution un contrôle des capitaux et une intervention sur les marchés, et donc être épargnés, à l'inverse de nombreux autres pays d'Asie de l'Est dont l'économie a connu un recul catastrophique... ils ont senti passer le vent du boulet. Tout comme il est impossible de continuer à considérer la « libéralisation des capitaux », comme une terre sacrée inviolable, pas plus le pare-feu sur Internet ne saurait être un quelconque péché, on ne peut que le considérer que comme un outil nécessaire. Le Gouvernement d'un grand pays ne peut pas systématiquement capituler devant la soi-disant « opinion publique en réseau », faute de quoi ce pays serait par trop indécis, trop fragile. Sans un environnement juridique et politique stable et prévisible, il est aussi évident que ce serait invivable, sans parler du fait que, partout dans le monde, il est notoire que l'opinion publique en réseau d'aujourd'hui peut jouir de droits de façon excessive sans en assumer les responsabilités.
On ne peut pas nier qu'un jour le rôle du pare-feu pourra peut-être être graduellement affaibli, jusqu'à l'effacement final du contrôle de l'Internet, mais cela ne pourra se fonder que sur les résultats du développement social de la puissance nationale et le renforcement de la confiance politique du pays. C'est là le contraste entre les résultats plus équilibrés, et non pas des résultats artificiels destructeurs causés par des excès, de la Chine par rapport à des Etats-Unis hégémoniques ; il en est de même pour le contrôles des capitaux : on peut toujours remettre en œuvre une libéralisation des capitaux. La zone franche de Shanghai est une zone économique prometteuse, nous souhaitons qu'elle contribue au développement économique national, et nous ne souhaitons pas qu'elle devienne une scène de luttes entre forces politiques rivales et qu'elle devienne victime de combats politiques.
Le Quotidien du Peuple, Edition Outre-mer (27 septembre 2013, 01 Edition)