La troisième session plénière du VXIIIe Comité central du Parti communiste chinois peut être une bonne occasion de pousser l'urbanisation ambitieuse du pays, un effort important pour changer le modèle de développement de la deuxième économie mondiale.
La nouvelle direction du PCC a désigné le domaine de l'urbanisme comme un point de croissance de l'économie et a appelé à une nouvelle urbanisation de qualité, lors de sa conférence de travail économique qui aura lieu en décembre, après que les exportations chinoises aient été affectées par la crise mondiale persistante.
Le taux d'urbanisation en Chine a atteint 52,57% en 2012 , augmentant de près de 1 point de pourcentage chaque année, représentant un taux de 17,9% en 1978. Le produit intérieur brut par habitant était d'environ 6,102 $ en 2012. L'urbanisation rapide et stable semble soutenue pour un certain temps par la croissance économique.
Cependant, seulement 27% de la population nationale disposant d'un hukou urbain (enregistrement des ménages), peuvent bénéficier de l'aide sociale du lieu de résidence. Plus de 300 millions de travailleurs migrants ont vécu dans plusieurs grandes villes sans hukou.
Bien que la Chine ait mis en place un réseau de base pour la sécurité sociale du pays, l'écart des prestations sociales entre un titulaire du hukou urbain et un agriculteur reste si grand, que les gouvernements locaux ne peuvent se permettre d'offrir une aide à tous les travailleurs migrants hukou dans un court délai.
Après l'abolition de la taxe agricole en 2006, certains travailleurs migrants ont décidé de quitter leurs petites parcelles non cultivées à la maison plutôt que de les louer en raison de l'absence d'un marché fonctionnel de transfert des terres.
L'urbanisation de la Chine a été propulsée par la division artificielle entre les zones urbaines et rurales. Le système du hukou, qui a établi une position d'infériorité de la population agricole, est le principal obstacle d'un urbanisme sain dans le pays.
Certains gouvernements locaux soulignent l'urbanisation comme une force motrice immédiate de la croissance économique, en ignorant les conditions nécessaires à un urbanisme de qualité, tels que l'innovation et juste équilibre dans les services publics.
Gao Guoli, un chercheur en économie à la Commission nationale du développement (CNDR) et de la réforme, a souligné récemment que l'urbanisation chinoise démontrait trois caractéristiques : une industrialisation lente, l'urbanisation rapide des terres et la priorité à la vitesse au détriment de la qualité.
La Chine devrait tirer les leçons de pays latino-américains, dont le rapport est de 79,6% l'urbanisation, beaucoup plus élevé que les 72.08% en Europe. Mais l'industrialisation de ces pays est beaucoup plus faible que celui des pays européens. Les plus pauvres affluent dans les villes et créent de nouveaux villages.
En revanche, le taux d' urbanisation aux Etats-Unis qui est de 85% est basé sur le développement coordonné de l'agriculture et de l'industrie.
La troisième session plénière devrait faire prendre conscience aux fonctionnaires de différents niveaux, que l'urbanisation ne doit pas être uniquement considérée comme un moyen artificiel de stimuler la consommation intérieure, mais comme une conséquence nécessaire de la promotion de l'efficacité de production dans l'agriculture et l'industrie.
Trouver la bonne direction est nécessaire
«La prochaine décennie sera une étape cruciale pour l'urbanisation en Chine», a déclaré Zhang Monan, chercheur en économie au Centre d'Information d'Etat.
«L'investissement sur l'urbanisation en Chine, basé sur un système keynésien ne peut pas assurer nécessairement une croissance durable du PIB. L'influence fondamentale de l'urbanisation ne réside pas dans l'expansion de la demande intérieure, mais dans l'augmentation des effets des économies d'échelle, la distribution du travail et de coopération».
Espérons que ce rendez-vous de décembre spécifiera l'orientation de réformes pertinentes et permettra des percées dans la coordination des efforts des différents ministères et administrations locales.
La CNDR a révélé en juin dernier que le gouvernement chinois va transformer les résidents ruraux s'adaptant à certains critères dans les citadins en simplifiant les règles du hukou dans toutes les petites villes et villages. Qui se traduira par un assouplissement d'une manière ordonnée des restrictions de l'enregistrement des ménages dans les villes de niveau intermédiaire, une baisse progressive dans les conditions du hukou des grandes villes, et de concevoir avec prudence les conditions d'application d'un hukou dans les grandes villes.
Ainsi, les gouvernements locaux de petites et moyennes municipalités devront trouver de nouvelles sources de revenus pour payer les coûts croissants des prestations sociales.
L'urbanisation locale des petites et moyennes villes est un canal important non seulement pour alléger la pression de la population dans les grandes métropoles chinoises, mais aussi pour stimuler le développement équilibré de l'industrie et du marché du travail à travers le pays.
La Chine compte 2 816 petites et moyennes cités ayant une population inférieure à 1 million d'habitants, représentant 84,5% de l'économie nationale .
Des recherches récentes de l'Institut Northeast Asia Development Research basé à Beijing ont montré que le ratio d' urbanisation concernant les petites et moyennes villes chinoises n'était que de l'ordre de 35,1%.
Zheng Xinli, chercheur au Centre chinois pour les échanges économiques internationaux à Beijing, a déclaré que l'écart social entre les agriculteurs et les habitants des grandes villes pourrait être comblé dans les dix à vingt prochaines années et reposait sur le développement économique des comtés, des petites et moyennes villes.
«Si le taux d'urbanisation des petites et moyennes villes pouvait atteindre les 50%, cela apporterait une contribution importante à la croissance raisonnable du ratio d' urbanisation nationale de qualité», a-t-il ajouté.