La "transparence absolue", prônée par le président français François Hollande, confronté à une récente affaire d'évasion fiscale au sein de son propre gouvernement, suscite quelques réticences de la part de la classe politique française, y compris au Parti socialiste français (PS).
Au lendemain de la présentation par M. Hollande des grandes lignes de son plan de moralisation politique, le président de l' Assemblée nationale (AN) et membre du PS, Claude Bartolone, a exprimé son opposition à l' une des mesures phares défendues par le chef d' Etat français, soit la publication du patrimoine des élus.
Suite aux récents aveux de l' ancien ministre français du Budget, Jérôme Cahuzac, concernant la détention d' un compte bancaire non-déclaré à l' étranger, le gouvernement socialiste actuel cherche à regagner la confiance de l' électorat français, notamment via la création d' une haute autorité de contrôle des déclarations de patrimoine et d' intérêt des élus.
Dans une interview publiée jeudi par le journal français de droite Le Figaro, M. Bartolone a fait part de ses réserves à cet égard, estimant que rendre ainsi public les avoirs des ministres et députés alimenterait un certain "voyeurisme", loin de la transparence recherchée.
"La dérive individuelle de M. Cahuzac ne doit pas déboucher sur une culpabilité collective", a-t-il souligné, mettant en garde son président contre la tentation du populisme. "L' émotion d' un moment ne doit pas aboutir à ce que les députés soient jetés en pâture", a insisté M. Bartolone.
Le président de la chambre basse du Parlement français a toutefois salué les mesures de lutte contre la fraude fiscale et la délinquance financière, dévoilée la veille, mercredi, par le président Hollande, comme l' institution d' un "parquet financier" ou encore l' inéligibilité des élus condamnés pour ce type de délits.
De fait, M. Bartolone est plutôt favorable à l' idée de "contrôles réguliers" sur le patrimoine des parlementaires, ministres et hauts responsables politiques de l' Hexagone.
D' ailleurs, dans une note adressée jeudi au Premier ministre Jean-Marc Ayrault, publiée sur le site internet du journal Le Monde, il appelle à ne pas "confondre contrôle de la probité des parlementaires et intrusion généralisée et malsaine dans leur vie privée.
Ces réserves sont d' ailleurs partagées par plusieurs personnalités françaises, y compris de gauche. Le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, pourtant proche du président Hollande, avait affirmé mercredi matin sur la radio française Europe 1 "ne pas beaucoup aimer l' étalage des informations personnelles sur la place publique".
"Étaler tout sur la place publique, c' est passer de la rigueur morale qui est nécessaire à la curiosité malsaine", avait-il estimé.