Le mouvement d'opposition à l'adoption d'une loi autorisant le mariage homosexuel a dernièrement durci le ton en France, avec la poursuite de manifestations aux abords de l'Assemblée nationale (AN, chambre basse du parlement), où le texte est actuellement débattu.
"Eh bien, moi, je vous accuse, mesdames et messieurs de la gauche : vous êtes en train de créer un précédent, vous êtes en train d'assassiner des enfants !", a lancé jeudi à la majorité socialiste le député UMP (Union pour un mouvement populaire, droite) Philippe Cochet.
Cette accusation a été reçue par les huées des députés du Parti socialiste français (PS) présents dans l'Hémicycle et décriée par plusieurs politiciens de gauche.
La porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem a aussitôt réagi sur le site de micro-blogging Twitter en qualifiant d'"inacceptables" les propos tenus par le député. "L'opposition a franchi toutes les limites", a-t-elle estimé.
"Ce que vous êtes en train de faire est une brèche qui ne se refermera pas si ce texte passe, c'est une ignominie", a également déclaré le député Cochet, lors du débat parlementaire, qui a failli dégénérer en bagarre dans la nuit de jeudi à vendredi.
"Rien ne justifie une espèce de descente avec une menace physique comme celle à laquelle on a assisté", a souligné le président de l'AN et membre du PS, Claude Bartolone, ne cachant pas son indignation suite à l'incident ayant opposé des élus des deux bords.
Sa famille politique, qui défend l'élargissement de l' institution du mariage civil aux couples de même sexe, doit ainsi faire face à la virulence des propos des parlementaires, en grande majorité de droite, qui rejettent ce texte législatif.
Par ailleurs, des arrestations ont eu lieu dans la nuit de jeudi à vendredi parmi les manifestants anti-mariage homosexuel ayant défilé aux abords du siège de l'AN, soit le Palais Bourbon. Sur les 75 personnes interpellées, trois ont été placées en garde à vue pour violences, outrage et rébellion contre des agents de police.
L'adoption de la loi sur "le mariage pour tous" semble pourtant jouée d'avance depuis le vote du Sénat en sa faveur, la semaine dernière, avant son renvoi en deuxième lecture à l'AN.
Le vote de cette loi, qui correspond à un engagement électoral du président François Hollande, a suscité une forte contestation dans une partie de la population, mobilisant à deux reprises, en janvier puis en mars dernier, des dizaines de milliers de manifestants afin de protester contre cette mesure symbolique pour la majorité.
Le 24 mars dernier, un rassemblement national des opposants au mariage gay a mobilisé 300.000 personnes, selon la police, et 1,4 million de manifestants, d'après les organisateurs. Une nouvelle manifestation nationale doit avoir lieu, le 26 mai prochain.