L'homme d'affaires français Bernard Tapie a été placé en garde à vue lundi dans les locaux de la brigade financière dans le cadre de l'enquête sur l'arbitrage qui lui avait octroyé en 2008 plus de 400 millions d'euros dans son litige avec le Crédit Lyonnais, a rapporté lundi la presse française.
"L'homme d'affaires Bernard Tapie, 70 ans, a été placé en garde à vue, lundi 24 juin, dans les locaux de la brigade financière, à la demande des juges parisiens Serge Tournaire, Guillaume Daïeff et Claire Thépaut", indique lundi le journal Le Monde.
"Jean Bruneau, ancien président de l'Association des petits porteurs, allié de M. Tapie, a également été placé en garde à vue", ajoute le journal.
Convoqué lundi dans le cadre de l' enquête sur l' arbitrage rendu en sa faveur en 2008 dans son litige avec le Crédit Lyonnais sur la vente de l' équipementier sportif Adidas, M. Tapie va notamment être confronté à sa déposition de juillet 2012, contredite sur plusieurs points par les avancées de l'enquête ces dernières semaines, rappellent les médias français.
Le 31 juillet 2012, l' homme d' affaires avait été auditionné par la brigade financière dans le cadre de l'enquête préliminaire sur l'arbitrage et avait prêté serment de dire la vérité.
Au cours de cette audition, les enquêteurs lui avaient notamment demandé s'il avait eu pour "interlocuteurs" des "ministres, des directeurs de cabinet, des présidents de la République", révèle Le Monde.
"Je n'ai parlé de ce dossier avec aucun de ceux qui correspondent à la description que vous avez faite", aurait alors répondu Bernard Tapie.
Or, ces dernières semaines, l'enquête sur l'arbitrage a connu des avancées rapides avec la mise en examen de plusieurs personnes clés du dossier après que l'Etat se soit porté partie civile fin mai.
Le 29 mai, Pierre Estoup, l'un des trois juges-arbitres de l'arbitrage, a été mis en examen pour "escroquerie en bande organisée". En effet, "les enquêteurs ont enfin établi que l'arbitre Pierre Estoup, principal rédacteur de la sentence, avait des liens étroits avec le camp Tapie, et en particulier avec Me Maurice Lantourne, l'avocat de l'homme d'affaires", rappelle Le Monde.
Le 12 juin, c' était au tour de Stéphane Richard, actuel PDG d'Orange et ancien directeur du cabinet de la ministre de l'Économie, Christine Lagarde, à l'époque où le gouvernement a accepté de solder le contentieux, est également mis en examen pour le même motif.
M. Richard aurait certifié lors de son audition que lors d'une rencontre avec Bernard Tapie au printemps 2007, ce dernier "voulait (lui) exposer sa propre vision de l'affaire", souligne le Monde.
Par ailleurs, l'homme d'affaires aurait adressé un courrier à M. Richard le 9 juillet 2008, deux jours après la sentence, "afin de couper court à toute éventuelle polémique".
Enfin, le 12 juin également, Jean-François Rocchi, ancien président du Consortium de réalisation chargé de gérer le passif du Lyonnais, a été mis en examen pour "escroquerie en bande organisée" et "usage abusif de pouvoirs sociaux".
L'enquête a établi par ailleurs que M. Tapie a eu un déjeuner privé avec Christine Lagarde, alors ministre de l' Economie, à Bercy au printemps 2008.
M. Tapie sera donc auditionné sur la base de ses précédentes déclarations en juillet 2012 et à la lumière des éléments récemment mis au jour par l'enquête.
Comme le résume Le Monde, les juges "veulent établir le rôle exact joué par M. Tapie dans le processus ayant conduit à l'arbitrage" favorable dont il a bénéficié le 7 juillet 2008.