La proposition russe faite par la Russie le 9 septembre « les armes chimiques contre la paix », a été une initiative généralement bien reçue par la communauté internationale. L'ONU l'a saluée, la Chine lui a exprimé son soutien, les Etats-Unis ont décidé de reporter temporairement l'usage de la force contre la Syrie et d'autres pays ont également répondu positivement. Actuellement, les ministres des Affaires étrangères de Russie et des Etats-Unis ont entamé des discussions à Genève pour discuter des mesures spécifiques destinées à placer les armes chimiques syriennes sous le contrôle de la communauté internationale. La crise des armes chimiques syrienne a finalement pris une tournure capitale, et on entrevoit la possibilité d'une solution pacifique.
Pourquoi les Etats-Unis ont-ils décidé de retarder temporairement une attaque militaire contre la Syrie? Ceci est principalement dû à une double pression. D'une part, le peuple américain n'est pas d'accord, et s'oppose à l'usage de la force contre la Syrie, et la proportion de personnes opposées à l'usage de la force va jusqu'à 60%. D'autre part, la Russie n'est pas d'accord non plus. Elle est même fortement opposée à l'usage de la force. La Méditerranée orientale fait depuis très longtemps partie de la sphère d'influence de la Russie. Si les Etats-Unis voulaient y interférer, cela provoquerait inévitablement le mécontentement de la Russie. Depuis le début de la crise des armes chimiques jusqu'à présent, la Russie a déployé un total de sept navires de guerre en Méditerranée orientale, et avec les quatre navires de guerre qui y étaient déjà présents, cela fait au total 11 navires de guerre russes. Une telle situation de confrontation entre la Russie et les Etats-Unis en Méditerranée ne peut manquer de susciter des doutes chez Barack Obama. En outre, Barack Obama doit également tenir compte du fait que l'usage de la force peut provoquer une réaction en chaîne et des retombées dans la région. Face à un tel stress, face au dilemme de cette situation, on peut dire que la proposition russe d'initiative des « armes chimiques contre la paix » est une bouée de sauvetage pour l'administration Obama.
Toutefois, que la crise des armes chimiques syriennes soit résolue ou non, les plans militaires américains contre la Syrie seront-ils pour autant abandonnés ? De toute évidence, il est pour l'heure prématuré de conclure en ce sens.
Le Gouvernement syrien a en effet accepté de signer la « Convention sur l'interdiction des armes chimiques », et s'est dit prêt à coopérer avec la communauté internationale pour détruire les armes chimiques. La Syrie a présenté hier une demande d'adhésion à la « Convention des Nations Unies sur l'interdiction des armes chimiques ». Toutefois, ce processus devrait d'abord être un processus interactif. Puisque la Syrie a bougé à cet égard, les États-Unis devraient aussi montrer qu'ils sont sincères. Ils devraient renoncer clairement à toute frappe militaire contre la Syrie, plutôt que de simplement « suspendre » ces frappes. Qui dit « suspendre » dit qu'il est possible de reprendre, et cela risque de jeter une ombre sur une solution pacifique à la crise.
En outre, les États-Unis et d'autres pays occidentaux ne devraient pas simplement se focaliser sur le Gouvernement syrien, et renoncer à s'assurer que l'opposition syrienne ne se saisisse et utilise des armes chimiques. Qui sont les auteurs du massacre aux gaz du 21 août dernier, c'est encore un mystère. La communauté internationale craint surtout que des incidents similaires se reproduisent. On ne peut exclure que certaines personnes utilisent à nouveau des gaz et que la responsabilité en soit mise sur le compte du Gouvernement syrien, compromettant ainsi le processus de paix qui a été lancé. Par conséquent, les Nations-Unies et les Etats-Unis doivent assumer leurs responsabilités à cet égard. En d'autres termes, nous ne devrions pas seulement nous assurer que les armes chimiques du gouvernement syrien sont placées sous le contrôle de la communauté internationale, mais aussi vérifier si l'opposition a des armes chimiques, et renforcer la surveillance.
La Grande-Bretagne a abandonné l'idée de l'usage de la force contre la Syrie. Il s'agit là d'une décision responsable dont il faut se féliciter. Mais quid de la France ? Face à l'initiative « les armes chimiques contre la paix », une partie des réactions françaises sont allées dans le sens contraire du courant qui se dessine. Le 11 septembre, le président français François Hollande a ainsi persisté à dire que, bien que la communauté internationale essayait de résoudre la crise en Syrie par des moyens diplomatiques, la France était toujours prête à user de la force contre la Syrie. Il semble que la France n'ait pas renoncé à son ancienne façon de penser, trouver une solution aux problèmes par la guerre. La France, se souvenant probablement des lauriers faciles de l'action punitive en Libye, pense qu'il en ira de la Syrie comme de la Libye, que ce sera aisé. La France commettrait alors une grosse erreur. Comme nous le savons tous, la Syrie est la poudrière du Moyen-Orient. C'est le point de rencontre de toutes sortes de contradictions et de divers intérêts. Un proverbe chinois dit « tirez un cheveu, et le corps entier bougera ». Si la guerre civile continue en Syrie, non seulement le peuple syrien continuera à souffrir, mais la tranquillité des pays voisins sera rompue, et les intérêts français auront à en pâtir.
Je me souviens qu'au début du mois d'avril 2003, après le début de l'attaque contre l'Irak contre les forces de la coalition américano-britannique, Jean-Pierre Raffarin, qui était alors Premier ministre français, avait dit avec un grand courage politique que le lancement de la guerre contre l'Irak par les Etats-Unis était une triple erreur, morale, politique et de prise de décision, et il avait également déclaré que la France n'approuvait pas la politique belliciste des Etats-Unis. Dix ans plus tard, il serait bien que les dirigeants français d'aujourd'hui se souviennent des paroles de Jean-Pierre Raffarin, et qu'ils réfléchissent sur leur position et leur attitude face à la crise en Syrie. Car en fin de compte, l'usage de la force ne pourra pas résoudre la crise en Syrie, et le seul moyen réaliste pour résoudre la crise en Syrie est une solution politique.
Auteur : Ren Yaqiu
Date : 13 septembre 2013
La crise des armes chimiques en Syrie peut-elle être résolue ?
La proposition russe faite par la Russie le 9 septembre « les armes chimiques contre la paix », a été une initiative généralement bien reçue par la communauté internationale. L'ONU l'a saluée, la Chine lui a exprimé son soutien, les Etats-Unis ont décidé de reporter temporairement l'usage de la force contre la Syrie et d'autres pays ont également répondu positivement. Actuellement, les ministres des Affaires étrangères de Russie et des Etats-Unis ont entamé des discussions à Genève pour discuter des mesures spécifiques destinées à placer les armes chimiques syriennes sous le contrôle de la communauté internationale. La crise des armes chimiques syrienne a finalement pris une tournure capitale, et on entrevoit la possibilité d'une solution pacifique.
Pourquoi les Etats-Unis ont-ils décidé de retarder temporairement une attaque militaire contre la Syrie? Ceci est principalement dû à une double pression. D'une part, le peuple américain n'est pas d'accord, et s'oppose à l'usage de la force contre la Syrie, et la proportion de personnes opposées à l'usage de la force va jusqu'à 60%. D'autre part, la Russie n'est pas d'accord non plus. Elle est même fortement opposée à l'usage de la force. La Méditerranée orientale fait depuis très longtemps partie de la sphère d'influence de la Russie. Si les Etats-Unis voulaient y interférer, cela provoquerait inévitablement le mécontentement de la Russie. Depuis le début de la crise des armes chimiques jusqu'à présent, la Russie a déployé un total de sept navires de guerre en Méditerranée orientale, et avec les quatre navires de guerre qui y étaient déjà présents, cela fait au total 11 navires de guerre russes. Une telle situation de confrontation entre la Russie et les Etats-Unis en Méditerranée ne peut manquer de susciter des doutes chez Barack Obama. En outre, Barack Obama doit également tenir compte du fait que l'usage de la force peut provoquer une réaction en chaîne et des retombées dans la région. Face à un tel stress, face au dilemme de cette situation, on peut dire que la proposition russe d'initiative des « armes chimiques contre la paix » est une bouée de sauvetage pour l'administration Obama.
Toutefois, que la crise des armes chimiques syriennes soit résolue ou non, les plans militaires américains contre la Syrie seront-ils pour autant abandonnés ? De toute évidence, il est pour l'heure prématuré de conclure en ce sens.
Le Gouvernement syrien a en effet accepté de signer la « Convention sur l'interdiction des armes chimiques », et s'est dit prêt à coopérer avec la communauté internationale pour détruire les armes chimiques. La Syrie a présenté hier une demande d'adhésion à la « Convention des Nations Unies sur l'interdiction des armes chimiques ». Toutefois, ce processus devrait d'abord être un processus interactif. Puisque la Syrie a bougé à cet égard, les États-Unis devraient aussi montrer qu'ils sont sincères. Ils devraient renoncer clairement à toute frappe militaire contre la Syrie, plutôt que de simplement « suspendre » ces frappes. Qui dit « suspendre » dit qu'il est possible de reprendre, et cela risque de jeter une ombre sur une solution pacifique à la crise.
En outre, les États-Unis et d'autres pays occidentaux ne devraient pas simplement se focaliser sur le Gouvernement syrien, et renoncer à s'assurer que l'opposition syrienne ne se saisisse et utilise des armes chimiques. Qui sont les auteurs du massacre aux gaz du 21 août dernier, c'est encore un mystère. La communauté internationale craint surtout que des incidents similaires se reproduisent. On ne peut exclure que certaines personnes utilisent à nouveau des gaz et que la responsabilité en soit mise sur le compte du Gouvernement syrien, compromettant ainsi le processus de paix qui a été lancé. Par conséquent, les Nations-Unies et les Etats-Unis doivent assumer leurs responsabilités à cet égard. En d'autres termes, nous ne devrions pas seulement nous assurer que les armes chimiques du gouvernement syrien sont placées sous le contrôle de la communauté internationale, mais aussi vérifier si l'opposition a des armes chimiques, et renforcer la surveillance.
La Grande-Bretagne a abandonné l'idée de l'usage de la force contre la Syrie. Il s'agit là d'une décision responsable dont il faut se féliciter. Mais quid de la France ? Face à l'initiative « les armes chimiques contre la paix », une partie des réactions françaises sont allées dans le sens contraire du courant qui se dessine. Le 11 septembre, le président français François Hollande a ainsi persisté à dire que, bien que la communauté internationale essayait de résoudre la crise en Syrie par des moyens diplomatiques, la France était toujours prête à user de la force contre la Syrie. Il semble que la France n'ait pas renoncé à son ancienne façon de penser, trouver une solution aux problèmes par la guerre. La France, se souvenant probablement des lauriers faciles de l'action punitive en Libye, pense qu'il en ira de la Syrie comme de la Libye, que ce sera aisé. La France commettrait alors une grosse erreur. Comme nous le savons tous, la Syrie est la poudrière du Moyen-Orient. C'est le point de rencontre de toutes sortes de contradictions et de divers intérêts. Un proverbe chinois dit « tirez un cheveu, et le corps entier bougera ». Si la guerre civile continue en Syrie, non seulement le peuple syrien continuera à souffrir, mais la tranquillité des pays voisins sera rompue, et les intérêts français auront à en pâtir.
Je me souviens qu'au début du mois d'avril 2003, après le début de l'attaque contre l'Irak contre les forces de la coalition américano-britannique, Jean-Pierre Raffarin, qui était alors Premier ministre français, avait dit avec un grand courage politique que le lancement de la guerre contre l'Irak par les Etats-Unis était une triple erreur, morale, politique et de prise de décision, et il avait également déclaré que la France n'approuvait pas la politique belliciste des Etats-Unis. Dix ans plus tard, il serait bien que les dirigeants français d'aujourd'hui se souviennent des paroles de Jean-Pierre Raffarin, et qu'ils réfléchissent sur leur position et leur attitude face à la crise en Syrie. Car en fin de compte, l'usage de la force ne pourra pas résoudre la crise en Syrie, et le seul moyen réaliste pour résoudre la crise en Syrie est une solution politique.
Auteur : Ren Yaqiu