L'Union européenne a déclaré vendredi matin qu'elle va négocier avec les Etats-Unis sur l'affaire d'espionnage présumé américain des pays européens, dans le cadre d'une initiative franco-allemande. Devant l'espionnage américain sans discrimination de n'importe quel pays, alliés comme ennemis, une question se pose à tous : existe-t-il un allié de pleine confiance pour les Etats-Unis ?
Après la révélation des médias portant sur les écoutes par les services américains des citoyens français et allemands, incluant la Chancelière allemande Angela Merkel, la France et l'Allemagne ont lancé une initiative commune pour tenter de "trouver un terrain d'entente avec les Etats-Unis" d'ici la fin de l'année sur cette question. De son côté, le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, a déclaré que "tous les 28 Etats membres de l'UE sont d'accord sur la nature de l'initiative", et que la Grande-Bretagne la soutient également malgré son lien étroit avec les Etats-Unis.
Pour l'Agence France Presse (AFP), le scandale de l'espionnage américain "ne cesse de prendre de l'ampleur" et cela implique une "perte de confiance" des pays européens.
En qui croient les Etats-Unis ? Et qui veut croire aux Etats-Unis ? En tant que seule super-puissance mondiale et "police mondiale", les Etats-Unis ont réalisé trois erreurs catastrophiques liées au manque de distinction.
La première erreur des services américains est de ne pas avoir distingué les alliés des non-alliés. Si l'espionnage des communications de la présidente brésilienne, Dilma Roussef, peut encore être "compréhensible" pour le monde, les écoutes des discussions de la Chancelière Merkel sont considérées comme scandaleuses par les alliés des Etats-Unis. "L'espionnage entre amis, ça ne se fait pas", a averti furieusement Mme Merkel à son arrivée à Bruxelles. Pour sa part, le président français François Hollande a également déclaré que les écoutes téléphoniques de dizaines de millions de Français étaient "inacceptables".
Deuxièmement, les Etats-Unis ont délibérément confondu la "lutte contre le terrorisme" avec l'espionnage généralisé. Depuis une dizaine d'années, les Etats-Unis ont pratiqué sans distinction et sans modération l'espionnage d'autres pays au nom de la lutte contre le terrorisme. Evidemment, ces pratiques sont allées bien au-delà de la portée de la surveillance antiterroriste. A moins que les Etats-Unis ne parviennent à persuader le monde que la France abrite des millions de terroristes présumés, et que Mme Merkel pourrait avoir des liens avec des terroristes, ces pratiques sont difficilement justifiables.
Troisièmement, les Etats-Unis n'ont pas distingué la politique, la diplomatie et l'économie. D'après les médias, des dirigeants politiques, des ambassadeurs étrangers et des patrons d'entreprises multinationales ont tous fait l'objet des surveillances américaines. Selon les médias mexicains, les informations interceptées par les Etats-Unis concernent divers secteurs tels que la diplomatie, l'économie et des communications des dirigeants mexicains. C'est la raison pour laquelle le Mexique a demandé des "explications" aux Etats-Unis.
Selon le journal britannique The Guardian, l'Agence nationale de sécurité américaine (NSA) a mis sur écoute 35 dirigeants de différents pays du monde. Ainsi, comment les Etats-Unis peuvent-ils persuader le monde que ces écoutes sans limites ne nuisent pas aux intérêts des pays ciblés, même pour les alliés?