Plusieurs journaux français ont évoqué vendredi la colère exprimée par les leaders européens, à l'occasion du sommet du Conseil européen qui s'est ouvert la veille à Bruxelles, au lendemain de nouvelles révélations concernant l'étendue du réseau d'espionnage de la NSA à l'encontre de pays alliés, y compris la France et l'Allemagne.
Dans son édition du jour, le grand journal français Le Monde consacre sa une à "la colère d'Angela Merkel", soulignant que "les Etats-Unis, suspectés d'espionner les chefs d'Etat (européens), sont en position d'accusés".
"Le Conseil européen doit évoquer, jeudi 24 et vendredi 25 octobre, les suites à donner à la révélation de la surveillance électronique secrète de l'Europe par l'Agence nationale de sécurité américaine (NSA)", ajoute le quotidien du soir.
Le Monde révèle, dans son édition de samedi, que Paris avait d'ores et déjà nourri des soupçons à l'égard de la NSA pour son implication dans une opération de piratage électronique ayant touché l'Elysée en 2012.
Citant un document dévoilé par l'ex-consultant de l'agence de contre-espionnage américaine, Edward Snowden, le journal français indique que, le 12 avril 2013, deux hauts responsables français se sont rendus au siège de la NSA, non loin de Washington, afin d'évoquer "l'attaque informatique (ayant) visé, en mai 2012, la présidence de la République française".
"La note (de la NSA classée "top secret") mentionne que Bernard Barbier, directeur technique de la DGSE (services secrets extérieurs français) et Patrick Pailloux, directeur de l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (Anssi), viennent demander des comptes à leurs homologues américains qu'ils soupçonnent d'être derrière ce piratage", précise-t-il.
Le quotidien économique Les Echos note, pour sa part, que la "seule réaction" à signaler vis-à-vis de cet espionnage américain touchant jusqu'aux grands dirigeants européens est "une concertation Paris-Berlin" régulière, sur laquelle le président François Hollande et la chancelière Angela Merkel sont tombés d'accord lors d'un bref tête-à-tête.
Dans son éditorial, le journal français de droite Le Figaro souligne malicieusement que les Etats-Unis ont été pris "le main dans le sac de Mme Merkel", puisque c'est cette information d'une mise sur écoute du téléphone portable de la dirigeante allemande qui a provoqué l'ire de Berlin.
"Ironie de l'Histoire, c'est Barack Obama qui se prend les pieds dans les fils de la NSA", met en avant le quotidien français, rappelant sa qualité de Démocrate ainsi que son Nobel de la paix et son rejet affiché des dérives sécuritaires de son prédécesseur républicain, George W. Bush.
"Il va falloir redonner du sens aux mots. L'exceptionnalisme américain, ce n'est pas nécessairement faire exception à toute règle", conclut l'éditorialiste du Figaro.