Bien qu'une écrasante majorité des parlementaires français aient voté la veille en faveur de la poursuite au-delà de quatre mois de l'intervention militaire française en République centrafricaine (RCA), plusieurs journaux français rendent compte mercredi des réticences exprimées notamment par l'opposition, dans un débat houleux.
Le quotidien à grand tirage Le Parisien titre sur ce vote, certes positif mais teinté de "malaise". Selon le journal, cette "approbation massive (...) n'a pas suffi à cacher le malaise des parlementaires et leurs doutes sur une opération jugée dangereusement solitaire, sous-dimensionnée, et à la finalité stratégique mal définie".
Le Parisien rapporte les interventions des élus de droite, lors du débat, soulignant leur ton "pessimiste", malgré une volonté affichée de "ne pas envoyer un signal négatif aux soldats engagés sur le terrain". Quant à l'extrême-gauche et aux écologistes, ils semblent avoir "dit oui du bout des lèvres", ajoute-t-il.
Le journal français de gauche Libération n'a pas manqué, lui non plus, de souligner "le soutien critique de la droite" à la prolongation de l'opération française en RCA, lancée le 5 décembre dernier sous le nom de Sangaris.
Il cite les propos du député UMP (Union pour un Mouvement Populaire, droite), Christian Jacob, qui prévient, depuis la tribune de l'Assemblée nationale, le président socialiste au pouvoir, François Hollande, que ce vote favorable ne doit aucunement être interprété comme "un blanc-seing" de la part de l'opposition.
Selon Libération, M. Jacob soutient que si son parti approuve Sangaris, c'est que, par son biais, "la France sert une mission noble et juste" en Centrafrique, où "elle ne pouvait, sans rien faire, cautionner des massacres". Toutefois, ce soutien n'a pas été relayé par une douzaine de membres de l'opposition, qui ont préféré se démarquer en votant "non", à l'exemple de l'ancien ministre Bruno Le Maire.
"Le Maire explique avoir voulu 'envoyer un signal fort' à la communauté internationale (pour en obtenir des renforts)", indique Libé, ajoutant que le Premier ministre "Jean-Marc Ayrault lui-même a d'ailleurs assuré que sa priorité était bien de se sortir fissa du piège de Bangui" en faisant appel aux Nations Unies.
Le quotidien de droite Le Figaro souligne également que "Paris espère une "sortie (de Centrafrique) par le haut" grâce à l'ONU". Pour le gouvernement français, dont le Premier ministre a clairement souligné mardi la nécessité de voir les Nations Unies prendre "rapidement le relais" en RCA, "(cette transition) soulagera la pression croissante" subie par la France.
"La bouffée d'oxygène attendue de ce passage de flambeau est d'ordre militaire, humanitaire, financier et logistique", constate Le Figaro, qui prévoit que dans son rapport, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, propose l'envoi en Centrafrique de 10.000 Casques bleus.
Le journal indique que ce serait "considérablement plus que les 2.000 hommes Français de Sangaris et les 500 à 1.000 Européens annoncés (par Bruxelles)".