Les dirigeants de l'Union européenne (UE) ont décidé d'élargir les sanctions contre la Russie dans le contexte de la réintégration de la Crimée à la Russie, en ajoutant 12 autres personnes, dont des officiels de haut rang russes, sur la liste noire d'interdiction de voyage et de gel des avoirs au sein de l'UE, a annoncé vendredi le président du Conseil européen Herman Van Rompuy à l'issue du sommet du bloc des 28 pays à Bruxelles. Les noms de ces 12 personnes n'ont pas été dévoilés à cette occasion.
Lundi dernier, au lendemain du référendum en Crimée sur le futur statut de cette péninsule, et ce malgré des menaces agitées par Bruxelles sur Moscou, l'UE avait annoncé une liste noire de 21 personnalités russes et ukrainiennes visées par les mêmes sanctions.
Ce sommet de printemps de l'UE qui aurait dû se pencher sur les dossiers économiques, a été éclipsé par la crise ukrainienne. Il a conclu ses travaux par la signature des articles politiques de l'Accord d'association entre l'UE et l'Ukraine, qui est à l'origine de la crise ukrainienne.
Si la Russie prend d'autres mesures pour déstabiliser l'Ukraine, il y aura des conséquences de grande ampleur sur les relations entre Moscou et Bruxelles, a averti M. Van Rompuy.
Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a pour sa part affirmé que son institution a été mandatée pour préparer des mesures ciblées et évaluer l'impact des sanctions contre la Russie. Il a aussi reconnu que pour l'instant, la Commission européenne ne pouvait pas décider exactement les mesures concrètes.
Tous les dirigeants de l'UE ne sont pas sur les mêmes ondes pour serrer l'étau sur la Russie, qui est le plus grand voisin de l'UE et le troisième plus grand partenaire commercial. Il existe une sérieuse dépendance de l'UE vis-à-vis de la Russie. Politiquement, l'UE a besoin de la coopération de la Russie pour la résolution de problèmes internationaux, dont le programme nucléaire iranien et la crise syrienne. Sur le plan économique, certains Etats membres de l'UE entretiennent d'étroites relations avec la Russie, tandis que l'approvisionnement en gaz naturel en Allemagne provient de la Russie à 30-40%.
Le président du Parlement européen, Martin Schulz, a mis en garde jeudi contre "le somnambulisme" dans une escalade du conflit avec la Russie. "Les gens craignent le déclenchement d'une nouvelle Guerre froide", a-t-il dit, estimant que la crise de la Crimée devrait être "un réveil" pour repenser les relations de l'UE avec la Russie et ses voisins de l'Est. Il a plaidé pour "tous les canaux de communication ouverts avec la Russie".