De hauts responsables de l'ONU ont averti que le projet d'organisation d'élections présidentielles en Syrie risquerait de nuire aux efforts déployés pour parvenir à une solution politique au conflit qui sévit depuis trois ans dans le pays, a indiqué lundi un porte-parole onusien.
"Le secrétaire général et le représentant spécial conjoint, Lakhdar Brahimi, ont averti à plusieurs reprises que l'organisation d'élections dans le contexte actuel, avec le conflit en cours et des déplacements massifs, nuirait au processus politique et entraverait les perspectives de solution politique dont le pays a besoin de toute urgence", a indiqué Stéphane Dujarric, porte-parole du chef de l'ONU Ban Ki-moon, lors d'un point de presse régulier.
"De telles élections sont incompatibles avec la lettre et l'esprit du communiqué de Genève", a indiqué M. Dujarric, faisant allusion au plan d'action adopté en 2012 lors de la première conférence de paix, qui appelle à la formation d'un gouvernement de transition pour préparer des élections libres et équitables.
Par ailleurs, le porte-parole a ajouté que l'ONU "continuerait toutefois de rechercher et bâtir sur toute percée vers une solution à la tragédie en Syrie".
Le parlement syrien a voté lundi pour la tenue d'élections présidentielles le 3 juin, malgré des rejets des leaders de l'opposition. Le président du parlement Jihad Laham a indiqué lundi que la Cour constitutionnelle supérieure accepterait les nominations de candidats dès mardi pour la première élection présidentielle ouverte à plusieurs candidats depuis l'adoption de la nouvelle constitution.
Cette annonce a suscité la colère de l'opposition et des puissances occidentales ainsi que de leurs alliés régionaux, qui ont dénoncé le vote à venir, le qualifiant de "parodie démocratique".
Les leaders de l'opposition ont remis en question l'intégrité et la transparence d'élections organisées pendant la guerre en cours, qui a transformé de nombreuses villes et districts en champs de bataille, une situation qui rendrait le vote dans ces régions extrêmement difficile.
Selon l'ONU, plus de 100 000 personnes ont été tuées et quelque 9 millions d'autres ont fui leur domicile depuis le début des troubles en mars 2011, dans lesquels les partisans de l'opposition cherchent à renverser le président Bashar al-Assad et son gouvernement. Pour le moment, il y a plus de 2,4 millions de réfugiés syriens inscrits dans la région.
Dans les deux tours de négociations tenus plus tôt cette année, le premier en janvier et le deuxième en février, les deux parties se sont accrochées à leurs positions et n'ont accordé qu'une coopération modeste sur une question humanitaire liée à l'accès de l'aide à la vieille ville de Homs, longuement assiégée. Un troisième tour de négociations a été planifié, mais la date n'a toujours pas été fixée.