Ashraf Ghani (à droite) embrasse Abdullah Abdullah (à gauche) après la signature de l’accord de partage de pouvoir. |
La commission électorale afghane a déclaré dimanche Ashraf Ghani vainqueur de l'élection présidentielle nationale, mais elle n’a pas encore annoncé le total des suffrages obtenus, malgré un processus de vérification exhaustif et coûteux supervisé par les Nations Unies et financé par le gouvernement américain.
La suppression des décomptes de vote était apparemment la dernière étape nécessaire pour que les deux candidats à la présidentielle signent un accord négocié sous les auspices des Etats-Unis pour former un gouvernement de partage du pouvoir, donnant au vaincu, Abdullah Abdullah, des pouvoirs importants dans ce qui est, dans les faits, le poste de Premier ministre. Les deux hommes ont signé cet accord avant même que M. Ghani ne soit officiellement déclaré vainqueur par la Commission électorale indépendante, tard dans la journée. Samedi, les adjoints de M. Abdullah avaient précisé qu'il refuserait d'accepter l'accord, sauf si le nombre de votes était été tenus secret, car il considère l'élection comme fortement entachée de fraude.
Ces résultats ne sont cependant pas du goût de tout le monde : les défenseurs de la démocratie se sont dits atterrés face à l'ensemble du processus, bien que les diplomates américains l’aient eux salué comme le premier transfert pacifique et démocratique de puissance qu’ait connu l'Afghanistan. « Beaucoup de gens ont risqué leur vie pour voter, certains ont perdu leur vie, et c'est un très mauvais précédent. Persuader les gens de revenir et de voter à nouveau sera très difficile », a déclaré Nader Nadery, président de la Fondation afghane pour des élections libres et équitables. Mais un responsable américain, parlant sous couvert de l'anonymat, a déclaré que le résultat pourrait être qualifié d’« absolument » démocratique et que le « processus était conforme à la loi électorale ».
Les deux candidats se sont réunis au Palais présidentiel avec le président Hamid Karzaï et leurs partisans, ils ont rapidement signé leurs deux exemplaires de la convention de quatre pages, puis se sont brièvement embrassés, sous les applaudissements d’un auditoire tiède. Dans une brève allocution, M. Karzaï les a remerciés, lors d’un événement qui n’a pas duré plus de 10 minutes - en contraste avec le long processus électoral qui a commencé en février, est passé par deux élections et impliqué un audit aussi long que controversé, que les Nations Unies ont qualifié de plus exhaustif qu’elles n’aient jamais supervisé.